20 novembre 2024
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Les gouvernements algériens : produits dérivés des hydrocarbures

Depuis la nationalisation des hydrocarbures en 1971, l’Algérie a construit son modèle politique et économique autour de la rente pétrolière et gazière. Et ça continue avec Tebboune.

Au départ, cette rente a été prometteuse, financée par des ressources naturelles abondantes qui ont assuré la stabilité de l’État et enrichi une élite dirigeante. Mais aujourd’hui, ce modèle est obsolète, et les gouvernements algériens semblent être devenus des produits dérivés des hydrocarbures, avec une date de péremption imminente.

Une rente volatile au service de gouvernements éphémères

À l’instar des produits périssables, les gouvernements algériens ont prospéré grâce à la rente pétrolière. La nationalisation des hydrocarbures a consolidé un système économique centré sur le pétrole et le gaz, permettant de financer des projets d’infrastructures et de maintenir une stabilité à court terme.

Cependant, cette dépendance à la rente se révèle de plus en plus fragile, soumise aux fluctuations des prix mondiaux et aux crises géopolitiques. En conséquence, les gouvernements algériens se retrouvent pris dans une spirale d’obsolescence, leur survie désormais directement liée à la possibilité des marchés mondiaux.

Immobilisme et obsolescence politique

Les gouvernements successifs ont misé sur une gestion politique de court terme, fondée sur les ressources pétrolières, au lieu de diversifier l’économie. En se nourrissant exclusivement de cette rente, une élite rentière s’est installée au pouvoir, sans jamais instaurer de réformes durables. Cette logique de consommation immédiate a mené à une stagnation économique et politique. Les gouvernements actuels, devenus obsolètes, sont incapables de répondre aux besoins d’une société moderne, qui exige des réformes démocratiques, une transparence accrue et un développement diversifié.

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Un système à bout de souffle

À mesure que la rente des hydrocarbures s’amenuise, les gouvernements algériens semblent de plus en plus déconnectés des aspirations populaires. La crise sociale et politique qui a émergé avec le mouvement Hirak en 2019 témoigne d’une rupture profonde entre le pouvoir et la société. En privilégiant l’argent facile des hydrocarbures, les gouvernements ont ignoré les véritables préoccupations du peuple, ce qui a conduit à un mécontentement général et à un appel pressant à des réformes structurelles.

L’Algérie doit impérativement se réinventer pour éviter que ses gouvernements ne deviennent des reliques d’un système périmé. La diversification de l’économie est désormais une nécessité absolue. L’investissement dans les énergies renouvelables, la numérisation et l’innovation technologique sont des secteurs stratégiques pour assurer une croissance soutenue et durable. Mais cela nécessite également un renouvellement des institutions et un changement de modèle de gouvernance. L’Algérie doit se libérer de l’immobilisme et des pratiques rentières pour adopter une gouvernance démocratique, plus transparente et responsable.

L’Algérie se trouve à un tournant décisif. Le modèle rentier a montré ses limites et les gouvernements algériens, nourris par la rente pétrolière, sont désormais condamnés à la péremption si le pays persiste dans cette voie.

Le véritable défi réside dans la capacité du pays à se réinventer, à diversifier son économie et à entreprendre des réformes audacieuses. La dépendance à la rente ne peut plus être une excuse pour l’inaction. L’Algérie doit passer de la consommation des ressources naturelles à la création de valeur, en garantissant l’innovation, la gouvernance et le développement durable au cœur de son projet national.

En conclusion, l’Algérie n’a pas seulement à consommer ses hydrocarbures ; elle doit construire son avenir. Pour éviter que ses gouvernements ne deviennent des produits périmés, il est temps d’opérer un changement profond, d’embrasser une économie diversifiée et de réinventer la gouvernance pour préparer un avenir plus juste et plus prospère.

Dr A. Boumezrag

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