Deux grands classiques réinventés dans la langue chaouie : Imezdi (L’Étranger) d’Albert Camus et Abaltu (Le Manteau) de Nicolas Gogol. Ces traductions ne se contentent pas de transposer des récits, elles redéfinissent leur portée en les imprégnant de l’âme chaouie, offrant ainsi une nouvelle dimension à des œuvres universelles.

Bouchra Thaziri Douakha, une Chaouia originaire de Guelma, se distingue dans cette démarche. En traduisant ces chefs-d’œuvre en chaoui, elle insuffle à L’Étranger et Le Manteau une résonance locale qui les rend encore plus poignants. Il ne s’agit pas seulement de traduire des mots, mais de relier les racines de ces œuvres à celles de la culture chaouie, où l’histoire et la géographie modifient le regard sur l’humanité.

Une traduction vibrante

Imezdi (L’Étranger) va au-delà de la simple retranscription de la quête absurde de Meursault. La solitude du personnage, déjà poignante dans l’œuvre originale, résonne différemment dans le chaoui. La langue des Aurès, avec ses paysages arides et ses silences profonds, semble imprégner chaque mot, offrant à l’histoire une proximité inédite. La confrontation de Meursault avec le non-sens de l’existence devient, dans cette version, à la fois plus proche et plus mystérieuse.

De même, Abaltu (Le Manteau) de Gogol, à travers le chaoui, humanise encore davantage le personnage du fonctionnaire déchu, inscrivant sa solitude dans un contexte algérien profondément marqué par l’histoire et la culture locales.

Un acte de réinvention

Bouchra Thaziri Douakha n’entreprend pas seulement une traduction, mais une véritable réinvention littéraire. Chaque phrase devient une invitation à redécouvrir ces œuvres sous un autre angle, une nouvelle manière de voir et de comprendre le monde. À travers ce geste, elle honore la langue chaouie, longtemps marginalisée, en lui offrant une place centrale dans la littérature mondiale.

Par ce travail, elle nous invite à une immersion dans une Algérie universelle, où la langue chaouie devient un vecteur d’une expérience humaine partagée.

Adhlis à Batna : un soutien précieux

Le livre Imezdi a vu le jour grâce aux éditions Adhlis à Batna, une maison d’édition qui œuvre pour offrir une visibilité littéraire à la langue chaouie. Cette initiative n’est pas simplement une publication, mais un acte de reconnaissance envers une langue porteuse de mémoire et de culture.

Abaltu, bien qu’édité séparément, partage cette même volonté de réconcilier le chaoui avec le monde littéraire global. Ces deux œuvres témoignent de l’ambition de faire du chaoui une passerelle entre cultures, tout en célébrant la richesse et la profondeur de cette langue.

Quand le chaoui rencontre l’universel

Les traductions de Imezdi et Abaltu ne se contentent pas de transposer des récits, elles en redéfinissent les frontières. En plaçant ces classiques dans le paysage culturel chaoui, Bouchra Thaziri Douakha permet au chaoui de dialoguer avec le monde, tout en restant fermement ancré dans ses racines.

Ces traductions sont une invitation à découvrir une autre vision de l’humanité, plus intime et plus universelle à la fois. Dans cette alchimie littéraire, le chaoui ne fait pas que traduire, il révèle une nouvelle lumière sur des histoires déjà intemporelles.

Djamal Guettala

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