26 novembre 2024
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Liamine Zeroual n’a ni l’âme d‘un traître ni celle  d’un complotiste

TRIBUNE

Liamine Zeroual n’a ni l’âme d‘un traître ni celle  d’un complotiste

Il est fort probable que si le général-major Mohamed Mediene s’était tu, Liamine Zeroual n’aurait pas cette mise au point sur leur rencontre de samedi 30 mars.

Il aurait laissé le soin au vice-ministre de la Défense de divulguer la liste des personnes qui ont participé à cette réunion secrète dont il parlait dans son communiqué du 30 mars. «Une réunion a été tenue par des individus connus, dont l’identité sera dévoilée en temps opportun, en vue de mener une campagne médiatique virulente à travers les différents médias et sur les réseaux sociaux contre l’ANP et faire accroire à l’opinion publique que le peuple algérien rejette l’application de l’article 102 de la Constitution », est-il écrit.

Pourtant, certains commentaires de presse n’ont pas épargné Liamine Zeroual cette semaine jusqu’à enflammer les réseaux sociaux contre lui. Désormais, il n’est pas la seule victime de ces attaques, le plus souvent gratuites. Ceci brouille les cartes et créent des suspicions au sein de la masse populaire, certainement que ces insinuations non fondées sur des personnalités politiques ont pour objectif de discréditer leur plateforme de sortie de crise. Après  Hamrouche allié de l’armée, Benbitour qui serait mou, Bouchachi et Tabou, islamistes, voilà qu’on incrimine Liamine Zeroual sur sa gestion passée. Pourtant cet ex-président n’a rien demandé, c’est les citoyens qui sont allés vers lui. Il n’a ni confirmé ni infirmé. Pourquoi lorsque son ex conseiller, Ali Mebroukine, a fait un témoignage en sa faveur, on note plus bas « Les opinions exprimées dans cette rubrique « Débats » ne sont pas celles de la rédaction du journal » (01) et  lorsque c’est contre lui, on l’impute à la ligne éditorialiste de ce journal ? (02).

Comment le mêler à une réunion avec Toufik, Mohamed Chafik Mesbah et une délégation française pour comploter. En quoi est-il responsable de la fraude électorale du candidat indépendant Abdelaziz Bouteflika  et pourquoi ce candidat lui-même frauderait-il ? Rappelons-nous que Bouteflika, pour la majorité des Algériens à l’époque, pouvait concilier les deux tendances dirigiste et ultralibéraliste. Il a «bâti » avec feu Boumediene le modèle de développement par l’industrie industrialisante, n’était-il pas membre du Conseil de la révolution qui a cautionné cette politique depuis plus d’une décennie ?  

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Nombreux sont les citoyens qui ont été trompés par son mimétisme et sa comédie pour imiter feu Boumediene lors de sa première campagne électorale. Pourtant ils n’espéraient aucunement  revenir au dirigisme Boumediéniste mais se disaient, enfin un homme politique qui a hérité de son aura sans gant ferré. Il nous fera l’économie d’un débat d’école stérile entre les deux tendances technocrates. Malheureusement, personne ne doutait ni pouvait remarquer le moindre signe suspect chez l’habile roitelet. « On ne naît pas roi, on le devient par hallucination collective.» Il faut d’emblée rendre à César ce qui appartient à César.

Le nom de Liamine Zeroual est une proposition de certaines personnalités ou si l’on se  réfère à d’autres comme un plan « D » de l’institution militaire par le biais des nostalgiques de l’ancienne DRS avec à leur tête le général « Toufik» qui aurait reçu une délégation américaine.  Ils étayent leur thèse par le portrait géant brandi au milieu de la protesta, place Audin au troisième vendredi. Malheureusement pour les tenants de cette approche, il ne s’agit plus d’une brève apparition-test que pratiquent nos services de renseignement mais son nom émerge subitement et d’une manière continuelle dans toutes les villes d’Algérie sans compter qu’il occupe la tête de toutes les feuilles de route qui sont apparu ces dernières semaines dans les réseaux sociaux.

Ne pas confondre surtout ce « Hirak » à un orage d’été

Pour bien comprendre le pourquoi l’actif de cette personnalité réapparaît par en bas et non d’en haut, il convient justement de relever certaines confusion de ce que de nombreux analystes  ont aimé appeler consciemment ou inconsciemment « Hirak » algérien. En termes simples, ils ont ramené ces protestations à un simple ras-le-bol dû à des différentes raisons dont ce cinquième mandat que la « foule » considère de trop. Ceci a poussé nos constitutionnalistes à se focaliser sur le texte de la constitution algérienne à la recherche des artifices réglementaires pour coopter quelqu’un pour une transition qui les a complètement éloignés du vrai détenteur de la souveraineté et  du pouvoir. Comme si ce torchon considéré comme une loi, est au dessus du peuple. Même dans les discours politiques comme celui qu’a donné le vice ministre de la défense à Ouargla mardi 26 mars dernier, il place le peuple en deuxième position. Avec une certaine mentalité acquise que c’est le peuple qui est au service des institutions et non le contraire. Il est vrai que l’Algérie par son expérience après avoir acquis son indépendance, a été pionnière et un exemple dans des protestations pour ses voisins et le monde arabe. C’était en fait des protestations que les médias étrangers ont appelé « printemps arabe » qui ont abouti à un simple changement de la forme du système qui  est revenu avec un autre visage.

