AccueilPolitiqueLes premières contradictions entre le ministre et le PDG de Sonatrach

Les premières contradictions entre le ministre et le PDG de Sonatrach

DECRYPTAGE

Les premières contradictions entre le ministre et le PDG de Sonatrach

C’est une dérive grave lorsque le ministre de l’Energie Mohamed Arkab justifie la valse des PDG de Sonatrach par « un apport d’une nouvelle méthode de gestion en adéquation avec la stratégie tracée » (01).

Cela voudra-t-il dire que les pouvoirs publics font une stratégie trimestrielle voire annuelle pour gérer la principale compagnie dont la charge économique et sociale est vitale pour le pays ?

Ainsi en moins d’une décennie, huit PDG se sont succédé au siège à Djenane El Malik à Hydra avec une moyenne en poste d’à peine un peu plus d’une année sans compter que les deux derniers n’ont duré respectivement que sept et trois mois.

Mais d’ores et déjà la ligne directrice que le ministre circonscrit au nouveau PDG diffère quelque peu de celle que l’intéressé donne lors de son investiture. Pour Mohamed Arkab, la focalisation devra se faire sur l’optimisation des hydrocarbures pour accroître la production et donc vise en premier lieu les gisements existants par les techniques de stimulation diverses dont EOR, WAG etc. et surtout contribuer de par son rôle de leader économique par la création de nouvelles opportunités d’emplois et de petites entreprises afin qu’elle puisse concrétiser une diversification effective de l’économie national tout en s’appuyant  sur une réel transition énergétique.

- Advertisement -

Ceci semble raisonnable et en cohérence avec le programme du gouvernement adopté par le conseil des ministres le jeudi 6 février dernier. Ce n’est pas ce que trace le nouveau PDG dans son discours d’investiture (02) qui donne quant à lui une priorité devenue générique et vide de contenue ne serait-ce que par sa dispersion des «ressources humaines », continuer à rechercher comme le faisait Ould Kaddour le business à l’international, multiplier la prospection tout azimut pourquoi ? Pour satisfaire la consommation nationale.

1- L’approche du jeune Hakkar préoccupe sérieusement dès le départ

Toufik Hakkar brasse large en tenant un discours qu’il exprime dans son « état enfant ». Sinon comment peut-on évoquer l’offshore, une aventure que Sonatrach ne peut entreprendre actuellement de par sa charge envers l’Etat et ses difficultés financières.

A-t-il d’abord fait un diagnostic ? On apprend par ouï-dire qu’actuellement, en plus du problème de la production et du renouvellement de réserves, Sonatrach se trouve dans une situation inédite de capacité financière. Le holding des filiales à l’étranger SIHC, instruit par Sonatrach de ramasser tous les dividendes, n’a pu récolter que quelque 3 à 4 millions de dollars.

Sonatrach a besoin actuellement du moindre dollar. Alors que Sonatrach ne cherchait que rarement à faire remonter les dividendes de ces filiales, les filiales à l’étranger à l’instar de SPC Londres  avec des recettes de 70 à 100 millions de dollars par le passé : malheureusement, s’endette maintenant pour Augusta, et réalise des recettes à la limite du déficit. 

2- L’équipe auquel appartient Hakkar a alléché le système rentier

Il devient clair que le pouvoir en place depuis les élections du 12  décembre dernier sous la présidence de Abdelmadjid Tebboune, a hérité d’une situation économique difficile : baisse des recette pétrolières à cause de la fluctuation du prix du baril la plus part du temps en baisse, un défit de la balance commerciale qui a dépassé en 2019  les 6 milliards de dollars, la production des hydrocarbures en baisse continuelle, la consommation de l’énergie en interne croit au rythme de 8%, chaque année 900 000 nouvelles bouches à nourrir etc. L’équipe Sonatrach a jeté l’éponge pour prétexter comme d’habitude que la loi sur les hydrocarbures de 2005 amendée à plusieurs reprises n’est pas attractive,  alors ! « Donnez- nous une nouvelle loi et tout se réglera.»

