Mardi 2 février 2021
Les conditions de détention d’un non condamné
La lettre avec laquelle Rachid Nekkaz tente d’alerter l’opinion publique sur les conditions implacables de son transfert de la prison de Koléa vers El Abiodh Sidi Cheikh ne peuvent que susciter notre indignation face au déni de justice dont il est victime, à commencer par son maintien en détention injustifiée sans aucune autre forme de procès, depuis le 4 décembre 2019.
Je ne reconnais plus l’Algérie « des années de braise » qui a toujours soutenu les plus faibles et lutté sans relâche contre l’injustice et l’exploitation. Une Algérie avangardiste qui a su imposer le respect et la dignité par ses prises de positions assez courageuses, par son combat libérateur pour qu’enfin le droit de l’individu et par de-là celui des peuples à disposer d’eux-mêmes puissent-être consacrés et clairement définis conformément aux dispositions de la charte des Nations-Unies.
Cette Algérie-là a tourné le dos au droit, à la liberté d’expression et à la participation citoyenne pour laisser place au non droit et à l’injustice. Il est très risqué d’émettre ou de formuler un avis politique contraire à celui préalablement établi, sans quoi, votre existence en devienne un cauchemar.
Il n’est pas non plus aisé de se sentir citoyen dans une société où les interpellations et les emprisonnements arbitraires relèvent de la banalité quotidienne des laissés pour compte du petit peuple. Rachid Nekkaz n’est pas un criminel que l’on sache pour lui faire subir ainsi les affres d’une détention injuste et injustifiée.
Le traitement auquel celui-ci est soumis est contraire aux principes consacrés par les dispositions des instances onusiennes chargées de la protection des droits de la personne.
Transférer un accusé sous mandat de dépôt prolongé durant plus de deux ans vers un autre établissement distant de 756 km de la capitale Alger vers le sud pour lequel aucun procès n’est intenté, relève d’un acte délibéré de vouloir lui porter préjudice.
Par ailleurs, son état de santé s’est sensiblement détérioré des suites de cette injuste incarcération qu’il compare d’ailleurs au sinistre pénitencier de Tazmamart, un mouroir quelque part « ensablé » dans le sud marocain, où personne n’ignore les chances très minimes de survie dans ce bagne de la mort.
Que la raison ne devienne l’otage d’un esprit en mal de ressaisissement de soi, afin que la loi soit la règle pour tous et que le droit cesse de continuer à être l’exception et ce, dans le respect des principes censés régir les rapports délictueux entre justiciables et justiciers.
« Le rôle de tout être humain, c’est de faire la preuve que le monde n’est pas sans raison » dixit l’Abbé Pierre.