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L’hymne national : la réaction de Colonna et les éternels va-t-en-guerre contre la France

Macron Tebboune

Macron Tebboune

La déclaration de la ministre française des affaires étrangères, Catherine Colonna sur la réintroduction d’un couplet anti-français dans l’hymne algérien par un décret pris en mai par Abdelmadjid Tebboune a donné du grain à moudre aux habituels « va-t-en-guerre » contre la France qui sont allés de leurs envolées sur le thème du patriotisme et de la défense de la souveraineté nationale.

Les zélateurs au garde-à-vous 

Les couteaux sont tirés ! Finis les accolades et amabilités entre Tebboune et Macron ! Et/ou entre l’Algérie officielle et les autorités françaises. La première salve est venue, dimanche dernier, de l’ancien ministre algérien de la Communication, Abdelaziz Rahabi qui a qualifié les déclarations de Catherine Colonna de «choquantes, inappropriées et inadmissibles. » Abdelaziz Rahabi, toujours prompt à réagir quand il s’agit de défendre le régime, s’est voulu un donneur de leçons sur la souveraineté !

Accrochez-vous, le sachant Rahabi, habituellement si silencieux face à l’arbitraire qui règne dans le pays, s’est cru obligé de se réveiller pour défendre une Algérie ouvragée par la ministre française.

« Catherine Colonna souhaite avoir les meilleures relations avec l’Algérie, et remet en même temps en question la décision souveraine de l’Algérie d’étendre l’utilisation de son hymne national à la lumière des conditions choisies par le gouvernement algérien », a notamment écrit Rahabi dans un message sur Twitter. Admirez la science infuse de l’ancien ministre de Bouteflika !

« L’hymne national algérien est un symbole historique de la nation algérienne. Aucune partie étrangère n’a le droit de se prononcer sur les questions régaliennes de l’Algérie. Et la partie française doit respecter la décision algérienne, il y a un passé douloureux entre les deux pays et l’hymne en exprime une partie, et la douleur persiste jusqu’à présent », a déclaré au quotidien londonien Al Araby Al Youm,  le député Abdelouahab Yakoubi, membre de la commission des affaires étrangères du parlement algérien et représentant de la communauté algérienne en France à l’APN. En voilà un autre qui défend son bout de siège au parlement.

Pour sa part, le Mouvement islamiste Al Bina al watani qui participe à la coalition gouvernementale, s’est vivement opposé aux déclarations de Catherine Colonna. Il est dans son rôle de serviteur patenté devant l’éternel. Dans un communiqué diffusé dimanche, le parti de l’islamiste Bengrina qualifie les déclarations de cette dernière de « provocatrices et inacceptables; elles constituent une violation flagrante des normes diplomatiques. » Quel patriotisme triomphant !!! Avec Bengrina et compères on peut dormir tranquilles.

Courageux il ajoute : « Elle viole aussi explicitement le principe du respect de la souveraineté des États et de la non-ingérence dans leurs affaires intérieures », considérant que « de telles déclarations d’un responsable français, à ce niveau de représentation de la décision officielle extérieure, contredisent dans leur contenu la volonté politique du premier responsable de l’Elysée de renforcer les relations de la France avec l’Algérie, et un contournement malheureux et décevant de la volonté de surmonter les divergences actuelles et de construire une nouvelle relation. »

Le mouvement a averti que « ce ton arrogant, et la tentative de saper la souveraineté nationale intervient à un moment marqué par la campagne hostile menée par certaines élites et entités politiques françaises contre l’Algérie ».
Comme de bien entendu et ne pouvant pas être en reste, le FLN y est allé lui aussi de sa diatribe contre ce que l’ex-parti unique considère comme « un acte provocateur une attente grave à la souveraineté nationale ».

Kassamen : un couplet hostile à la France rétabli par Tebboune

Dans sa déclaration rendue publique le 19 juin 2023, le FLN exprime « sa profonde réprobation et dénonce la déclaration de Catherine Colonna sur la décision souveraine du président de la République de fixer les 5 couplets de hymne national (…) Elles traduisent le vrai visage de politique algérienne de la France basée sur la haine et la jalousie. » N’en jetez pas plus ! Surtout quand c’est le FLN qui le dit.

Il y a deux semaines, Abdelmadjid Tebboune a pris un décret présidentiel réintroduisant la strophe qui a été supprimée de l’hymne national en 2007 et dans laquelle la France (coloniale) est nommément citée en des termes menaçants.

Le décret présidentiel précise les circonstances et les occasions pendant lesquelles doit avoir lieu l’interprétation intégrale ou partielle de l’hymne, écrit par le regretté poète algérien Moufdi Zakaria en prison en 1956, et composé par le musicien égyptien Mohamed Fawzi.

Cette polémique intervient à un moment où les relations algéro-françaises traversent une période critique caractérisée par une froideur remarquable, qui s’est manifestée par le report sine die d’une visite que Tebboune devait effectuer à Paris début mai dernier. Toute cette clientèle se pressera, après ces déclarations comminatoires, au consulat de France pour demander des visas à leurs rejetons ! Ce dont il ne faut s’étonner au demeurant.

Samia Naït Iqbal

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