L’Etat, comme dit l’adage populaire impuissant face à cette crise est « entrain de suivre le menteur jusqu’au pas de sa porte ». Comment ? Par les chiffres avancés , d’abord  parle premier responsable de Sonatrach  son président directeur général, ensuite son vice-président et l’actuel PDG qui était chargé de piloter avec les cabinets étrangers l’avant-projet de loi sur les hydrocarbures qui était à l’époque en débat à la commission des affaires économiques, du développement, de l’industrie, du commerce et de la planification à l’Assemblée Populaire Nationale (APN) (03), ils ont démontré que Sonatrach n’a rien capitalisé, ni consolidé en savoir et en savoir-faire pétrolier et gazier voilà maintenant plus de cinq décennies et demie d’exercice dans la prospection, la recherche, le transport, le traitement et la commercialisation des hydrocarbures pour finalement ignorer complètements domaine miner national alors que le mastodonte agissait en tant NOC pour le compte de l’Etat.

Ainsi on apprend  par cette équipe que Sonatrach avait investi 16 milliards de dollars entre 2000 et 2015 soit en moyenne un milliard de dollars par année mais les «résultats ne reflètent pas l’important volume des investissements engagés par le groupe».

Tandis que les partenaires étrangers qui de 1986 à 2015 c’est à dire 19 ans ont investit 9961 millions de dollars seulement soit 524 millions de dollars par année, ont obtenu un résultat meilleur. Ces partenaires lit-on (04) ont contribué à faire passer les réserves en une décennie 1989-1999 de 3,47 milliards de tonne équivalent pétrole (Tep) à 5,12 Tep soit une augmentation substantielle des réserves de prés de 68%. 

Plus loin, lit-on dans l’exposé des motifs de la nouvelle loi maintenant adoptée et signée, «néanmoins, le potentiel du pays en réserves d’hydrocarbures, conventionnels et non conventionnels, demeure très important. Au rythme de production actuel, ce potentiel peut satisfaire la demande nationale et les exportations sur une durée de près de 150 années.»

A partir d’une telle attirance d’un système habitué à la rente, les critères de désignation sont tous tracés. Le choix de Monsieur Cheikhi Kamel Eddine est dicté par son expérience dans le domaine associatif pour l’avoir géré pour donc amener du renfort à Sonatrach, il semble qu’il a échoué. Enfin M. Hakkar pour avoir piloté cette loi qui, selon ses propres promesses, va non seulement attirer les investisseurs mais aussi faire exploser les réserves en hydrocarbures pour un siècle et demi de consommation. On verra !     

Rabah Reghis

Renvoi

(01)https://www.algerie360.com/ce-qua-dit-arkab-sur-le-limogeage-du-pdg-de-sonatrach/

(02)https://www.algerie-eco.com/2020/02/07/les-quatre-enjeux-de-sonatrach/

(03)-http://www.aps.dz/economie/96604-la-loi-sur-les-hydrocarbures-affranchira-sonatrach-des-contraintes-reglementaires-et-fiscales   

http://www.aps.dz/economie/96584-hydrocarbures-le-projet-de-loi-offre-plus-de-flexibilite-a-travers-les-differents-types-de-contrat     https://www.energy.gov.dz/Media/galerie/projet_de_la_nouvelle_loi_public_version_francaise_5dad82a17b00b.pdf                             (04)-https://fr.calameo.com/read/000781596b34b0fd74102

 

Auteur
Rabah Reghis

 




LAISSEZ UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

ARTICLES SIMILAIRES

Les plus lus

Présidentielles, dites-vous !

La campagne électorale pour les présidentielles du 7 septembre révèle combien la pratique démocratique a reculé depuis Octobre 1988 et l’avènement du multipartisme en...

Les derniers articles