Dimanche 19 avril 2020
Lettre à M. Nour-Eddine Boukrouh
Monsieur Nour-Eddine Boukouh, nous nous souvenons quand il y’a quelques années vous persévériez à instruire les ‘’gardiens de vignes’’ employés par ceux qui ont détruit le pays mais qui eux, au lieu de comprendre vos leçons voulaient votre mort. Aujourd’hui, ils sont en train de moisir dans les prisons et leur sous-parleur que vous reconnaissez certainement, est en train de les attaquer dans l’espoir d’en échapper. C’est dire que les leçons que donne Monsieur Nour-Eddine Boukouh doivent être lues et apprises.
Depuis longtemps, bien avant ces temps de Coronavirus, vos contributions intellectuelles dans la presse, toujours très biens écrites, instructives et explicites, ainsi que toutes vos interventions sur les plateaux de télévisions, débusquent plusieurs sortes d’assaillants qui se manifestent pour vous insulter, vous calomnier ou, comme vous l’avez signalé pour vous menacer de mort. À chacune de vos contributions, selon le sujet que vous y traitez, le type d’individus qu’elle enflamme et dont elle suscite des réactions injustes et injustifiées. Tout simplement parce que vous dites les vérités et vous montrez ce que les gens qui se complaisent dans la médiocrité s’obstinent à ne pas voir. La meilleure action qui conduit inexorablement à se faire des ennemis qui voudront votre mort c’est de montrer aux mauvaises personnes leurs fautes et de leur indiquer la bonne voie afin de les conduire vers leur bien.
Cette fois, c’est un petit paragraphe mais très lourd de sens et plein de vérité, extrait de votre article intitulé « Coronavirus et civilisations » publié le 08 avril 2020 sur facebook et dans deux journaux électroniques qui a déclenché des avalanches de mensonges, d’insultes et de menaces de mort qui vous ont injustement ciblé. Ce paragraphe est extrait d’un long texte dans lequel vous avez fait l’autopsie de la civilisation musulmane et dans lequel vous expliquez clairement et explicitement comment et pourquoi ceux qui se disent aujourd’hui musulmans n’ont que de soi-disant savants religieux à aligner avec les scientifiques des quatre autres civilisations-religions du monde (chrétienne, bouddhiste, hindouiste et judaïque) dans la lutte contre la pandémie de la Covide-19.
Pour ceux qui ne l’ont pas encore lu, et Dieu sait combien ils sont nombreux, le voila le paragraphe en question : « Si les ‘’Infidèles’’ (les adeptes des quatre autres civilisations-religions) ne règlent pas son compte au Covid-19 d’ici le ramadhan, soit dans 15 jours, le vieux savoir religieux invariable en tout temps et tout lieu sera confronté à un sérieux embarras : consentir à la suspension du jeûne cette année car un gosier sec favorise l’implantation du virus, ou la refuser et braver le risque d’une plus large contamination des musulmans et des non-musulmans qui vivent ensemble presque partout. Qu’est-ce qui doit primer ? La vie d’un nombre indéterminé d’êtres humains ou une prescription religieuse ? »
Un lecteur qui maitrise ne serait-ce que les rudiments de la langue française, qui est une langue connue pour sa richesse, sa clarté et sa précision chirurgicale, peut-il comprendre dans tout l’article ou plus exactement dans ce paragraphe que vous avez préconisé à renoncer à l’obligation religieuse jeûner pour pouvoir combattre le coronavirus ? Vous n’y avez même pas insinué. Au contraire j’y trouve une ébauche de critique à l’endroit des ‘’sachants’’ du Caire qui, d’après des informations, ont examiné la question mais n’avaient pas encore à ce moment-là tranché sur la nécessité ou pas d’annuler le jeûne. Et je suis plus que certain que s’ils le préconisent vous seriez le premier à leur opposer des objections valables.
Monsieur Nour-Eddine Boukouh, dans votre écrit on ne peut pas comprendre sensément autre chose que ce qui suit : le remède à la maladie Covid-19 ne peut être trouvé que par les non-musulmans que les adeptes du vieux savoir religieux musulman appellent les ‘’infidèles’’. Quant-à eux, ces adeptes du vieux savoir religieux musulman, il ne leur reste que l’embarras du choix entre renoncer à faire le jeûne parce qu’ils ont entendu dire que le gorge sèche favorise l’implantation du coronavirus, ou bien faire le jeûne malgré ce qu’ils ont entendu dire et prendre le risque de la contamination d’un plus grand nombre de personnes.
La question à laquelle il faut répondre est la suivante : par quelles catégories d’individus et pourquoi vos propos ont été déformés, faussement interprétés et puis les fausses informations ainsi produites ont été largement diffusées ?
Il y’a d’abord la catégorie du journaliste islamiste, lui-même adepte du vieux savoir religieux, qui de mauvaise foi déforme vos propos parce que vous avez mis le doigt là où ça fait mal et vous avez touché à leur fond de commerce. Et comme il sait qu’il ne peut pas mener avec vous un débat sérieux sur le fond de votre article fondé sur des vérités indiscutables, alors il déforme vos propos et vous attribue des fausses déclarations pour, pense-t-il, vous discréditer.
Il y’a aussi la catégorie du journaliste trop laïc malhonnête qui donne à vos propos intentionnellement le sens qu’il veut lui-même dire ; c’est une façon de parler avec votre bouche pour donner, en utilisant votre nom, de la crédibilité à ce qu’il veut dire.
La troisième catégorie c’est celle du journaliste incompétent qui n’a pas les capacités requises pour comprendre vos écrits. Il n’est pas de mauvaise foi. Il essaie de lire, Il pense comprendre mais malheureusement il ne comprend pas. Celui-ci est victime de son ignorance. Alors il lance les fausses informations sans se rendre compte de son erreur. Cette catégorie est parfaitement illustrée par un journaliste, patron d’une chaine de télévision privée algérienne d’expression arabophone, qui dit sans sourciller qu’il a lu votre long article et que vous y avez conseillé les pays musulmans de ne pas jeûner cette année pour diminuer la propagation du coronavirus et que si nous ne renonçons pas à cette obligation religieuses, la Covide-19 va se propager. Dire que c’est malheureux de voir des journalistes de ce niveau commenter les événements est très peu devant la gravité des faits. C’est dramatique. C’est dramatique surtout que ce même journaliste est toujours présent lors des rencontres du chef de l’État actuel avec quelques représentants de la presse choisis selon des critères connus de tous. Cela décrédibilise désormais toutes ces rencontres qui sont sensées convaincre le peuple de la volonté des tenants du pouvoir de travailler dans transparence.
Enfin il y’a la majorité qui ne lisent pas mais gobent stupidement puis répètent inconsciemment ce que les précédentes catégories leur racontent.
Monsieur Nour-Eddine Boukouh, toutes ces personnes qui polluent les débats ne sont-elles pas les victimes du système qui les a privées d’un enseignement de qualité en les soumettant à un système éducatif des plus médiocres. Ne sont-elles pas plus à plaindre qu’à blâmer ? Leurs attitudes ne font-elles pas plus mal que leurs insultes et leurs menaces ? Tout le monde veut savoir lire et comprendre, mais tout le monde n’a pas la chance d’avoir bien étudié. Il faut attaquer les causes du mal. Et comme Les causes de ce mal sont dans le système qui a illégitimement confisqué le pouvoir en Algérie depuis 1962, il ne faut pas se tromper de cible ; il faut faire tout pour déjouer leurs diversions. Surtout en ces temps où ils espèrent que la révolution pacifique s’essouffle et que nous soyons détournés pour accabler leurs victimes.