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Mali : rançon en échange d’otages et poursuite du blocus, comment le Jnim resserre l’étau sur Bamako

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Au Mali, les jihadistes du Jnim ont libéré la semaine dernière deux otages émiriens et un Iranien, en échange d’une rançon de 50 à 70 millions de dollars et de matériel militaire. Le blocus sur les importations de carburant entamé début septembre se poursuit, entraînant l’arrêt de nombreuses activités, la fermeture des écoles et la raréfaction de certains produits.

Les attaques jihadistes sur les routes maliennes sont quasi quotidiennes et, ces derniers jours, plusieurs ambassades ont appelé leurs ressortissants à quitter le Mali dès que possible. Le Jnim se renforce et resserre l’étau sur Bamako, privilégiant l’étouffement économique à l’assaut par les armes. Analyse.

Les trois hommes, deux Émiriens et un Iranien, avaient été capturés à une trentaine de kilomètres de Bamako le 23 septembre dernier, dans un aérodrome privé de la commune de Sanankoroba. Des négociations pour leur libération avaient très rapidement été enclenchées, via plusieurs intermédiaires, sous l’égide des services maliens de renseignement. La libération a finalement pu avoir lieu 29 octobre dernier. D’après les informations révélées par notre confrère Wassim Nasr de France 24, que RFI a pu recouper depuis, une rançon de 50 à 70 millions de dollars a été versée. Plusieurs tonnes de matériel militaire – véhicules et armement – ont aussi été livrées au groupe jihadiste. Selon plusieurs sources, un échange de prisonniers a également eu lieu.

Dans les caisses du Jnim

« Le versement d’une rançon colossale constitue une injection de liquidités immédiate et massive dans les caisses du Jnim, explique Bakary Sambe, directeur à Dakar du centre de recherche Timbuktu Institute. Ce n’est pas une simple rentrée d’argent, ça pourrait être un accélérateur stratégique : le groupe peut convertir des fonds en capacité opérationnelle concrète, avec l’achat d’armes lourdes, d’explosifs, de drones de reconnaissance ou d’attaque, des armes légères ou des systèmes de communication cryptée ».

« À cela s’ajoute la livraison de matériel exigée en échange de la libération des otages, poursuit Bakary Sambe, avec des véhicules tout terrain renforcés, carburant, pièces détachées, voire armes légères, ce qui renforce directement la logistique et la mobilité du groupe. Cela pourrait aussi faciliter un recrutement accéléré, et surtout une amplification de la propagande : chaque rançon payée est présentée comme une taxe sur les « croisés économiques« , légitimant le jihad économique et attirant de nouvelles recrues. Il est clair qu’à court terme, c’est une montée en puissance exponentielle, analyse le directeur du Timbuktu Institute. Plus de raids, plus sophistiqués et surtout une capacité à tenir des zones sous blocus prolongé, comme les axes Kayes-Bamako ou Bamako-Ségou ».

Dans le même temps, les jihadistes du Jnim resserrent inlassablement leur étau sur la capitale malienne, Bamako. Le blocus sur les importations de carburant entamé début septembre se poursuit, entraînant l’arrêt de nombreuses activités, la fermeture des écoles et la raréfaction de certains produits. Les attaques jihadistes sur les routes maliennes sont quasi quotidiennes et, ces derniers jours, plusieurs ambassades ont appelé leurs ressortissants à quitter le Mali dès que possible. C’est le cas des États-Unis, du Canada, de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de l’Espagne, de l’Italie ou encore de l’Australie.

Un « étouffement progressif » plutôt qu’un « assaut frontal »

Pour autant, les jihadistes ne semblent pas préparer un assaut militaire contre la capitale malienne, mais plutôt œuvrer à un épuisement économique destiné à fragiliser le régime de transition en place. « Plusieurs aspects m’inspirent la prudence sur l’imminence d’un assaut frontal sur Bamako qui, estime le directeur du Timbuktu Institute, n’est ni dans la doctrine, ni dans les capacités actuelles du Jnim. Ce n’est pas son objectif. Le groupe a dû apprendre des expériences passées [notamment l’occupation et l’administration des régions du nord du Mali pendant dix mois en 2012, NDLR] et a fait le choix stratégique de l’étouffement progressif : une guerre d’usure économique et politique, qui délégitime le régime sans jamais s’exposer à une bataille conventionnelle qui serait perdue d’avance ».

Depuis juillet dernier, plusieurs attaques ont ciblé des sites industriels ou miniers, notamment dans la région de Kayes, qui représente 80% de la production d’or du Mali, sa principale richesse. On peut citer la cimenterie Diamond Cement Factory à Kayes – trois ingénieurs indiens avaient été enlevés – et plusieurs mines de la région de Kayes (une dizaine de salariés chinois kidnappés). La mine de lithium de Bougouni, exploitée par l’entreprise britannique Kodal Minerals, a également subi plusieurs raids. Sans parler, bien évidemment, des destructions de plusieurs centaines de camions citernes depuis deux mois sur les routes reliant Bamako au Sénégal ou à la Côte d’Ivoire, qui ont créé une pénurie d’essence massive dans tout le pays et jusqu’à Bamako.

« Le Jnim veut que Bamako s’effondre de l’intérieur »

« Le Jnim, dans le contexte actuel, ne veut pas ipso facto prendre et gouverner Bamako, il veut que Bamako s’effondre de l’intérieur, analyse Bakary Sambe, avec des chutes de recettes d’exportation, la fuite des investissements directs et un mécontentement populaire, surtout que le régime avait promis la sécurité et la souveraineté avec Moscou. Aujourd’hui, le Jnim essaie de renvoyer l’image d’un échec cuisant. C’est une guerre par asphyxie, mais aussi par une stratégie de décrédibilisation, en démontrant tous les jours qu’il y a une incapacité à assurer la sécurité des populations ». 

Dans une note à paraître ce mardi, le Timbuktu Institute développe une analyse fouillée sur cette « Offensive du Jnim : entre « jihad » économique et menace des intérêts étrangers ».

Dans un communiqué diffusé ce lundi, l’armée malienne affirme avoir ciblé « une importante base terroriste » près de Sirakoro, région de Bougouni, dans le centre du pays. Selon l’état-major, le site servait « à la planification d’attaques contre les convois de citernes de carburant ». L’armée malienne revendique « plus d’une dizaine de terroristes neutralisés » et du matériel détruit ou récupéré. Cette opération aura « sans nul doute, selon le communiqué, des répercussions significatives sur l’approvisionnement en hydrocarbures ».

Rfi

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