25 avril 2024
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Macron droit dans ses bottes face à la colère des Français

Manifestation contre la réforme des retraites

Manifestations, grèves reconductibles, ronds-points occupés: plusieurs actions de blocage ont lieu ce mardi 7 mars pour mettre la France « à l’arrêt » contre la très contestée réforme des retraites défendue par Emmanuel Macron, avant sa probable adoption par le Parlement d’ici quelques jours.

Colère et galère résument la situation des grévistes qui ont battu le pavé des rues françaises. « Il se moque de nous Macron, il répond à l’agenda du capital et rien d’autres », lance Gilles le poing levé. « Il est sourd aux cris de la rue, il risque un mai 68 si ça continue comme ça », crâne un quinquagénaire.

Les syndicats sont vent debout. Le secrétaire général du syndicat CFDT, Laurent Berger, a salué mardi midi une « mobilisation historique », avant le départ du cortège parisien. À ses côtés, son homologue de la CGT, Philippe Martinez, a assuré que « ça va être la plus forte journée de mobilisation depuis le début de ce conflit ».

Première action d’envergure de la journée, les expéditions de carburants ont été bloquées dans la matinée à la sortie de « toutes les raffineries » de France, a affirmé à l’AFP le syndicat CGT-Chimie, assurant que des raffineries de TotalEnergies, Esso-ExxonMobil et Petroineos étaient notamment affectées. Dans la nuit de lundi à mardi, des manifestants ont, eux, commencé à bloquer un important axe routier de Rennes, dans l’ouest de la France.

Cette sixième journée d’actions doit également être marquée par le lancement de grèves reconductibles dans plusieurs secteurs, des transports aux raffineries en passant par l’énergie, le commerce ou les déchets, et par des manifestations qui s’annoncent très suivies.

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La manifestation parisienne a débuté à 14 heures de Sèvres-Babylone en direction de la place d’Italie (est). Selon le syndicat CGT, environ 700 000 personnes y ont participé, soit davantage que lors des précédentes journées d’action, où les estimations du syndicat n’avaient jamais dépassé 500 000 personnes. De son côté, la préfecture de police a compté 81 000 manifestants dans les rues de la capitale.

La CGT a annoncé au total 265 rassemblements en France. Selon la CFDT, quelque « 320 points de rassemblements » étaient prévus, y compris « dans des endroits où il y en a jamais eu » avec des défilés annoncés de Paris à Marseille en passant par Nice, Montpellier et de plus petites villes comme St Lo (Manche), Valenciennes (Nord) et Calais (Pas-de-Calais). Des rassemblements ont par ailleurs eu lieu sur des ronds-points depuis le début de la matinée.

Au niveau national, la CGT a recensé 3,5 millions de manifestants, soit plus que la journée record du 31 janvier, où 2,5 millions de personnes avaient été évoquées. Ils étaient 1,28 million de manifestants en France ce mardi, selon les chiffres rendus publics par le ministère de l’Intérieur. Le 31 janvier, les autorités avaient comptabilisé 1,27 million de manifestants et les syndicats 2,5 millions.

Parmi les premiers cortèges à s’élancer, celui de Clermont-Ferrand était fort de plusieurs milliers de personnes. À La Réunion, depuis 5 heures (8 heures à Paris) environ 4 000 personnes, selon les syndicats, 2 300 à 2 500 selon la préfecture, manifestaient à proximité de plusieurs ronds-points dans toute l’île. Face « à la situation de blocage », Emmanuel Macron doit « trouver une sortie par le haut », « ou bien une dissolution » de l’Assemblée nationale, « ou bien un référendum », a plaidé Jean-Luc Mélenchon (LFI) dans le cortège marseillais.

Des étudiants en grève sur des poubelles devant leur lycée mardi 7 mars 2023 à Paris. AP – Michel Euler

Un test majeur pour le gouvernement

Depuis des semaines, le mouvement social s’étend à toutes les couches sociales. Un climat de suspicion envers le gouvernement s’installe. La rue n’a plus confiance. Le secrétaire général de Force ouvrière a affirmé que « dans plein d’endroits, la France est à l’arrêt », suivant le mot d’ordre de l’intersyndicale, ce qui « démontre que la stratégie fonctionne » et justifie donc de poursuivre « jusqu’au retrait de cette réforme ».

Avis partagé par Laurent Berger : « Il ne faut pas se résigner, c’est possible de faire reculer le gouvernement sur les 64 ans », a lancé sur LCI mardi matin le patron de la CFDT, prévenant que « la grande majorité des salariés seront appelés à de nouvelles initiatives » si l’exécutif ne revient pas sur son projet.

Le taux moyen d’enseignants grévistes est, ce 7 mars, de 32,71%, dont 35,35% dans le primaire et 30,09% dans le secondaire (collèges et lycées) selon le ministère, bien en deçà des chiffres des syndicats. Les syndicats Snuipp-FSU et Snes-FSU ont annoncé des taux de grévistes d’au moins 60% dans le premier et le second degré. Le taux de grévistes le plus élevé chez les enseignants date du 19 janvier, lors de la première journée d’action, avec 42,35% dans le primaire et 34,66% dans le secondaire, selon le ministère.

À la SNCF, il y avait 39% de grévistes à midi, selon une source syndicale, soit moins que le 19 janvier (46,3%), première journée de mobilisation contre la réforme des retraites. En revanche, la participation dépasse les mobilisations des autres journées et notamment celle du 31 janvier qui avait enregistré 36,5% de grévistes. On compte notamment 76% de grévistes chez les conducteurs et 55% chez les contrôleurs.

Du côté des transports en région parisienne, la RATP prévoit une amélioration du trafic mercredi dans le RER et les autobus, mais un service toujours très ralenti dans le métro, hors lignes automatisées.

Selon la direction d’EDF, 41,5% des salariés du groupe avaient cessé le travail à la mi-journée. Le taux de grévistes avait atteint 44,5% le 19 janvier, et 40,3% le 31 janvier.

La mobilisation des fonctionnaires a connu un net regain, avec 24,4% des 2,5 millions d’agents de la fonction publique d’État en grève à la mi-journée, selon le gouvernement, contre moins de 5% lors de la grève du 16 février.

Par ailleurs, la mobilisation a concerné 11% des 2 millions d’agents de la fonction publique territoriale et 9,4% dans le versant hospitalier (sur 1,2 million d’agents), selon le ministère de la Fonction publique à la mi-journée. Le 16 février, le taux de grévistes s’était élevé à 1,3% dans le versant territorial et à 7,1% dans les hôpitaux à la mi-journée.

L.M./RFI

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