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samedi 23 août 2025
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Les enfants, ces victimes oubliées de la sale guerre (I)

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Les langues commencent à se délier sur les drames et les massacres infligés aux Algériens durant les années de braise (*). Si tous les survivants, d’un côté comme de l’autre, faisaient l’effort de raconter ce qu’ils ont subi et fait subir, nous aurions de quoi combler toutes les lacunes historiques qui ne font que rajouter de l’incompréhension à l’incompréhension.

Dans « Autopsie d’une Algérie jamais en paix », nous avions essayé de remonter le temps jusqu’à nos dix ans pour faire part d’un drame ayant frappé deux enfants dans mon village natal (**) :

Au fil d’une actualité dense qui défile sur vos écrans en permanence, vous tombez parfois sur des informations qui vous renvoient instantanément à votre vécu lointain, à des drames enfouis quelque part dans votre mémoire passive pour ressurgir et tourmenter la partie encore active de vos réseaux neuroniques par un flot de questionnements en relation avec les tragédies occultées de la guerre d’Algérie.

Parmi ces drames, il y en a un sur lequel les guerroyeurs des deux bords ne se sont jamais attardés ni fait preuve de valeurs suprêmes qui confèrent à l’homme un grand H pour l’exposer sur la table du contentieux et du décompte des ravages latéraux de la sale guerre, alors qu’il se devait d’être pris en charge en priorité par les deux parties en belligérance, au lendemain de l’indépendance.

S’il y a une catégorie de victimes collatérales qui nécessitait une attention particulière juste après le 5 juillet 1962, il s’agit bien de ces nombreux enfants que le feu des armes maniées sans précaution par les semeurs de mort des deux bords n’a pas épargnés. L’histoire ci-après est celle de deux gamins gravement blessés dont personne n’a songé à réparer les préjudices subis à la fin des hostilités, alors que leur drame avait marqué la mémoire de notre bourgade d’une tragédie collective indélébile, surtout pour ceux que l’enclos de proximité et de complicité générationnelles rapprochaient.

Nous sommes en 1960. L’une des deux crêtes de notre village juché sur une colline de Kabylie qui surplombe la majorité des villages alentours occupe une position si stratégique qu’elle avait été choisie par l’armée coloniale pour y installer un poste avancé afin de surveiller allées et venues d’hommes et de femmes aux allures ambiguës pour les arrêter, les fouiller et les interroger sur d’éventuelles opérations aux ordres des « fellagas ».

Du petit adolescent au vieillard, tout le monde était suspect. D’autant qu’à plusieurs reprises, les avancées de véhicules militaires suréquipés, essentiellement des blindés, sur la route qui longe nos villages avaient été stoppées par des tranchées creusées la nuit par des civils « volontaires », souvent regroupés avec méthode et entrainés par des hommes qui se réclamaient de la cause libératrice, sans pour autant porter quelconque galon d’authenticité identifiable. Mais bon, ça c’est une autre histoire.

C’est par un bel après-midi d’août que démarre le drame d’Ali et Omar. Le ciel était bleu ce jour-là, le soleil déclinait péniblement de son zénith. Pour vaincre une chaleur torride, nos petites mamans s’essayaient tout aussi péniblement à nous plonger dans une sieste qui, espéraient-elles, les libèrerait de nos gigotements incessants pour jouir de quelques instants de répit en mode relâche. Mais comment se laisser vaincre par Morphée quand une armée de coccinelles déchaînées envahit la cour où nous étions allongés et absorbe toute votre attention par un grouillement de vie diamétralement opposé au monde extérieur qui ne donnait plus aucun signe de sa dynamique habituelle ? 

Le village entier semblait plongé dans une quiétude paradisiaque inquiétante pour les « z’rabet » (toupies remuantes) que nous étions. Pas le moindre bruit, pas le moindre son, pas le moindre souffle d’air, synonyme de vie, ne nous parvenait de cet extérieur habituellement agité ! Ils sont tous morts ou quoi ?…me semble être ma dernière pensée…quand… (À suivre)

Kacem Madani

(*) « Un simple « accrochage » en Algérie : la mémoire sélective des militaires français »: https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/200825/un-simple-accrochage-en-algerie-la-memoire-selective-des-militaires-francais

(**) « Les « messies » de 1962 les ont oubliés, les « missionnaires » de 1830 aussi ! » in « Autopsie d’une Algérie jamais en paix, eds Constellations (2023) ».

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