Soulaimane Raissouni, ex-rédacteur en chef, détenu depuis 2020, critique du pouvoir, conteste la saisie par l’administration pénitentiaire de sa correspondance avec le romancier ukrainien Andreï Kourkov.
L’ancien rédacteur en chef du quotidien, Akhbar Al-Yaoum, Soulaimane Raissouni observe une nouvelle grève de la faim pour protester contre la confiscation d’un courrier adressé à un écrivain ukrainien, a indiqué, lundi 4 mars, sa famille à l’AFP. La prison où il est détenu, près de Casablanca, a indiqué qu’elle était en droit de contrôler « les lettres émises et reçues par les détenus », ajoute la même source.
Agé de 51 ans, Raissouni a été condamné, en février 2022, à cinq ans de prison pour « agression sexuelle », une accusation qu’il réfute.
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Le journaliste, détenu dans la prison proche de Casablanca, a commencé une grève de la faim jeudi dernier « pour contester la saisie par les autorités judiciaires d’une réponse à une lettre du romancier ukrainien Andreï Kourkov », a indiqué un membre de sa famille à l’AFP, sous couvert d’anonymat. Celle-ci avait été envoyée dans le cadre d’une campagne de l’association d’écrivains PEN International, a ajouté cette source.
« Diffamations»
« L’administration [pénitentiaire], après avoir consulté le contenu de la correspondance adressée par le détenu à une partie étrangère, a constaté qu’elle contenait des propos injurieux et diffamatoires et de fausses informations », avait indiqué samedi la prison, ajoutant avoir « saisi » le courrier. La grève de la faim de Soulaimane Raissouni « n’a aucun lien avec les conditions de sa détention, mais intervient plutôt à l’instigation de parties étrangères », a justifié cette source.
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé à New York, s’est dit lundi « choqué » par le « harcèlement » dont fait l’objet Souleimane Raissouni, « privé du droit légitime d’envoyer des lettres ».
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Plume corrosive, il avait l’habitude de signer des éditoriaux critiquant les autorités envers les autorités marocaines. Il avait été arrêté deux jours après la publication d’un éditorial dans lequel il reprochait aux autorités leur excès de zèle dans l’application de la législation sur l’état d’urgence pendant la pandémie de Covid-19.
Ses soutiens, qui réclament sa libération, estiment qu’il a fait l’objet d’un « procès politique », ce que les autorités réfutent. En 2021, Raissouni avait cessé de s’alimenter durant cent vingt-deux jours pour protester contre sa détention.
La presse au Maroc, comme en Algérie et en Tunisie subit la loi d’airain des autorités. Un autre journaliste, Taoufik Bouachrine, est aussi embastillé. Il a été condamné à 15 ans de prison. En Algérie, deux journalistes, El Kadi Ihsane (fondaeur de Radio M) et Mustapha Bendjama (rédacteur en chef de l’hebdomadaire Le Provincial) croupissent en prison.