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Marc Neya, la poésie comme veille intérieure

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On rencontre Marc Neya d’abord par ses mots. Ils ne cherchent pas à convaincre, ils avancent simplement, avec cette précision tranquille qui n’appartient qu’aux regards attentifs. À vingt-trois ans, cet étudiant burkinabè installé à Ouagadougou écrit sans fracas, mais avec une justesse qui retient le lecteur.

Entre ses études en Sciences de l’Information et de la Communication et ses engagements culturels, Mac Neya a trouvé une place singulière : celle d’un jeune homme qui lit le pays comme on lit un visage, sans détourner les yeux.

Le 29 novembre 2025, au Cenesa, son nom a traversé la salle lorsque l’Africa Young Ambassadors Association (AYAA) lui a remis l’Award du Jeune Littéraire, lors de la 5ᵉ édition du Concours Jeune Littéraire. Le vote mêlait voix du public et décision d’un jury professionnel, comme pour dire que son œuvre touche à la fois les lecteurs de terrain et les spécialistes du livre.

Ce n’est pourtant pas dans les distinctions que commence son histoire. Marc Neya est d’abord un passionné de transmission. Président de La Bibliothèque des Africains, promoteur littéraire et coordinateur culturel, il multiplie les initiatives pour faire circuler les ouvrages, encourager les jeunes lecteurs, créer un espace où la littérature respire encore. On le voit souvent là où l’on ne l’attend pas : dans un collège, dans un centre culturel, dans un quartier périphérique. Il avance avec la même constance qu’un bibliothécaire qui déposerait des graines.

Son recueil Rêve d’or, publié en 2023 par les Éditions du Printemps (Bénin), est légèrement différent de ce qu’on trouve habituellement dans la jeune poésie africaine. Pas de grands gestes. Pas de colère exhibée. Pas de célébration facile. Les poèmes se tiennent presque à hauteur d’homme : ils parlent de l’insécurité qui bouscule les routines, des fractures sociales qui se creusent, des nuits où l’on s’attarde à écouter ce que le pays murmure malgré le bruit. Mais dans ce paysage parfois lourd, une clarté circule. Elle ne nie rien, elle accompagne. On sent dans ces pages une forme de fidélité : au réel, aux autres, à une dignité qui refuse de disparaître.

Le prix reçu n’est alors qu’un prolongement naturel du livre. Il offre une visibilité nouvelle, ouvre des perspectives d’édition, de résidences d’écriture, de collaborations littéraires. Mais Marc Neya ne semble pas pressé d’entrer dans la course. Il garde cette manière mesurée d’habiter sa trajectoire, comme si chaque étape lui demandait d’abord d’être comprise avant d’être célébrée.

Lorsqu’on lui demande ce que représente cette distinction, il répond avec des mots simples, presque murmurés : « À travers Rêve d’or, j’ai voulu porter la voix d’une jeunesse qui refuse de se résigner. Ce prix célèbre notre résilience collective et rappelle que la littérature peut encore unir, guérir et éclairer. »

Rien de théâtral, rien de trop. On retrouve là la même retenue qui traverse ses poèmes : une façon de dire beaucoup sans hausser le ton.

La suite, personne ne peut l’écrire à sa place. Mais une chose est certaine : Marc Neya s’impose comme l’une de ces voix que l’on reconnaît avant même de connaître le visage. Une poésie qui n’a pas besoin de proclamer sa force pour exister. Une parole qui accompagne plutôt qu’elle n’accable. Une présence qui, discrètement, marque son époque.

Un jeune auteur qui ne cherche pas l’éclat — juste la vérité. Et c’est pour cela, peut-être, qu’il touche autant.

Djamal Guettala 

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