Octobre 1988 en Algérie, l’Egypte en 2011, la Tunisie, la Syrie, en sont édifiants par un non changement dans le fond. Ce que vient d’offrir l’Algérie non seulement à ses voisins mais au monde entier aujourd’hui n’est ni un « Hirak » et encore moins des protestations de simple ras-le-bol mais une révolution qui appelle à un changement profond du système. On peut démontrer que c’est la deuxième après celle de la libération du joug colonial ne serait-que par ses motivations profondes.

La France a « humilié » les Algériens durant près 132 années. Le succès de cette  insurrection telle que l’a appelé le colon, trouve sa source dans la colonisation de peuplement qui  avait expulsé une partie de la paysannerie de sa terre et condamnait, par son existence même, les chômeurs ruraux à ne pas trouver d’emploi dans le secteur agricole. La plupart des postes de cadres moyens ainsi que des fonctions administratives subalternes étaient dévolus aux Européens. Enfin l’identité algérienne elle-même était niée, le pays ayant un statut départemental tandis que l’arabe n’était pas enseigné dans les écoles.

Après cette révolution qui a duré 7 ans au prix de 1,5 million de chahids, ceux qui sont venus après ont tous échoué en fondant un Etat non démocratique basé sur un mode de gouvernance inéquitable, injuste, centralisé voire « presque » dictatorial qui a méprisé le peuple exactement comme l’ont fait les colons. Présenter à cette population algérienne, 57 ans après l’indépendance, un candidat qui a végété au pouvoir et dans une chaise roulante par procuration, c’est plus qu’une humiliation mais un affront du type colonial qui la contrainte à exiger le retour de sa souveraineté et son pouvoir pour les déléguer à celui qui le saura le représenter dignement.

C’est justement cela la révolution qui met en veilleuse toutes les règles de jeu à part celles du propriétaire de cette souveraineté et ce pouvoir. Il faut rappeler au passage que l’Egypte, la Tunisie, le Soudan, l’URSS, l’Arabie Saoudite ont déjà lancé des « Hashtag » pour un retour à ce que vit l’Algérie aujourd’hui, ce qui honore son peuple qui continue ses vendredis pacifiquement.

Dans ce cadre justement, l’élite ne devrait pas s’arrêter uniquement aux règles de droit, mais aller au-delà de l’image d’une simple constitution qui fonde un ordre juridique et de se demander si « le peuple est lui-même fondé juridiquement à faire sa révolution.» La réponse ne se trouvera dans les sociétés contemporaines qui s’adonnent à de la manipulation stratégique calculée, mais celles primitives qui ont inventé le processus du partage du pouvoir sur lequel se base la « démocratie » il y a plusieurs siècles.

Si on sort donc des qualificatifs « Hirak », « protesta » pour parler d’une vraie  « révolution » qui appelle à un changement dans sa profondeur, Les révolutionnaires identifient toujours leurs leaders comme l’ont été les chinois, les russes et bien d’autres dans leur révolutions.

Le nom de Liamine Zeroual a émergé donc par paternalisme à un ancien président honnête, qui vit paisiblement dans sa ville natale, n’est pas un affairiste et encore plus convaincant, il se soignait dans les cliniques de son pays sans valoir un sou au contribuable algérien. C’est un homme dont la qualité principale est celle « d’écouter ». Ceci est primordial pour une période de transition. Hamrouche par exemple qui comprenait l’expression pour l’avoir lui-même libérer, a de suite mis fin aux spéculations par son retrait du débat.                                                                                                                                
R. R.

Renvois    

(01)- https://www.tsa-algerie.com/une-solution-a-la-crise-actuelle-le-retour-de-liamine-zeroual/ 

(02)-https://www.tsa-algerie.com/ni-zeroual-ni-bensalah-lalgerie-a-besoin-dune-vraie-transition-avec-de-nouvelles-figures/

https://www.tsa-algerie.com/said-sadi-accuse-les-anciens-du-drs-de-preparer-une-opa-sur-le-mouvement-populaire/

Auteur
Rabah Reghis

 




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