Vendredi 9 novembre 2018
L’intérêt de l’Algérie vu par Ahmed Ouyahia
« Est-ce que c’est dans l’intérêt de l’Algérie ? », telle était la réponse d’Ahmed Ouyahia à un journaliste qui avait posé une question sur le quatrième mandat, il y’a de cela cinq ans, presque jour pour jour.
Aujourd’hui, le même Ouyahia a monté une coalition à grands renforts de publicité gratuite pour aller à la conquête d’un cinquième mandat pour Abdelaziz Bouteflika. Ahmed Ouyahia est comme ça, il peut dire une chose le matin et son contraire dans l’après-midi. « La tête qui ne tourne pas est une colline », dit un proverbe bien de chez nous.
En réalité, Ahmed Ouyahia agit en fonction de ses intérêts et ambitions personnels. Quand il avait suggéré que le quatrième mandat n’était pas dans l’intérêt de l’Algérie, il a failli le payer cash et très cher. Depuis, l’homme a appris de sa faute monumentale.
Désormais, Ahmed Ouyahia sera plus royaliste que le roi. Si quelqu’un s’attaque à lui, comme Tayeb Louh récemment, il fera le dos rond et organisera illico une réunion avec ceux qui lui restent encore fidèles et appellera solennellement le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, à « poursuivre son œuvre ». C’est apparemment sa nouvelle stratégie, en attendant que l’heure de la succession sonne.
Ahmed Ouyahia n’ignore pas, en effet, qu’Abdelaziz Bouteflika n’en a plus pour longtemps au palais d’El Mouradia. Il n’ignore pas, non plus, que ce n’est sûrement pas en se montrant hostile à un cinquième mandat qu’on se rappellera de lui et qu’on le choisira comme « candidat du consensus ».
Ahmed Ouyahia caresse depuis longtemps l’espoir de succéder à Abdelaziz Bouteflika, mais il n’a toujours pas la confiance totale du chef de l’Etat, semble-t-il.
Pire encore, des indices montrent clairement que le premier ministre est visé, dans le but évident de le mettre hors course en vue de la succession. L’attaque de Tayeb Louh qui n’a pas mis de gants en est une preuve concrète.
Ahmed Ouyahia a pour habitude de démissionner sans opposer la moindre résistance face à des redresseurs télécommandés, certes, mais attention, cette fois l’enjeu est de taille, et l’homme des sales besognes risque de surprendre plus d’un en lançant une contre-attaque qu’on ne lui connaît pas. Comme beaucoup d’autres, Ahmed Ouyahia ne fait que de la diversion avec le cinquième mandat, son intérêt, le seul, étant son propre destin qu’il souhaite ardemment rencontrer.