De plus en plus d’experts annoncent dans les médias, sans alarmer le public, qu’une bulle menace l’économie de l’Intelligence artificielle. J’ai choisi une image assez peu orthodoxe pour vous présenter le sujet et mon analyse.
Vous vous souvenez certainement du chewing-gum Globo qui nous faisait éclater la mâchoire pour qu’une bulle apparaisse. Il fallait encore plus de souffle pour arriver à la faire éclater à son tour tant le chewing-gum était épais. Nous reviendrons sur le Globo.
Par ailleurs vous avez tous entendu le mot bulle dans les informations économiques et financières. C’est en général annonciateur d’une catastrophe qui met à bas les entreprises d’un secteur et tout l’environnement économique qui en est rattaché.
Mais qu’est-ce qu’une bulle dans l’économie financière ? Lorsque vous êtes confrontés, en marge du cours, à cette question par les étudiants, le reflexe est de toujours partir de la très simplifiée base de compréhension. C’est ce que nous allons faire dans cette chronique dans le but est de préparer la conclusion que je souhaite partager avec le lecteur.
L’IA est une gigantesque avancée dans les techniques humaines car elle bouleverse tout, aussi bien dans la compréhension du monde, dans la communication et dans les résolutions scientifiques et technologiques. Depuis l’arrivée de ChatGPT, puis ensuite de ses concurrents, l’emballement est frénétique pour investir dans cette technologie afin de ne pas prendre du retard au risque de disparaitre dans la compétition.
Un nombre impressionnant de milliards de dollars a été investi par des entreprises comme par les Etats (en soutien aux entreprises). Et c’est là le commencement du souffle dans la paroi de notre Globo. Chacun dans la cour de récréation rivalisait avec les autres dans sa puissance pour arriver à la plus grosse bulle qui éclaterait la première avec le plus grand bruit. Mais pour eux l’éclatement était le but recherché
Pour la vie économique des entreprises, c’est le contraire, soit arriver à souffler le plus fort en investissement mais sans risquer de faire apparaitre une bulle et encore moins de la faire éclater.
Chaque entreprise y va de son challenge. Si nous prenons l’environnement de l’IA comme une unité, la bulle serait celle de tout le secteur dans lequel l’argent coule à grand flot.
Oui mais voilà, l’emballement général est pris dans une course infernale qui fait perdre aux génies de la finance et aux managers du monde moderne le sens de la base de l’économie que nous essayons de transmettre à nos étudiants d’une manière extrêmement modeste.
Cette base est l’objectif de la rentabilité, l’unique critère juridique qui différencie les associations des entreprises. Il faut que le seuil de rentabilité soit atteint le plus rapidement possible. Et comme ce seuil est encore loin d’être atteint il faut encore et encore injecter des investissements. C’est ce qui se passe dans l’IA.
Un investissement n’est rien d’autre qu’une confiance et un pari sur l’avenir. Et plus la promesse de l’IA est grande par sa demande mondiale gigantesque, plus les investisseurs accourent en misant chaque jour davantage.
Mais les bénéfices liés à l’IA se font attendre et la confiance, si elle n’a pas encore disparue, est plus prudente. C’est du moins ce que nous disent beaucoup d’experts dont le regard est extérieur à la folle course et donc plus serein. Un premier coup de semonce avait été donné lors de l’annonce de l’IA d’une société chinoise, DeepSeek, aussi performante et aux investissements beaucoup moins élevés.
Les géants américains et leurs investisseurs ont eu chaud et surveillent maintenant encore plus la croissance de bien d’autres concurrents, considérés auparavant avec le mépris des plus forts. En fin de compte l’autre leçon connue par les étudiants est la célèbre théorie d’Adam Smith qui est plus que jamais validée dans le monde capitaliste. Lorsque l’offre est plus forte que la demande, les prix chutent. Et ce prix pour les investisseurs et celui des valeurs boursières.
Comme un château de cartes qui s’écroule par l’effet d’un d’enchainement qui entraîne toute la trame des économies qui en dépendaient. L’IA va-elle éclater comme la bulle du Globo ?
Eh bien non si nous considérons le long terme, parce que l’économie se relève toujours si elle a gardé dans ses actifs les valeurs les plus solides. Celles qui ne disparaissent pas et qui reviennent à la vie comme le phénix qui renaît de ses cendres.
Les uns disparaitront, les autres naitront conformément à la loi de la jungle capitaliste. Les cartes seront redistribuées. L’IA ne disparaitra jamais parce qu’elle est définitivement incrustée dans l’avancée de l’humanité. Elle connaitra des transformations et des remplacements technologiques mais elle aura été pour toujours la racine de la nouvelle marche en avant du monde.
Il ne faut pas être un expert boursier pour rivaliser avec le bon sens de nos grands-parents. Ils savaient que tout pouvait s’écrouler sauf l’investissement dans « la pierre (l’habitat) et l’or ».
Voilà pourquoi tata H’lima garde précieusement ses bijoux pour, dit-elle, les donner à sa fille afin de la protéger de toutes les circonstances d’écroulement. L’IA relève de cette pensée.
Oui mais, le Globo a disparu.
Boumediene Sid Lakhdar