Jeudi 25 avril 2019
Mansour Bekhti Dahmour, un jeune idéologue du «Hirak algérien »
Mansour Bekhti Dahmour est certainement un nom à retenir. Poète, il s’intéresse grâce à ses études de master en histoire, aux mouvements de contestations politiques du monde arabe.
Il vient de publier aux éditions électroniques, Zakhat Achohob (Pluie de météorites), un essai sous le titre bien pompeux de Philosophie de la révolution : Vision de la société algérienne à la création de la Deuxième république. (La phase de pré-fondation).
L’ouvrage est libre et gratuit à tout téléchargement, il est mis à la disposition de tous les Algériens et Arabes de par le monde, écrira l’auteur. Il est même téléchargeable sur le site arabe, Dialogue de civilité (Al-Hiwar al-mutamadin) qui regroupe des intellectuels et militants laïques, athées et militants progressistes de gauche de par le Monde arabe.
Sur 134 pages et 8 parties, le petit ouvrage de Mansour Bekhti Dahmour s’ouvre sur deux photos commémoratives de son frère, Rabah, en tenue de combat et kalachnikov au bras, mort aux combats face aux hordes terroristes islamistes, durant la décennie rouge. Une évocation qui mérite tout le respect de la part de la dignité humaine.
Le livre de M. B. Dahmour, et selon son auteur, a été suscité suite aux propos qui mettaient sous la forme d’alertes et d’avertissements sur les médias sociaux, en direction de l’opinion algérienne, sur une probable ingérence d’une « main interne et étrangère » dans la manipulation ou la déviation du mouvement populaire de 22 février. L’essai de M. B. Dahmour se veut une réponse intellectuelle à cette machination émanant d’un pouvoir en déboire.
L’ouvrage est subdivisé en huit chapitres, allant de L’insurrection populaire et le changement des mentalités, à la Révolution populaire et la destruction des régimes, en passant par des questions philosophiques et politiques sur les notions, d’idéologies, de la nation, de l’identité nationale, de la révolution populaire et celle des individus.
Au premier chapitre, Dahmour évoque la question du soulèvement populaire en relation avec ce qu’il nomme, changement des mentalités où un débat pourrait se situer en rapport avec l’aspect social et la question du changement subit au niveau de « l’esprit collectif des peuples ». le jeune auteur, parle d’une « récession du stade de la conscience révolutionnaire » que constitue une révolution en quête de liberté, contre les formes de tyrannies.
Il fait référence à ce qu’il appelle « les nouveaux révolutionnaires » et aux luttes généralisées, en observant en elles, un nouveau type de changements qui émerge afin de s’aligner sur ce qu’il nomme « les guerres de la cinquième génération », en révolte contre celle qui a trahie la lutte contre la tyrannie. Les moyens de cette nouvelle lutte sont le pacifisme dans « une unité de l’esprit du peuple ».
M. B. Dahmour évoque les conditions sociales et historiques de cette « industrie des révolutions dans son ensemble », qui selon ses propos, sont formés de « révolutions pacifiques de l’accumulation historique » permettant à la formation d’un sentiment collectif chez ces peuples en révolte et qui ne demandent que le changement.
Au quatrième chapitre de Philosophie de la révolution, le militant du « hirak algérien » parle de révolution subjective et de révolution dirigée ou orientée. Il affirme que « l’étape de la direction d’une révolution constitue le plus grand danger pour le mouvement populaire algérien, di elle ne prend pas en considération l’unité des rangs et les principes de cette même révolution », tout en critiquant le rôle des médias, des intellectuels, de l’argent sale, enfin tout ce qui peut être exploité par le pouvoir tyrannique ou même les pays étrangers voulant manipuler la rue et briser la révolte.
M. B. Dahmour ne ménage aucun effort à donner des directives et orientations sur comment résister et détourner les visés de ces forces contre-révolutionnaires. Pour lui, la révolution peut prendre deux formes : une révolution populaire et une révolution des individus. Il évoque la révolution en tant que conception sociale, de son avortement et de sa fin, reléguant cette dernière à celle des dirigeants mêmes de ce mouvement.
