23 novembre 2024
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Les grandes manœuvres commencent, à la recherche d’un 2e Boudiaf ! (*)

DECRYPTAGE

Les grandes manœuvres commencent, à la recherche d’un 2e Boudiaf ! (*)

Quand l’imagination est à sec et comme la nature a horreur du vide, les angoissés du futur retrouvent les bienfaits de la maxime : chassez le naturel, il revient au galop’’. 

C’est à croire que l’histoire ne sert à rien. Le courageux Boudiaf est revenu pour sauver le pays, du moins le croyait-il sincèrement. Nous les vivants, on sait qu’il a été ramené pour toiletter la vitrine d’un système à sauver. Près de 30 ans plus tard, on voit des gens à la recherche d’un sauveur pour canaliser la fougue et l’intelligence du mouvement populaire dont on se méfie.

Pourtant ce mouvement a rendu notre fierté vis-à-vis de notre histoire et défend chaque jour bec et ongles pour que le présent du pays ne connaisse plus la Hogra de la part de ses ‘’frères’’.

Le mouvement ne casse rien dans les rues et a rendu la propreté à nos villes que le système a livré à l’abandon. Un sauveur comme si Le danger venait du peuple. Mais non messieurs, le danger vient de ceux qui s’agitent pour mettre à l’abri à l’étranger le butin de leur prédation. Pour la transition envisagée, d’aucuns ne sont pas contre la présence de ‘’modérés’’ du système pour éviter que le mouvement ne se radicalise.

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On croit rêver, nos ‘’sauveurs’’ non seulement baignent dans la mare du monde moisi de l’autre côté de la méditerranée mais utilisent les mêmes mots, radicalité et chaos, qui nous renseignent sur la perversion de leur idéologie, la perversion, on le sait est un acte pour augmenter la jouissance (une sorte de plus-value selon Lacan).

Ces gens sont peut-être habiles dans les combines politiciennes à l’aide du renfort du langage juridique mais ils ne savent pas que le mouvement populaire obéit à la politique donc à l’Histoire. Et l’Histoire exige que l’on utilise des mots qui reflètent la beauté et la puissance des volcans qui brûle le vieux monde.

Bon sang, ne pouvez-vous pas laisser tranquille le peuple en cessant de lui faire peur. A peine le peuple a fait la démonstration de sa puissance et de sa revendication qu’un premier ministre censé posséder des renseignements de premières mains sur la Syrie nous tient des propos de café de commerce. (1).

Vint ensuite le tour de la menace islamiste, un épouvantail chopé en plein vol par l’Occident. Ah l’Occident ‘’tremblant’’ devant ‘’nos’’ islamistes mais si vaillant et ne comptant pas à la dépense pour gaver en dollars et en armes les ‘’modérés islamistes‘’ en Syrie. (2).

Mais revenons aux ruses et aux petites manœuvres pour berner le mouvement populaire. Les ruses du système furent refusées par principe par le peuple qui a mis en application la maxime populaire ‘’accompagnez le menteur jusqu’à la porte’’. Et ce peuple a supporté tant de mensonges mais ne pouvez pas aller au-delà de 20 ans. Voir sa dignité bafouée et être la risée du monde, c’en était trop pour son histoire et sa fierté.

Pour sauver le système en l’habillant d’un costume plus présentable, surgit l’idée de l’homme providentiel. Et ce nouveau costume a pour nom l’alternance (tanawab en arabe) alors que le peuple criait jusqu’à perdre le souffle ‘’système dégage’’. Cette notion dans le langage politique est plus proche de l’alternative (el Badil).

Depuis belle lurette le peuple a compris que le système qui sévit dans son pays est une organisation politique et sociale qui le dépossède de son droit souverain et inaliénable d’être la source du pouvoir non seulement légale mais légitime. La préférence du concept d’alternance, est-elle intentionnelle de la part de ceux qui veulent refroidir la fougue d’un peuple qui veut renverser la table garnie de mets succulents dont il n’est jamais l’invité.

Ceci dit, l’important dans un mouvement populaire d’une telle force, est de savoir lire les événements pour s’adapter à la situation au jour le jour, maintenir l’unité du mouvement et ne point tomber dans les pièges multiples de ses adversaires.

Les adversaires en question vont utiliser diverses tactiques pour dévoyer la dynamique qui a émergé le 22 février. En rédigeant cet article, j’apprends que le chef d’Etat-Major Gaïd Salah vient de demander l’application de l’article 102 de la constitution. Cette prise de position clarifie à la fois la situation mais introduit d’autres paramètres qui risquent de brouiller le champ de bataille où manœuvrent beaucoup de gens.

L’issue de la bataille ne doit pas échapper au peuple pour que la future 2e république soit aux couleurs de la puissance du mouvement et ayant en tête les errements de la première constitution en dépit du poids du peuple dans la libération du pays..

L’application de l’article 102 pour passer pacifiquement à une autre étape phase politique, ça permet de démentir les cassandres qui nous promettaient les portes de l’enfer mais ne doit pas signifier un arrêt de la dynamique en cours.

Les spécialistes qui veulent nous enfermer dans le juridisme doivent être contré par une seule réponse, la constitution est un acte éminemment politique et nul ne peut oublier que c’est le peuple qui est l’unique source de la souveraineté. Plus que jamais donc, le peuple ne doit pas déléguer son pouvoir.

La future assemblée constituante doit contenir le souffle des millions d’Algériens pour que la future constitution brûle les doigts de celui qui veut déposséder le peuple de sa souveraineté.

Ali Akika, cinéaste

Notes

(*) J’ai cité Boudiaf car en ce moment on cherche à ‘’vendre’’ au pays, Zeroual, Hamrouche etc…

(1)  L’histoire, la mosaïque sociologique mais surtout l’encerclement de la Syrie ont mis en danger ce pays par des puissances nostalgique, voleuse de territoires, des ‘’frères’’ féodaux et vassaux. Ce n’est pas tout à fait la situation de l’Algérie. Mais comme d’habitude, l’ignorance et la médiocrité intellectuelle incitent certains à faire de comparaisons stupides. Comparaison n’est pas raison.

(2)  L’Occident a toujours choisi ‘’d’aimer’’ les féodaux du Golfe libérés par Laurence d’Arabie que les pays qui ont connu la Nahda (renaissance). En un mot, l’Occident a compris qu’il vaut mieux faire ami avec des régimes féodaux et ‘’frères musulmans’’ à qui on siphonne le pétrole que des Etats issus du mouvement national dont on se méfiait. Mossadegh le patriote, en Iran en 1953 a ouvert la voie en nationalisant le pétrole de son pays. Plus tard son exemple d’indépendance fut suivi en Egypte (Nasser), Irak, Syrie, Algérie.

Auteur
Ali Akika, cinéaste

 




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