18 mai 2024
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L’ordre mondial est-il vraiment menacé ?

TRIBUNE

L’ordre mondial est-il vraiment menacé ?

La mondialisation peut être la cause d’un éventuel déséquilibre planétaire, sa fragilité est confirmée devant l’ampleur de la pandémie du Covid-19. Désormais, la communauté internationale n’est plus solidaire. Ce manque de cohésion entre nations soulève des questions très complexes sur le plan éthique et de politique internationale. 

Les réactions de l’OMS, de l’ONU ou de l’Union européenne pour la gestion de la crise sont animées, malheureusement, de la méfiance et du cynisme pour dire qu’elles ont échoué. À part quelques alertes sur le danger du virus, sinon elles attendent les intentions des pays dominants pour annoncer des mesures systématiques.  

La responsabilité de l’OMS vis-à-vis de la négligence des Italiens et des américains est sujette à un débat, car depuis février qu’elle tergiverse, elle a énormément procrastiné sur ce dossier. Elle a refusé d’admettre que c’est une « pandémie mondiale » pour ne pas inquiéter l’administration de Trump qui ne voyait pas du même œil que les autres nations le problème, et en même temps de ne pas responsabiliser les Chinois sur l’origine du virus. Alors que Wuhan, en Chine, est un cas d’extrême urgence, un paradigme sanitaire pour donner des indications précises pour le monde entier afin de déployer des efforts et les mesures à prendre pour limiter la propagation. Sur cet angle, Donald Trump n’a pas hésité à tirer à boulets rouges sur l’Organisation mondiale de la Santé qu’il considère proche des Chinois, et qu’il menace de suspendre son financement. 

Au niveau de l’ONU, le Conseil de sécurité est paralysé depuis que les Américains ont responsabilisé les Chinois sur l’origine de virus. On peut le dire que l’organisation est prise en otage par 5 pays qui n’arrivent pas à s’entendre. La France de Macron qui n’est plus en mesure de rassurer les  Français et  les USA de Trump avec plus de 360 000 personnes atteintes du Covid-19, d’une manière sibylline, invitent le reste des membres permanents à un sommet exceptionnel pour régler la crise dans un cadre, en théorie, réservé uniquement en cas de guerre. Alors que le problème concerne la santé et l’économie mondiale comme ils avaient répliqué les russes et les Chinois pour justifier leur refus de s’associer à l’idée. Dans cette terrible conjoncture qui a démontré leur faiblesse flagrante face à la crise, ces deux pays ont proposé une approche qui y va dans le sens de la géostratégie pour réaffirmer leur puissance aux yeux du monde. 

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L’Union européenne qui fut créée dans un souci de sécurité et de coopération économique, probablement, elle ne sera qu’un lointain souvenir. Une éventuelle implosion pour manque de solidarité est presque inévitable. La réaction hypocrite de certains états membres depuis l’apparition du virus laissera des traces visibles sur l’avenir du vieux continent. Finalement, leur solidarité n’a pas fonctionné dans ces moments difficiles. Jacques Delors, ancien président de la Commission européenne, est sorti de sa réserve, malgré ses 94 ans, il alerte  « le manque de solidarité [entre États membres] fait courir un danger mortel à l’Union européenne. »

Toujours dans le même sillage, un cri d’alarme est lancé par le premier ministre italien Giuseppe Conte. Son pays, issu du sud de l’Europe comme l’Espagne, est abandonné surtout par les États du nord, il avertit : « L’Union européenne ne doit pas commettre d’erreurs tragiques, sinon l’édifice européen tout entier risque de perdre sa raison d’être »

La guerre des masques N-95 comme certains l’ont déclaré, ce morceau de tissu que chacun de nous doit avoir sur une partie du visage pour des raisons sanitaires, a révélé les faiblesses des États de ce monde sur lesquels l’humanité doit y compter.

La grande puissance mondiale notamment les USA est parmi les nations les plus touchées par le coronavirus. Elle est impuissante, fragile et vulnérable. Donald Trump a perdu le contrôle, il ne peut rien faire devant une maladie qui a bien nargué au départ. Dans le même état d’esprit que Boris Johnson du Royaume-Uni, qui est d’ailleurs en soins intensifs à cause du Covid-19, a abordé la crise, il a failli mettre les anglais dans une situation dangereuse. Il refuse de prendre, en termes de prudence, exemple des autres pays.

D’un coup, les grandes comme les petites nations se sont brusquement désolidarisées pour que chacune s’occupe d’un problème qui est censé les lier. Cependant, cette absence d’une mobilisation générale risque de créer un déséquilibre planétaire. Il a résulté de là que, pendant cette crise inattendue, beaucoup d’incidents diplomatiques ont été relevés : rupture des liens de confiance; fermeture des frontières, difficultés à rapatrier leurs ressortissants bloqués, etc… Une injonction venue de l’administration Trump ordonnant à l’entreprise 3M de ne plus livrer de masques au Canada, de même, la France à empêcher une livraison de masques venant de Chine pour la Suède, les italiens ont été abandonnés à leur sort par la communauté européenne, des milliers d’algériens bloqués en Turquie sans pouvoir entrer chez eux, quelques médecins français sans scrupule décident de tester des vaccins sur les populations africaines, etc.. Avec la crise, il y a une forme d’anarchie diplomatique qui règne sous nos yeux.