Il estime qu’une révolution populaire ne peut être anéantie qu’à une condition, celle où les peuples se sachent comment la diriger. Au sixième chapitre, le théoricien du « hirak algérien » évoque le conflit entre « identité nationale aux autres identités » en rappelant le danger que peut accourir « une philosophie du Soi » face à l’intervention, de ce qu’il appelle « les mains de la trahison » visant à diviser le pays dans des luttes ethniques et linguistiques. Il conseil le mouvement algérien de prêter un peu plus d’attention à la gravité de cette question. Le chapitre suivant traite du « danger des idéologies dans une révolution populaire » qui peut créer des conflits et des guerres confessionnelles à l’intérieur de la révolution même. Il considère que ces idéologies ne peuvent que créer des illusions au sein de ce mouvement populaire. La solution est d’adopter une « idée d’un patriotisme » unificateur, permettant d’éviter tout danger menaçant le pays, arabe ou musulman soit-il et dans son intégrité. En fin de l’essai « révolutionnaire », le jeune Mansour Bekhti Dahmour, né en 1989 et ayant fait des études à Cambridge, à l’université d’El-Medina (Arabie-Saoudite) pour atterrir à l’université de Baghdâd avec une spécialité en géostratégie bien mérité des services spéciaux anglo-saxons, aborde les dangers qui guettent le « hirak algérien » une fois le régime de la tyrannie évincer du pouvoir. Selon lui, la solution réside dans un retour à l’idée de l’unité nationale et à la valeur de la défense de l’intégrité territoriale de la patrie. Il croit en le modèle algérien qui ouvre une nouvelle ère pour des révolutions à venir, qu’il nomme « révolutions conscientes » donnant naissances à des « républiques de gouvernances ».
L’auteur de Philosophie de la révolution, considère que les années à venir connaitront la chute de ce qu’il qualifie des « royaumes arabes et de la fin des monarchies ». L’Europe ne sera certainement pas épargnée face à une débâcle généralisée afin de constituer de nouvelles républiques. Et le jeune idéologue du catastrophisme généralisé, déclare que nous assisterons dans les 10 prochaines années, à la création d’une Union des républiques islamiques ou à un Commonwealth islamique dans lequel le conflit entre Orient et Occident sera inévitable, laissant présager une tragédie humaine dans les années qui suivent.
Philosophie de la révolution est un manifeste pour un mouvement de masse hétérogène, refusant tout forme d’organisation et ce limitant à la criarde des vendredis et des mardis, n’aboutissant qu’au seul recyclage des institutions tyranniques. L’ouvrage renfloue des concepts bien amplis d’idéologèmes faisant de l’écrit de Dahmour un panier à crabes pour une aliénation politique.
La formation culturelle de l’auteur est certainement pour beaucoup dans sa disponibilité d’accepter d’être un docile instrument d’un programme élaboré par une intelligence artificielle. Nos bancs d’écoles et nos amphis universitaires pèsent lourdement sur l’embrouillement des idées et des pensées politiques. Il a bien fait une licence universitaire en histoire, dans un département totalement vidé de perspectives rationnelles et critiques. La dimension subjectiviste de l’auteur, nous la décelons au sein de certains acteurs du « hirak algérien », un nihilisme aveuglant qui veut remplacer, à tout prix, toute implantation d’une réelle pensée de ce mouvement populaire. Ce dernier pourrait durer dans le temps, mais étant bien poreux, il ne pourra agir contre les idées décadentes et réactionnaires. Déjà un cercle des Black-Bloc est en formation sous l’étiquette subjectiviste des anarcho-gauchistes.
Nous noterons que l’écrit de Dahmour est dans un arabe à portée d’une jeunesse qui aime les texto d’alertes numériques, il occulte un certain nationalisme-fasciste qui se développe à l’ombre d’un catastrophisme mondiale arrangeant les tenanciers du capital mondial et nullement les futurs prolétaires du chaos.