Mercredi 10 avril 2019
Maroc : un carnage judiciaire au pays des confusions des pouvoirs !
Pour protester contre un verdict de « voyous », contre le mépris de l’institution judiciaire marocaine totalement asservie au Makhzen, ils sont trois se fermant les lèvres avec fils et aiguilles.
Ils sont trois, dès le début du mois d’Avril 2019, lorsque le juge Tawfiq, de la cour d’appel de Casablanca confirme le verdict de première instance de Juillet 2018, les condamnant à 20 ans, 15 ans, 10 ans et à d’autres peines hallucinantes.
Trois embastillés défendant les leurs, les citoyens d’une région militarisée et montée au pilori depuis 60 ans et les armes destructives de Hassan II en 1958.
Trois à se coudre la bouche pour protester comme l’ont fait leurs ancêtres révoltés du Rif noyés par la monarchie et le Parti de l’Istiqlal de l’époque sous les bombes avec une campagne de liquidation collective contre les Rifains qui n’ont pas accepté les nouvelles conditions politiques et sociales du nouveau système colonial.
Ces honorables embastillés se sont levés contre le sort que leur réserve le Makhzen, car au pays du monarque tout est sur ordre de son système. Des mois durant qu’ils attendaient plébisciter la vérité et le droit en lieu et place du despotisme de fin de règne.
Cela fait trois jours, les lèvres meurtries, le ventre vide et seront probablement rejoints par d’autres jeunes parmi ce qui se fait de plus noble dans le Rif
Et la mort est au bout du tunnel !
Torturés, humiliés, psychologiquement décomposés par une police dédiée à l’inhumain et formée à réduire au néant toute dignité humaine.
Les trois bouches cousues de la « monarchie », témoins de la barbarie d’un système corrompu, affairiste et mafieux avec ses ramifications responsables de ce que ces Bouches endurent.s
Ces bouches cousues et embastillées le sont sur ordre du suprême, celui qui est chef de tout. Sur ordre du Makhzen incarné par le Roi.
Car c’est au nom du Roi, l’incarnation du gouvernement des ombres, des double-vies et de l’impérial, que les vassaleries deviennent gouvernance et l’honnêteté des petites gens une accusation.
Car au nom du Roi, que la Démocratie se résume à gouverner seul, à régner seul, à préserver la primauté sur toute chose.
Car c’est au nom du Roi, que la justice est carnage et parodie.
Car au nom du Roi, que le pouvoir au Maroc procède du droit divin. Le monarque est un personnage « sacré », statutairement à mi-chemin entre l’humain et la divinité.
Car au nom du Roi, que le peuple doit toujours au roi respect et tawqir, terme arabe évoquant une attitude à mi-chemin entre la révérence et l’adoration et, surtout, expression historiquement utilisée pour distinguer le lignage prophétique dont se réclament les rois du Maroc depuis des siècles.a
Car au nom du Roi, que la pluie, la richesse, l’ordre, l’allégeance… sont autant de sujets que les sujets eux-mêmes séculairementt assujettis.
Car au nom de sa Majesté, les routes, les écoles, les hôpitaux, les édifices sont bâtis ou oubliés, selon vos humeurs et vos fièvres. Alors!
Ne nous dites pas que ce n’est pas du au nom de sa Majesté que les verdicts sont prononcés.
Responsable ? Oui.
Coupable ? L’histoire interrogera le Makhzen sur l’ensemble de son oeuvre !
Et “l’important ce n’est pas tellement d’avoir des souvenirs (mauvais souvenirs ), c’est toujours de régler ses comptes avec eux”, écrit Umberto Eco.