AccueilCulture"L’espace d’un instant" d’Olivier Thirion

« L’espace d’un instant » d’Olivier Thirion

Je me suis toujours trouvé une parenté poétique avec Olivier Thirion, depuis le premier poème lu – les mêmes expressions, les mêmes thèmes, les mêmes dires.

Cette fois, dans L’espace d’un instant suivi de Pangée ou l’impossible été, Olivier Thirion ne nous donne « Aucune clé de lecture, aucun désir d’ordre. Juste le chaos créateur. Le trou noir, maelstroms, qu’importe. La soupe primaire. L’état précédant l’entropie. »

D’inlassables dires en quête de la substance qui se dissipe. Et s’expose à l’aliénation, à la braise et à l’aphasie livide des mots qui patrouillent ainsi à travers ses poèmes. S’impose dès lors l’originalité du vivant enfoui entre « celle qui cisaille la branche où repose le nid » et « celle qui distille la soif d’expériences nouvelles ».

La fulgurance se déclare très vite dans le recueil. Cette fulgurance qui nous prouve que l’apparente tranquillité des textes n’est que l’ironie passagèrement fruitée de la vie comme elle va.

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Les textes d’Olivier Thirion sont comme des brèches ouvertes de respirations morcelées. C’est un monde dans lequel « On abreuve les morts avec de l’eau de vie/Petites fioles verdâtres remplies de souvenirs/rangées sur des étagères en bois gris/Dans les caves ou les vestibules. » Il y a un goût de sel sur ce monde, ses coutures, ses souvenirs rêches ou doux qui craquent de poème en poème.

Voici, entre batifolages caustiques et « orages de métal », des fragments sanglés de poésie. Ils cernent la difficulté de se coller à la vie authentique. Il est vrai qu’Olivier Thirion aime s’émouvoir et se mouvoir et parfois se perdre en toute lucidité dans les arcanes de la poésie qui le constitue.

Ainsi, un ruisseau de voix semble couler de ce recueil pour se transformer, au fil des pages, en un torrent impétueux qui s’éreinte et tonne de mots tumultueux. Olivier Thirion procède par touches, par échancrures, par entailles « à replier le vent/Entre deux voiles de coton blanc » pour piéger les cernes de la poésie qui doit affronter encore et encore « une horde décharnée de mille crimes impunis ». Des textes d’une beauté ineffable !

Kamel Bencheikh

L’espace d’un instant suivi de Pangée où l’impossible été. Illustrations de Sylvie Coupé-Thouron, Éditions Kairos, 93 pages, 16 €

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