Les Etats communistes ont tendance à être plus souples et plus solidaires envers les pays issus de l’Occident victimes de la crise sanitaire. Paradoxalement, l’Italie et la Grèce ont reçu de l’aide du Cuba au non de l’Allemagne avec laquelle sont unies dans l’Europe ; la Chine qui est au secours de la planète pour la fourniture en masques ; la Russie, dans un geste humanitaire, a envoyé de l’aide dans un cargo militaire bien chargé en équipement médical pour New York, l’État le plus touché des USA. Elle a fait la même chose pour l’Italie, elle a dépêché plusieurs avions avec des virologues et des laboratoires de désinfection mobiles. 

Ce qu’il ne faut pas perdre de vue, c’est le repositionnement géopolitique de ces trois pays salvateurs. En faisant de la diplomatie sanitaire comme stratégie non désintéressée, la Chine a justement cette longueur d’avance sur les américains. 

Tout compte fait, ce virus a démontré littéralement la hargne des dirigeants du néolibéralisme, et la jovialité des dirigeants de l’antilibéralisme. La question qui se pose est de savoir quel est le modèle politique à privilégier si demain l’humanité est contrainte d’installer un concept d’un nouvel ordre mondial dans lequel il doit y avoir plus de solidarité, d’humanisme, d’équité et de justice sociale. 

L’inquiétude est réelle, il suffit de voir les comportements de chacun pour comprendre que la planète est en danger avec des gouvernements puissants, parfois despotiques et autoritaires. Noam Chomsky, grand analyste américain, dans sa dernière intervention, il n’a pas été tendre avec Trump qu’il décrit comme un « bouffon sociopathe » et les grands de ce monde. De ces termes : «L’un des éléments les plus ironiques de la crise virale actuelle est que Cuba aide l’Europe. L’Allemagne ne peut pas aider la Grèce, mais Cuba peut aider les pays européens ». 

Plus loin, il poursuit : «Dans un monde civilisé, les pays riches apporteraient leur aide à ceux qui sont dans le besoin, au lieu de les étrangler ». 

Naturellement, il s’inquiète des pays qui souffrent de manque de moyens médicaux comme ceux de l’Afrique. Si les grands de ce monde ne s’entendent sur un minimum pour le bien de l’humanité, les états issus du tiers monde, dans les prochains mois, seront les premiers à être exposés au virus. 

D’ici là pour éviter la propagation et le risque d’être malade, il leur reste que le confinement, une ultime solution que les spécialistes de la santé préconisent. En attendant qu’un vaccin soit émis et permis par les lobbys de la pharmaceutique qui sont directement connectés à l’establishment et à la finance internationale qui contrôle le monde dans lequel où vivons-nous. 

Ce qui s’est passé en France avec Dr Didier Raoult peut nous donner un bon aperçu sur les enjeux du marché des médicaments et les influences politiques sur celui-ci. En France, un arrêté (1) du journal français est émis le 15 janvier 2020 par la ministre et des solidarités françaises, en pleine période de pandémie du Covid-19, que la chloriquine est un médicament : « est classe à la liste 2 des substances vénéneuses hydroxyiloroquine sous toutes ses formes ». Une décision qui a fait l’objet d’une polémique médico-médiatique qui a divisé la France. 

Grâce à une bataille médiatique menée par Dr Didier Raoult dans réseaux sociaux et non dans les médias conventionnels comme la télévision et les journaux, le pouvoir de Macron a reculé, il a cédé et il a annulé cet arrêté controversé. Finalement, le médicament peut être administré pour soigner les malades atteints du coronavirus, et la solidarité des français a fini par lui donner raison. Une petite bataille vient d’être gagnée, il reste les grandes. 

Noam Chomsky, de ses 91 ans, n’a pas hésité de qualifier la crise d’un bon exemple pour y réfléchir à notre monde demain. Il affirme : « La crise du coronavirus pourrait amener les gens à réfléchir au type de monde que nous voulons » (2). Il prédit d’autres problèmes comme la menace nucléaire et la détérioration de l’environnement auxquels l’humanité doit se préparer sérieusement pour faire face. 

Messaoudene Mahfoudh

Québec, Canada

Renvois

  1. https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000041400024&categorieLien=id

  2. https://www.les-crises.fr/noam-chomsky-nous-allons-surmonter-la-crise-du-coronavirus-mais-nous-avons-des-crises-plus-graves-devant-nous

 

Auteur
Mahfoudh Messaoudene

 




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