22 novembre 2024
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AccueilChroniqueMaraudeur en Kabylie, SS en Rhénanie (2)

Maraudeur en Kabylie, SS en Rhénanie (2)

Kabylie

Dans ces collines arides et ingrates, chaque village avait son chapardeur attitré qui jouissait d’une respectable réputation parmi les villageois de sa colline. D’autant qu’il se faisait un honneur à ne pas chaparder les vergers de son village mais ceux des bourgades voisines.

Ce qui fait que quand un verger local est maraudé, personne n’accuse Ouelhous mais les chapardeurs des collines avoisinantes. Des rixes parfois violentes entre habitants de villages proches n’étaient d’ailleurs pas rares, les uns accusant les autres de ces larcins qui agaçaient les victimes et les dépossédaient de leurs biens.

Un matin, Ouelhous s’est fait surprendre et eut droit à une bonne raclée. Mais l’accrochage ne s’arrêta pas là. Il s’est étendu aux deux villages. Les dérobés exigeant que Ouelhous leur soit livré pour une punition méritée. La force faisant office de loi dans ces cas-là, le village de notre maraudeur abdiqua. Mais de fidèles amis vinrent vite l’avertir de ce qui se tramait contre lui. Des voisins avec lesquels il lui arrivait souvent de partager son butin.

Comment ne pas lui être reconnaissant, lui qui avait nourri en partie leurs enfants. Notre chapardeur eut juste le temps de ramasser quelques affaires et prit les jambes à son cou. À travers collines, oueds et plaines, il s’enfuit et arrive à Alger, au bout d’une semaine de marche épuisante.

Maraudeur en Kabylie, SS en Rhénanie

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Il n’avait pas le moindre sous pour se permettre un voyage de confort dans le bus. Il faut dire qu’en ces temps-là, il n’était pas rare que de jeunes Kabyles fassent le même trajet à pied pour s’en aller tenter leur chance dans une métropole que l’on disait prospère avant d’embarquer pour la France, pour certains.

Dans la capitale algérienne, il n’avait pas de mal à survivre. Les marchés étaient nombreux et bien achalandés. Non seulement il s’attaquait aux étalages pour se procurer de la nourriture mais les foules de clients sont si compactes qu’il lui arrivait souvent de subtiliser un porte-monnaie rempli de la poche d’un homme ou d’une femme distraits. C’est ainsi qu’il cumula très vite de quoi prendre le bateau pour la France. Malgré sa phobie de cette étendue bleue menaçante, il se donne le courage d’embarquer pour Marseille.

Arrivé dans la capitale phocéenne, son « expertise » du larcin lui permet de traverser les journées et les semaines plutôt le ventre plein. Mais un jour, il est pris la main dans le sac par un monsieur vigilant et plus costaud que lui. Après une mise au banc bien méritée, la police surgit pour mettre fin à la bagarre qui s’en était suivi. Mais aux questions des forces de l’ordre, Ouelhous resta coi. Il ne comprenait pas un traître mot de la langue de ses « ancêtres, les gaulois »…(à suivre).

Kacem Madani

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