19 avril 2024
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Les fulgurantes contradictions d’Abdelmadjid Attar

DECRYPTAGE

Les fulgurantes contradictions d’Abdelmadjid Attar

Dans un entretien accordé à l’agence de presse Sputnik paru le 20 janvier 2020, Abdelmadjid Attar, ministre de l’Energie, a invité les sociétés soviétiques à travailler avec Sonatrach non seulement à l’étranger mais les a incitées à s’associer avec la compagnie nationale algérienne à l’international pour certainement réaliser des synergies de leur expérience dans le domaine pétrolier et gazier en coût pour augmenter leur réserves dans d’autres pays attractifs.

Abdelmadjid Attar a vanté pour cela les exemples de plusieurs sociétés russes déjà présentes en Algérie et connaissent bien Sonatrach. « Les entreprises russes sont présentes en Algérie, nous pouvons citer le cas de Gazprom ou encore du consortium Rosneft-Stroytransgaz qui ont fait de petites découvertes. Les partenaires russes peuvent jouer un rôle important dans le pays. Gazprom et Lukoil, qui ont des moyens conséquents, peuvent parfaitement opérer avec la Sonatrach en Algérie et à l’étranger. Nous les encourageons à faire des propositions à la compagnie nationale », a-t-il soutenu.

Abdelmadjid Attar qui connaissait très bien l’Irak pour avoir été un des  émissaires de l’Algérie dans l’opération imposée par les Etats-Unis à Saddam Hussein « pétrole contre nourriture » et surtout bien avant, en tant que PDG de Sonatrach dans les années 90 il se rappelait que « la Sonatrach pourrait s’engager en Irak avec Lukoïl, qui est très présente dans ce pays. Pour la petite histoire, lorsque j’étais PDG du groupe, j’avais entamé des discussions avec Lukoil pour un projet en Irak. Nous avions eu des opportunités extraordinaires, mais cela ne s’est pas fait », a-t-il raconté. Jusqu’à ici, le ministre de l’Energie était dans rôle de premier responsable du secteur pour attirer des investisseurs en faisant peut-être des jaloux du côté français et américain.           

Quand Attar dévalorise Sonatrach 

Pour le ministre Attar, Sonatrach est une entité qui tâtonne sans aucune stratégie, cela voudra dire indirectement qu’elle ne dispose pas de « l’envergure » d’un partenaire fiable qui est l’un des critères fondamentaux en amont pétrolier et gazier. C’est le comble de la contradiction lorsqu’on invite une compagnie à s’associer avec un partenaire qui ne sait pas où il va. Il a vivement critiqué son circuit de commercialisation à l’international en rappelant la dissolution « inopportune » de sa représentation commerciale en Espagne. Il ajoute que le mastodonte algérien est « immobile, toujours sur la défensive » en perdant ces parts de marché au profit du « GNL américain », faisant certainement allusion à l’Espagne dés le début de l’année dernière. Pour le ministre de l’Energie, la vision commerciale des cinq prochaines années devra être tracée aujourd’hui tout en soulignant une perte de « maitrise du marché spot ». 

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La Sonatrach pour lui continue (et il n’a pas tord) d’attendre et de ne compter que sur les contrats à long terme pour subir sans aucune arme de  réactivité. Elle aurait dû, ajoute-t-il, avoir une vision plus exhaustive en matière de trading car « d’ici 2025, plus de la moitié des quantités de GNL seront commercialisées sur le marché spot.»

Il a tout de même tenté en vain d’ailleurs de rectifier le tir en vantant le réseau que Sonatrach dispose en Afrique mais continent dans lequel « nous avons raté beaucoup d’opportunités dans ce qui devrait être notre zone de prédilection car nous avons d’excellentes relations avec beaucoup de pays du continent »(02) En tout cas, pour « marier » Sonatrach, tout porte à croire que c’est raté. 

Pourtant, c’est de ses prérogatives d’arranger tout cela

Il est le président de l’assemblée générale de Sonatrach et dispose de larges prérogatives définies par décret présidentiel dont les programmes généraux des activités que vient d’évoquer le ministre de l’énergie dans cet interview. Cet organe statutaire doit se réunir au moins deux fois par an et autant plus c’est si nécessaire.

Le ministre de l’Energie a tous les moyens juridiques pour contrôler totalement Sonatrach et l’orienter en fonction de la stratégie de son propriétaire qui est l’Etat représenté par son président de la république en tant que président du Haut Conseil de l’Energie, organe qui constitue un artifice réglementaire pour contourner les lobbies internes et externes pour travailler directement avec le président de la république et le mettre devant ses responsabilités.

Or, l’achat d’Augusta ne se résume pas uniquement « au traitement du pétrole algérien » qui constitue « un mensonge d’Etat » car n’a pas été révélé lors de l’achat de cette vieille raffinerie. Le ministre de l’énergie a présidé la dernière assemblée générale qui s’est tenue le 29 décembre 2020, durant laquelle cette acquisition a été décrite comme un vrai casse tête  pour le management actuel de Sonatrach, un gouffre financier qui a déjà englouti prés de 2 milliards de dollars.

Le gaz de schiste n’est pas non plus une affaire de le faire aujourd’hui, ou demain tout en restant expéditif et vague sur le sujet mais le programme du gouvernement sur la base des orientations du président de la république exige du secteur en général et Sonatrach en particulier “s’agissant des hydrocarbures non conventionnels, le gouvernement, tout en intensifiant les efforts d’identification du potentiel que recèle le sous-sol algérien, engagera les études appropriées sur l’impact de l’exploitation de cette richesse au plan économique, social et environnemental, en veillant à ce que toute exploitation envisagée préserve la santé du citoyen, les écosystèmes et, en particulier, les ressources hydriques. »

Où en est cette évaluation du potentiel ? Où sont les rapports dont celui économique, social  et environnemental ? Que devient la feuille de route détaillée tracée par le président de la république lors du Conseil des ministres du 12 juillet 2020 ? Qui demandera des comptes management actuel de Sonatrach dont sa vente en gaz pour l’Europe notamment l’Espagne et l’Italie a baissé de 15 à 30% (03) via les différents gazoducs les reliant ?

Les clients  laissent fuiter qu’ils chercheraient déjà une alternative pour lister Sonatrach comme fournisseur non fiable ?  La demande de gaz et partant son prix est au plus niveau à cause d’une demande explosive vu la vague froid qui frappe ces pays ?       

Rabah Reghis

Notes

(01)-https://fr.sputniknews.com/international/202101201045099815-ministre-algerien-de-lenergie-a-sputnik-les-societes-russes-peuvent-jouer-un-role-important-dans-le/

(02)-https://www.algerie-eco.com/2021/01/21/gaz-de-schiste-augusta-situation-de-sonatrach-ce-qua-dit-attar/?fbclid=IwAR0YChDIwmNh2plnXyxhWfr-UF5IIYnodHc_Upo-wqeLiXEWs4AvUMLkjnI

(03)-https://www.montelnews.com/de/story/algerian-gas-flows-to-italy-cut-by-25-for-friday–eni/1188722

Auteur
Rabah Reghis

 




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