28 mars 2024
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Lettre d’un jeune Algérien à «nos» députés fantômes

COUP DE GUEULE

Lettre d’un jeune Algérien à «nos» députés fantômes

Voyez-vous chers députés où nous sommes arrivés ? Voyez-vous comment notre pays se dégrade de jour en jour, empêtré dans une crise inextricable et aux contours flous ? Voyez-vous comment nous sommes devenus la risée du monde entier ?

En tant que jeune, je souffre trop pour vivre, ou plutôt pour survivre dans ce bled et j’ai honte de vous! Comment en serait-il autrement alors que vous n’êtes que des pantins déglingués, sans pouvoir réel, qui s’endorment à longueur de temps dans l’hémicycle de l’APN, payés par l’argent de la communauté? Puis, à part les galères de sous et le mépris des bureaucrates, il n’y a rien pour ma pomme. Toutes les portes me sont fermées au nez. Je jure que je dis la vérité et n’exagère jamais. Dans mon quartier très pauvre à Mostaganem, vous connaissez bien, sans doute, cette ville du littoral qui a accouché autrefois de dramaturges de renom et qui ne possède qu’un ou deux cinémas ouverts aujourd’hui, personne ne contredira mes propos. Faites un tour et vous n’y trouverez que la misère vous dévisager avec morgue. D’ailleurs, chaque matin, au réveil, je m’assois juste à côté de la mer pour respirer la fraîcheur des rivages ensablés et des vagues qui dansent, la tête ailleurs, prise dans le tourbillon de la fuite. Je rêve seulement d’un zodiac «el boté» comme l’appellent les miens, juste pour oublier vos visages et votre charabia qui me saoulent et rejoindre l’autre rive de la méditerranée où l’espoir, me dit-on, est encore possible.

Si jamais on me ment ou me raconte des salades là-bas, tant pis, j’y irai quand même, ce serait mieux de toute façon que vos lâchetés, votre cupidité et vos mensonges. Quel malheur que de vous avoir comme représentants, vous qui ne représentez que vous-mêmes !

Pour preuve, à l’heure où je vous écris cette lettre-diatribe, personne d’entre vous ne sait s’il y aura d’élection présidentielle ou pas au printemps prochain, si Bouteflika sera candidat à sa propre succession ou pas, si l’Algérie continuera à financer ses projets économiques par la planche à billets ou pas, si nos jeunes auront droit à une transition démocratique ou pas, si l’armée interviendra dans le processus électoral ou pas.

Dommage ! Vous n’êtes là-bas sur les bancs de l’assemblée que pour prendre des selfies, manger l’argent du fisc et du pétrole, le poing levé à chaque injonction de vos maîtres décideurs.

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Honte à vous qui réfléchissez en fonctionnaires et non pas en représentants de peuple! Honte à vous! Que diriez-vous par exemple à un hittiste de Bab El Oued pour le convaincre de rester au pays et vous entendre parler sans rien dire avec ce timbre nationaliste périmé alors que beaucoup d’entre vous n’hésiteront pas un seul instant pour envoyer leurs propres enfants à l’étranger, au prix de la princesse s’ils le trouvent ?

Que diriez-vous à citoyen de Djelfa qui, s’il déjeune, ne dîne pas et s’il ne déjeune pas, sur ce qui s’était passé il y a quelques semaines à l’hémicycle rue Zighout Youcef que vous avez fermé par des cadenas pour vos propres intérêts ?

Que diriez-vous à tous ceux qui ont mis confiance en vous alors que vous n’avez mis confiance en personne, à part vos petits portefeuilles et vos gros privilèges? Le désenchantement, chers députés, ne semble pas seulement caractéristique de la jeunesse, mais de toute la société qui vous boude et qui ne voit son salut que dans sa prise de conscience, son engagement et surtout son automobilisation pour vous virer tous. De grâce, faites un effort pour vous en aller seuls afin de sauver votre honneur et celui de votre pays qui en souffre trop…

Auteur
Kamal Guerroua

 




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