Samedi 12 juin 2021
Les législatives, nouvelle étape dans la feuille de route du pouvoir
Les bureaux ont ouvert ce samedi 12 juin à 8 heures, heure locale. Quelque 24 millions d’électeurs sont appelés à élire les 407 députés de l’Assemblée populaire nationale, pour un mandat de cinq ans, lors d’élections législatives anticipées. Ce scrutin, organisé suite à la révision de la Constitution, constitue une nouvelle étape de la feuille de route que s’est fixée un pouvoir algérien en quête de légitimité, plus de deux ans après la chute de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika.
240 détenus d’opinion croupissent en prison. Les libertés de manifester et de parler supprimées. Pendant ce temps, le pouvoir convoque le peuple pour glisser des bulletins de vote dans les urnes.
On a appris ce samedi matin que les trois figures du Hirak, arrêtées jeudi, ont été libérées dans la nuit de vendredi à samedi. C’est une information du Comité national pour la libération des détenus (CNLD), rapportée par l’AFP. « Khaled Drareni, Ihsane El Kadi, Karim Tabbou (ont été) relâchés », précise le CNLD sur sa page Faceboook.
Une information tombée alors que les bureaux de vote ouvraient pour renouveler l’Assemblée populaire nationale. Précédemment dominée par les partis FLN et RND, sa composition pourrait changer, rapporte notre envoyée spéciale, Magali Lagrange. Ces deux formations présentent des listes, mais sont largement discréditées par la crise que traverse le pays. La candidature du secrétaire général du FLN à ce scrutin a d’ailleurs été rejetée.
Et pour la première fois, le nombre de listes qui s’affichent comme indépendantes, à l’affiliation parfois floue, dépasse celles présentées par une trentaine de partis politiques, dont plusieurs formations islamistes.
Des absents sont aussi à noter, plusieurs partis d’opposition dont le RCD, le parti des travailleurs, ou le FFS, ont décidé de ne pas y prendre part. Le scrutin est aussi rejeté par le Hirak.
Il se tient dans un contexte de répression accrue, marqué par des interpellations et poursuites judiciaires contre des hirakistes, opposants et journalistes. Jeudi soir, deux journalistes dont Khaled Drareni ont été interpellés, ainsi que Karim Tabbou, figure du Hirak.
L’un des enjeux sera le taux de participation, après deux derniers scrutins (présidentielle et référendum sur la révision de la Constitution) marqués par une forte abstention.