25 avril 2024
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Maroc : Bouachrine, un journaliste victime de « persécutions » en prison

Taoufik Bouachrine
Le journaliste Taoufik Bouachrine condamné à 15 ans de prison.

Pour faire taire un journaliste, il suffit de lui créer une affaire scandaleuse. Au Maroc, le fondateur du quotidien « Akhbar Al-Yaoum », Taoufik Bouachrine a été condamné à quinze ans de prison pour « viol » et « traite des êtres humains ». Des accusations qu’il rejette en bloc.

Les journalistes, les activistes, notamment ceux du Hirak du Rif sont embastillés au Maroc dans une indifférence ordinaire mais insupportable. C’est le cas de Nasser Zefzafi condamné à 20 ans de prison ou du journaliste marocain Taoufik Bouachrine.  Incarcéré depuis 2018, Taoufik Bouacherine subit des « mauvais traitements » de la part de l’administration pénitentiaire, a affirmé jeudi 18 mai sa famille qui s’inquiète de la détérioration de son état de santé et appelle à « intervenir d’urgence ». M. Bouachrine, 54 ans, fondateur et éditorialiste du quotidien Akhbar Al-Yaoum, souffre de diabète et est la cible de « persécutions » et de « mauvais traitements infligés par l’établissement pénitentiaire à son encontre », a affirmé son épouse Asmae Moussaoui dans un message adressé à l’AFP.

En raison de complications liées à son diabète, il « souffre depuis trois ans de douleurs terribles dans son épaule (…) et le médecin traitant de la prison lui a conseillé de poursuivre les soins dans un hôpital situé à l’extérieur de la prison », explique-t-elle. L’établissement pénitentiaire a accepté qu’il poursuive ce traitement en dehors de la prison, « mais à condition qu’il soit menotté et porte l’uniforme des criminels, ce qui a été refusé par le journaliste, y voyant une atteinte à sa dignité et à son humanité », détaille Mme Moussaoui.

Dans un autre communiqué publié sur sa page Facebook, l’épouse du journaliste appelle « à intervenir d’urgence par tous les moyens possibles pour lui porter secours ». Sollicitée par l’AFP, l’administration pénitentiaire (DGAPR) n’a pas immédiatement réagi, mais dans une « mise au point » publiée le week-end dernier elle avait assuré que « le détenu T. B. (…) bénéficie des soins de santé nécessaires aussi bien au sein de l’établissement pénitentiaire que dans les hôpitaux extérieurs ».

La liberté de la presse malmenée

La souveraineté d’opinion se paye en années de prison. Comme en Algérie et en Tunisie, la liberté de la presse est un simple faire-valoir démocratique. Les journalistes y sont malmenés, menacés, voire sommés de se taire devant l’arbitraire et les scandales économiques. En Algérie, El Kadi Ihsane et Mustapha Bendjama sont en prison pour leur indépendance, victime de leur liberté d’informer. Au Maroc, Taoufik Bouachrine a été condamné à quinze ans de prison pour « viol »« traite des êtres humains » et « agressions sexuelles » à l’encontre de plusieurs femmes. Il a nié ces accusations. Face aux critiques, les autorités marocaines répondent que M. Bouachrine a été jugé dans le cadre d’une affaire de droit commun qui n’a aucun lien avec sa liberté d’expression, en mettant en avant « l’indépendance de la justice ».

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L’ONG Amnesty International a récemment accusé l’administration pénitentiaire de « priver du droit de lire et d’écrire » des défenseurs des droits humains et des journalistes emprisonnés, dont M. Bouachrine, Omar Radi et Soulaimane Raissouni. Des accusations récusées par l’administration pénitentiaire.

Dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières (RSF) pour l’année 2023, le Maroc a glissé à la 144place (-9). Une récente résolution du Parlement européen s’inquiétant de la dégradation de la liberté de la presse au Maroc a déclenché les foudres de la classe politique et des médias marocains.

La justice marocaine a par ailleurs rejeté jeudi le pourvoi en cassation de l’opposant Mohamed Ziane, ancien ministre des droits humains, selon son avocat. Avocat célèbre, ayant notamment défendu Taoufik Bouachrine, M. Ziane a été arrêté et incarcéré le 21 novembre 2022 après avoir été condamné en appel à trois ans de prison ferme.

Agé de 80 ans, il était poursuivi, en vertu d’une plainte du ministère de l’intérieur, pour onze chefs d’accusation, dont « outrage à des fonctionnaires publics et à la justice »« injure contre un corps constitué »« diffamation »« adultère » ou encore « harcèlement sexuel ». L’ancien bâtonnier de Rabat, qui n’a pas ménagé ses critiques envers le pouvoir ces dernières années, affirme avoir été jugé « à cause de ses opinions ».

Dans un rapport publié en juillet 2022, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a dénoncé au Maroc l’utilisation de procès pour des crimes de droit commun, en particulier sexuels, comme « techniques de répression » visant à faire taire des journalistes et des opposants.

LM./AFP

 

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