24 novembre 2024
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Lounis Aït Menguellet revisité : « Ammenuɣ », belligérances… dans les gènes !

POESIE

Lounis Aït Menguellet revisité : « Ammenuɣ », belligérances… dans les gènes !

Crédit photo : Hayet Aït Menguellet.

Ce n’est qu’en 2010, soit cinq ans après  » Yenna-d Umɣar » que Lounis nous concocte un nouvel album. Est-ce par manque d’inspiration qu’il nous a fait attendre aussi longtemps ? Il faut croire que oui, puisque le titre éponyme de l’opus est justement « Tawriqt tacevḥant », la page blanche.

Toutefois, puisqu’il lui aura fallu plus de 5min de chant et de poésie pour décrire cette sensation de page blanche, il faut croire aussi que même le manque d’inspiration est une source de création pour notre barde.

La nouveauté dans cet album c’est la reprise de l’indémodable « blowing in the wind », de Bob Dylan, que Lounis transforme en « Lewǧab deg waḍu », avec un texte conforme à l’original et une interprétation, oscillant entre folk et country music, fort réussie. Cependant, tel que sorti en France, l’album ne contenait pas de 7ème titre. Ce fut une sacrée déception pour quelqu’un qui peut se vanter de posséder la totalité de l’œuvre de son idole. Il aura donc fallu attendre un petit voyage au bled pour se procurer le même album avec « Lewǧab deg waḍu » en supplément. 

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Sur les sept titres nous avons choisi de vous traduire « Ammenuɣ », car Lounis y fait défiler les belligérances permanentes qui ont structuré, et structurent toujours, l’évolution de la vie sur Terre depuis qu’elle s’y est développée. La vie n’est finalement qu’une combinaison de joutes entre espèces et à l’intérieur des mêmes espèces, la ruse et la force faisant loi. Et malgré son intelligence supérieure supposée, l’Homme n’échappe pas à une règle qui se veut générale pour le monde animal.

Un monde dont il n’est qu’une ramification parmi des millions d’autres qui se succèdent depuis que les premières cellules de la vie sont apparues sur notre petite et fragile planète bleue. Quant au ciel exclusif des humains, il peut bien attendre…

« Ammenuɣ », belligérances

À l’aube du premier matin

À la genèse de la création

De la mer surgit un poisson

Face à lui le soleil et son illumination

De tout cela il prit possession

Voilà que son frère rentre en compétition

Il le culbute et le fait choir

Avant qu’il n’ait pu crier il n’en fait qu’une bouchée

Je ne sais pas pourquoi mais

Ce jour-là les belligérances ont commencé

 

Vint l’Homme qui se mit à se contempler

De ce qu’il voit il est impressionné

De questions il se torture l’esprit

Où va-t-il et d’où vient-il

Pour se réconcilier avec son ego

Pour faire face aux imbroglios

Il lève les yeux vers le ciel

Et lui dit : « je suivrai ta volonté »

Je ne sais pas pourquoi mais

Ce jour-là les belligérances ont commencé

 

Un pays se dresse contre un autre

Et lui dit : « je veux m’élargir

Tes terres tu dois me les laisser

Sinon je te combattrai

Tu ne peux pas te défendre

C’est par la base que je te saperai

Tes terres il me les faut

Je saurai mieux m’en occuper »

Je ne sais pas pourquoi mais

Ce jour-là les belligérances ont commencé

 

Ils sont à la recherche de la clef

Avant même de trouver la porte

Ils se préoccupent du printemps

Alors qu’hiver et gel les entravent

Les uns disent : ils se soucient de leur pitance

Les autres devisent : c’est leur façon de voir plus loin

Chacun voit ce qu’il veut bien voir

Entre eux c’est désormais la discorde

Je ne sais pas pourquoi mais

Ce jour-là les belligérances ont commencé

 

Dès que le père prononce un mot

Le fils accoure pour obéir

Son maître l’arrête 

Et lui dit : « Reste où tu es

Dis à ton père l’impertinent

Les règles ont changé

Quoique tu veuille sollicite mon agrément

Que je sois d’accord ou non »

Je ne sais pas pourquoi mais

Ce jour-là les belligérances ont commencé

 

Entre frères c’est la partition

Chacun une belle part d’avoirs

L’ainé se dresse pour contester

Celles du benjamin et du cadet

« De vous tous je suis le plus âgé

Mes printemps valent leur complément

De nous tous je suis le plus instruit

De l’avoir je dois vous surpasser »

Je ne sais pas pourquoi mais

Ce jour-là les belligérances ont commencé

 

Quand le monde sera anéanti 

Quand ce sera l’extinction fatale

Le jour ne poindra plus

L’Histoire de la vie s’achève

Tout ce qui était n’est plus

Comme s’il n’avait jamais existé

Quand le dernier homme tombera

Il s’écriera : « sur qui déverser mon courroux »

Je ne sais pas pourquoi mais

Ce jour-là les belligérances prendront fin.

Auteur
Kacem Madani

 




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