21 novembre 2024
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Maraudeur en Kabylie, SS en Rhénanie (fin)

Idéologie nazie
In occasion of the Congress of the Nazi Party, Fuhrer and Chancellor of Germany Adolf Hitler on an open car watching a military parade inside Zeppelin Stadium. Nuremberg, September 1937. ©MP/Portfolio/Leemage

Ce n’est pas parce que quelques Algériens ont rejoint le camp nazi en 1939-45 que l’on doit en conclure que tous les Algériens étaient partie prenante de l’idéologie nazie.

Cependant, il n’est pas difficile d’imaginer le contentement de nombreux compatriotes à voir leurs maîtres souffrir et connaître le mépris, ainsi confrontés à plus fort qu’eux. Cela coule de source.

Ce genre de raccourci, que d’aucuns ont dressé par le passé, est totalement ridicule.

Les Algériens sont des êtres humains comme tout le monde, et, comme tout être humain, ils peuvent se laisser aller à des débordements extrémistes. Je crois que c’est seulement le jour où nous oserons nous regarder en face que nous commencerons à envisager sérieusement le chemin de la paix.

Malgré son passé peu glorieux, selon les uns, et illustre, selon les autres, Ouelhous aura vécu le reste de son existence, une vie qui se chiffre en dizaines d’années, en toute quiétude et en toute « liberté » sur la terre de ses ancêtres. L’image que je garde de lui est celle d’un vieil homme en selle sur un mulet récalcitrant, s’égosillant avec des ourre ! (Hue-dada ! en Kabyle) soutenus pour faire avancer sa monture, le long des sentiers étroits de mon village, un mégot toujours collé à la lèvre inférieure.

Maraudeur en Kabylie, SS en Rhénanie (9)

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Sa démarche impeccablement droite lui donnait une allure de cavalier charismatique que l’on reconnaissait de loin. Autant que je me souvienne, il était le seul villageois à posséder une monture bien plus proche du cheval que de l’âne. À l’époque posséder un âne était considéré comme un signe extérieur de richesse. Pour le mulet, c’est carrément la bourgeoisie.

Le vieux Ouelhous, ce chapardeur de Kabylie, cet ancien membre de la Gestapo en Rhénanie, ce criminel de guerre qui semblait inassouvi par la soif de vengeance, était loin de ressembler à un brigand des grands chemins ou un assassin obnubilé par la mort d’autrui. Au contraire, il avait toutes les caractéristiques d’un véritable gai-luron et non d’un tortionnaire assoiffé de sang.

Tant d’anecdotes hilarantes circulaient à son propos. En voici une, tirée des tréfonds de ma mémoire : pendant les années qui ont suivi l’indépendance, quelques brigands s’amusaient à terroriser la population en montant sur les toits des maisons pour en effrayer les occupants. Un jour, l’un d’eux se retrouve sur le toit de la maisonnette de notre Ouelhous. Loin de se laisser démonter ou intimider, il s’adresse à l’intrus en ces termes : – « Tiens, tu tombes à pic, je cherchais justement un ouvrier pour réparer quelques tuiles. Je compte sur toi pour le faire. Tu m’enverras la facture ! » Sacré Ouelhous !

Notre ex-officier SS fût une victime de l’histoire des hommes. Une histoire confectionnée par des guerriers qui font fi de la vie d’autrui et qui continuent de fabriquer et de stocker des armes destructives, classiques et nucléaires, au lieu de se concerter sur les moyens collectifs de sauver ce « home » commun fragile qui navigue dans un espace infini, et sur lequel nous sommes tous embarqués, pauvres ou riches, jeunes ou vieux, musulmans ou chrétiens, Bouddhistes ou juifs. Les neurones des uns le comprennent, la moelle épinière des autres l’utilisent en agressives bannières.

Comme avec toute autre espèce animale, c’est la loi du plus fort qui gouverne les interactions entre homo-sapiens. Les véritables guerriers et autres criminels de guerre qui n’ont de cerveau qu’une moelle épinière conduisent inéluctablement l’Homme à sa fin. Le suicide collectif n’est pas une utopie mais une réalité qui se profile à vive allure sous nos yeux d’impuissants. FIN

Kacem Madani

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