23 novembre 2024
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Lounis Aït Menguellet revisité : «Echna» ou laissez-moi chanter !

POESIE

Lounis Aït Menguellet revisité : «Echna» ou laissez-moi chanter !

Il aura fallu attendre trois longues années après Asefru pour que maître Lounis nous gratifie d’un nouvel album.

Entre-temps, il fait un passage dans les studios parisiens pour réenregistrer les succès de ses débuts, ceux des 45 tours de l’époque. Titres réinterprétés et rassemblés par la suite en quatre albums et 47 chansons. 

Auprès du grand public la nouvelle production n’avait pas égalé le succès des précédentes, mais nous les inconditionnels, c’est-à-dire, à minima, la moitié de la Kabylie, nous nous sommes rués les yeux fermés pour avoir une copie de la cassette.

Pour l’anecdote, à Larvaa-Nath-Iraten, il y avait une queue interminable devant le disquaire, jusqu’à rupture de stock, le jour de sa sortie, à l’été 1989. Trois ans c’était trop long pour écouter du nouvel Aït Menguellet. Il faut dire que ce ne sont pas juste quelques poignées d’admirateurs qui s’impatientent avant chaque nouveauté annoncée de notre barde mais nous tous les villageois, du Djurdjura aux collines de Larvaa, « kachouch, machouch ». 

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Dans « Achimi », Lounis reprend quelques thèmes habituels de l’engagement permanent avec un langage direct et sans salamalecs, notamment dans la chanson éponyme de l’album. Après une courte introduction Lounis se fend d’emblée d’un couplet qui en dit long : 

Win idiruhan yebud rebiss dha m3iwene, 

Kemel ayen id’yougran oulla dh’rebbi dhayla n’sene 

Chaque envahisseur ramène son Dieu comme soutien

Pourquoi les contester si même Dieu leur appartient ?

Tout est résumé. Rien à rajouter, sinon que nos concitoyens arabophones peuvent comprendre, à travers ce simple couplet, pourquoi la Kabylie maintient son état de conscience à un niveau bien plus élevé que la moyenne nationale. Maître Lounis y est pour beaucoup.

En lieu et place d’Achimi, nous avons préféré vous traduire echna. La prose utilisée démontre le contrat moral et l’intégrité d’un homme qui ne s’est jamais laissé berner par quelconque appel de sirènes factices. 

En ses temps de gloire, Bouteflika n’avait-il pas avoué « même si je le voulais, je ne pourrais pas acheter monsieur Aït Menguellet » ? Eh oui ! Contrairement à celle d’Ouyahia, la moustache de maître Lounis est celle de l’honneur. Et l’honneur ça ne se vend pas ! 

« Echna » ou laissez-moi chanter !

Si on pouvait chevaucher le temps

Et modifier le passé

Nous améliorerions chaque journée

« Si » est le vocable préféré

De ceux qui sont inoccupés

Le temps continue son avancée

Tout ce qui s’est passé

C’est avec la braise brûlée

Que nous en sommes échaudés

 

Je voulais faire une chanson

Pour nous souvenir en chantant

Contre moi ils se sont dressés 

Pour me dire à quoi bon

Tout ce qu’on a payé au prix fort

Nous le livrons à bon marché

Personne n’ose demander pourquoi

Dans le vent tu me crois fouiner

Quand aurons-nous des jours meilleurs

Ton printemps paraît si loin compagnon

 

Je voulais faire une chanson

Pour démêler le passé

Contre moi ils se sont dressés 

Pour me dire il n’est pas à toi

Ne chante pas Notre passé

Nous l’avons de notre sang érigé

Nous sommes décidés à le sauver

Dans le vent tu me crois fouiner

Quand aurons-nous des jours meilleurs

Ton printemps parait si loin compagnon

 

Je voulais faire une chanson

Pour chanter ce qui s’est passé

Contre moi ils se sont dressés

Pour me demander qui tu es

Les faits ne sont pas ton histoire

Tu n’en as aucune part

C’est nous qu’elle a choisi pour parrains

Dans le vent tu me crois fouiner

Quand aurons-nous des jours meilleurs

Ton printemps parait si loin compagnon

 

Je voulais faire une chanson

Pour m’enquérir qui je suis

Contre moi ils se sont dressés

Pour me dire nous savons qui tu es

Nous allons t’expliquer d’où tu viens

Nous te vêtirons comme un saint

Laisse-toi griser en festoyant

Dans le vent tu me crois fouiner

Quand aurons-nous des jours meilleurs

Ton printemps paraît si loin compagnon

 

Je voulais faire une chanson

Pour chanter vous êtes si bon

De partout ils se sont dressés

Pour me surnommer l’obligeant

Tu as rejoint les compétents

Tu as fait le choix des magnats

Avec nous tu t’entendras

Dans le vent tu me crois fouiner

Quand aurons-nous des jours meilleurs

Ton printemps paraît si loin compagnon

 

Je voulais faire une chanson

Pour chanter ce qu’a laissé le néant

Contre moi ils se sont dressés

Pour me dire tu as perdu la raison

J’ai jeté un œil en arrière

Il n’y avait plus aucun compère

J’ai vu le vide s’emplir d’appréhension

Dans le vent tu me crois errer

Quand aurons-nous des jours meilleurs

Ton printemps paraît si loin compagnon

 

Auteur
Kacem Madani

 




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