16 avril 2024
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Libérez Slimane Bouhafs, Merzouk Touati et Saïd Chitour !

Soutien aux détenus politiques d’Algérie

Libérez Slimane Bouhafs, Merzouk Touati et Saïd Chitour !

 Karim Akouche, auteur, nous a fait parvenir cet appel pour libérer les trois Algériens détenus depuis plusieurs mois.

Les prisonniers politiques, hélas, ne se valent pas tous. Seuls les plus exposés médiatiquement bénéficient du soutien d’organismes de défense des droits humains. Les autres, anonymes et plus nombreux, croupissent dans des cachots, dans l’indifférence quasi totale des politiques et des journalistes.

C’est le cas, entre autres, de trois détenus en Algérie : Slimane Bouhafs, un converti au christianisme ; Merzouk Touati, un blogueur ; Saïd Chitour, un fixeur travaillant pour plusieurs télévisions étrangères. Le premier est emprisonné pour avoir exprimé sa foi chrétienne sur les réseaux sociaux ; les deux derniers sont accusés d’ »espionnage » et d’ »intelligence avec l’ennemi ».

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Les ligues de défense des droits humains, à quelques exceptions près, sont gérées comme des succursales, lesquelles se doivent d’être rentables. On y parle chiffres et bénéfices. Les campagnes de communication rapportent de l’argent. On mise sur le marketing et la publicité. On occupe les écrans et les réseaux sociaux. On diffuse des slogans percutants et des spots choc. On copie Hollywood. On fabrique du suspense. Avec de la fureur et du bruit. On investit dans les émotions. On transforme le prisonnier en héros. On en vend plus l’image qu’on en défend les droits. Plus le détenu a un nom, plus les caisses de l’’entreprise » se remplissent. La cause et les idéaux sont souvent relégués au second plan.

Pourquoi ne hausse-t-on pas le ton contre Alger qui brime les libertés d’opinion, de conscience et de réunion ? L’Arabie saoudite est-elle plus facile à critiquer que le « pacha » Bouteflika et ses vizirs engraissés ? A-t-on peur de perdre des privilèges, des amis, des alliés ? A-t-on peur de se faire taxer de néocolonialiste ? Est-on à ce point sourd pour ne pas percevoir le bruit des bottes du régime qui étouffe toute voix discordante ? La police fait subir des interrogatoires à des militants kabyles pacifiques ; pourchasse les chrétiens, les amoureux et les non-jeûneurs. Les autorités font fermer des écoles privées et laïques ; censurent des artistes et des écrivains ; ferment des cafés littéraires, etc. La bureaucratie, la corruption et la pensée moisie du FLN, conjuguée à l’islam politique, bloquent les institutions et la société. L’audiovisuel et la presse écrite, malgré une ouverture tant claironnée, sont contrôlés par l’État. Les écrivains programmés au Salon International du Livre d’Alger sont triés sur le volet et ne sont financés et promus que les projets sociaux et artistiques ne heurtant pas l’idéologie officielle. Un comité de censure, officieux mais très actif, veille aussi bien sur la parole que sur l’écrit, et sort ses ciseaux à chaque fois qu’un libre penseur ose critiquer les tenants du pouvoir et leurs acolytes.

Principe généreux, la Justice devrait se passer de toutes les frontières, de tous les lobbies, de tous les intérêts financiers. Les droits humains sont au-dessus des nations, des castes, des temples et des partis. Universels, valables en tout temps et en tout espace, ils se pratiquent dans toutes les langues, rassemblent tous les sexes et tous les âges, et épousent toutes les couleurs. Les mots de Lamartine, qu’il a dédiés au révolutionnaire haïtien Toussaint Louverture, devraient être gravés au fronton de tous les pays : « Je suis de la couleur de ceux qu’on persécute. Sans aimer, sans haïr les drapeaux différents. Partout où l’homme souffre, il me voit dans ses rangs… « 

Ne laissons pas Bouhafs, Touati et Chitour périr en prison. Évitons-leur un sort semblable à celui de Mohamed Tamalt, ce journaliste qui a été condamné pour « offense aux institutions et outrage au président » avant de mourir en prison, en décembre 2016, dans des circonstances qui ne seront jamais élucidées.

Slimane Bouhafs, Merzouk Touati et Saïd Chitour sont les Raïf Badawi d’Afrique du Nord. Ils ont besoin du soutien de tout un chacun, de tous ceux qui sont épris de liberté. Chaque nuit qu’ils passent en prison est un coup porté au corps fragile de la démocratie, chaque soupir qu’ils poussent est une étoile arrachée du ciel de l’humanité. Ne pas les défendre, c’est être complice de leurs bourreaux. Ignorer leurs souffrances, c’est les emprisonner une seconde fois. Ne pas entendre leurs plaintes, c’est être des êtres égoïstes et froids. Notre silence, c’est la défaite du courage et de la dignité. Notre lâcheté, c’est la victoire de la tyrannie. Leur espoir, c’est notre refus catégorique de l’injustice. Leur libération, c’est notre indignation collective.

La Justice doit recouvrer son esprit. Crions toutes et tous, à l’unisson, en tapant des mains, des pieds, des casseroles et des tambours : Bouhafs, Touati et Chitour sont innocents ! Vite, rendons-leur la liberté et leurs droits confisqués ! Les véritables coupables sont ceux qui les ont mis en prison.

Karim Akouche, écrivain et auteur de La Religion de ma mère, roman éd. Écriture, Frantz Fanon et Michel Brûlé.

Auteur
Karim Akouche

 




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