Lundi 23 août 2021
Les pour et les contre du passeport vaccinal
S’il peut améliorer la santé économique du Québec, le passeport vaccinal a aussi le potentiel d’y augmenter dangereusement le taux d’infection.
Le gouvernement du Québec a récemment lancé une vigoureuse campagne de publicité pour faire la promotion du passeport vaccinal. On apprenait donc le 20 août dernier que selon un sondage Léger, quatre adultes québécois sur cinq étaient en sa faveur. Malgré ce matraquage publicitaire, cette proportion diminue cependant aux deux tiers pour les gens de 18 à 34 ans. La raison pourrait en être que cette mesure ne comporte pas que des avantages.
Les pour
Toutes les études scientifiques ont montré les bienfaits de la vaccination contre le Covid-19. Mais, à l’heure du nouveau variant Delta plus agressif et létal, seulement 77 % des Québécois de 12 ans et plus sont adéquatement vaccinés. C’est une proportion trop faible pour pouvoir espérer atteindre l’immunité collective dont le seuil a été relevé à un taux de vaccination de 82 % de la population.
Le gouvernement incite donc tous les Québécois à se faire vacciner. Comme cela était arrivé en France quelques semaines plus tôt, l’annonce de l’obligation d’avoir ce passeport pour participer à de nombreuses activités a augmenté le nombre de vaccinés. Considéré comme pouvant empêcher un nouveau confinement le passeport devrait aussi aider de nombreux commerçant à rester ouvert.
La population peut aussi se sentir sécurisée par le fait que de nombreux autres pays ont déjà mis ce type de passeport en vigueur de manière plus ou moins rigide. Depuis le 1er juillet, les 27 pays de l’Union européenne utilisent le « pass européen ». En France, la « passe sanitaire » est exigée depuis le 21 juillet pour accéder à des lieux de loisirs et de culture de plus de 50 personnes. New York a aussi annoncé en début août la mise en place d’un passeport vaccinal. Il l’utilise pour contrôler l’accès aux salles de sport, de spectacle et de restaurants.
Les contre
En avril, le comité d’urgence de l’Organisation mondiale de la santé demandait aux pays de ne pas créer des passeports vaccinaux obligatoires pour les voyageurs. Il pointait le manque de documentation sur la capacité des vaccins à prévenir la transmission du virus. De récentes recherches ont en effet trouvé des faiblesses dans la capacité des vaccins à empêcher la réinfection des personnes vaccinées et la contagion de leurs proches. Une étude de l’Imperial College impliquant 100 000 personnes constate une réduction du risque d’être infecté de seulement 49 % à 60 % après l’inoculation des deux doses d’AstraZeneca ou de Pfizer. Une autre étude, du réseau de cliniques Mayo aux États-Unis, publié en juillet, évalue à 42 % l’efficacité du vaccin Pfizer contre le risque d’infection.
Selon une autre recherche américaine, les vaccinés infectés auraient une charge virale intranasale équivalente à celle des non-vaccinés durant les cinq premiers jours. Dans certaines situations, les vaccinés pourraient aussi avoir une charge virale comparable à celle des personnes non vaccinées et contaminer leurs proches.
La deuxième grande raison dans le refus de ce passeport par l’OMS est l’iniquité vaccinale qu’il y a actuellement. L’organisme considère que l’exigence d’une preuve de vaccination peut aggraver les inégalités et favoriser une liberté de circulation différenciée.
Côté sécurité des renseignements personnels, les médias viennent de révéler que des pirates informatiques avaient créé en moins de 15 heures une application pouvant copier les renseignements du passeport vaccinal d’un individu et même le suivre à la trace. Ces problèmes de sécurité s’étendent au niveau de la valeur même de l’outil. De faux passeports vaccinaux ont été repérés sur Internet, autant en France qu’au Québec. Ils étaient à vendre pour des sommes avoisinant les 200 euros ou 500 $.
Tous les retournements de situation entourant ce passeport en montrent aussi l’arbitraire. Si la Chine est devenue en mars le premier pays à l’instaurer pour les voyageurs chinois, elle a récemment cessé de le remettre en raison d’éclosions dans plusieurs provinces. Israël, qui avait créé un passeport vert dans les premiers mois de 2021, l’a abolie en juin et remis en vigueur le 8 août dans les lieux publics fermés de plus de 100 personnes. L’application d’un passeport vaccinal est souvent du grand n’importe quoi qui s’appuie faiblement sur la science pour satisfaire des désirs politiques.
Un risque sanitaire caché ?
Anthony Fauci considère comme un fait que les personnes vaccinées peuvent transmettre le virus. C’est un risque qui semble cependant acceptable par certains gouvernements pour avoir une meilleure santé économique. Si la vaccination du plus grand nombre possible de citoyens augmente la sécurité globale de la population, le passeport vaccinal vise principalement l’augmentation des activités économiques. Son utilisation peut devenir un problème de santé publique s’il diminue les précautions à prendre pour se protéger du virus. Le fait que ce soit sa raison principale d’exister, le rend donc un risque potentiellement important d’infection.