19 avril 2024
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Mawled Ennabaoui Echarif : entre bidaâ des uns et martingale des autres !

POLEMIQUE

Mawled Ennabaoui Echarif : entre bidaâ des uns et martingale des autres !

Les Algériens ont peur et les ménages sont inquiets tant il est vrai que les perspectives de relance de l’économie ne sont pas très claires, de l’avis même des experts.

Mais, dans ce climat des plus anxiogènes, il existe paradoxalement des compatriotes qui se frottent les mains à l’idée des fortunes qu’ils vont amasser en perspective de la commémoration du Mawled Ennabaoui Echarif  que l’on va fêter mardi prochain.

Fête religieuse qui, rappelons-le, a été instituée au 21ème siècle en Egypte ; certains pourtant la considère comme une innovation « bidâa » ; elle reste, cependant, célébrée par la plupart des pays musulmans dans le recueillement et la récitation du coran, faut-il le dire.

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Chez nous, c’est dans le brouhaha et le lancement de pétards qu’on fête, plusieurs mois à l’avance, le Mawlid Ennabaoui ! Avec tout ce que cela impacte sur les personnes et les biens.

Chaque année, ce ne sont pas moins de 6000 personnes, en majorité des enfants, qui sont transférées aux urgences des hôpitaux. Le professeur Khiati et beaucoup d’autres intellectuels sensibilisés sur les risques découlant de l’utilisation des pétards et autres jeux pyrotechniques, en principe interdits d’entrée sur le territoire nationale, n’ont eu de cesse d’interpeller les autorités compétentes à l’effet de prendre toutes les mesures de sauvegarde de la population et de ses biens. En vain !

Craignant le pire en cette fin d’année 2018, les mêmes lanceurs d’alerte ont déploré la « mise sur le marché » de produits de plus en plus dangereux dont les consonances et les dénominations donnent froid dans le dos : « Daesh », « el bouq », « chitana », « pirate », « benladen, « double bombe », « ezzarbout » et aussi « la tueuse » sont des appellations déposées en Algérie !

Outre leur dangerosité sur les personnes, ces pétards et autres feux d’artifice peuvent causer d’énormes dégâts sur les habitations.

L’année passée, des stocks gigantesques ont été découverts dans un local de la basse Casbah d’Alger, grâce à la police qui agissait suite à un appel d’un citoyen, mû certainement par son sens civique. On n’ose pas imaginer le contour du désastre si de tels stocks venaient à s’enflammer et a éclater en pleine concentration urbaine, comme cela s’est produit en Chine, par exemple, où une ville entière a sauté, ce qui a causé la mort de milliers d’individus. Rien que pour éteindre l’incendie, des centaines et des centaines de pompiers et leur matériel ont été mobilisés.

Les dégâts ont été tout de même inchiffrables !

Les risques sur la santé publique causés par les pétards, tout le monde les connait, même si certains s’interrogent sur la composition chimique des produits, rappelons-le introduits frauduleusement, allant jusqu’à parler de virus et autres microbes « fourrés » sciemment dans les fumigènes par exemple, dans une volonté de nuire au pays.

Comme on le voit, il y a matière à inquiétude et des experts en sécurité publique viennent à leur tour, de tirer la sonnette d’alarme pour demander aux autorités d’agir et vite, en ce moment où le terrorisme est aux aguets ; il pourrait profiter, disent-ils, de l’ambiance explosive créée par les fêtards du Mawlid Ennabaoui pour frapper !

En effet, les hommes les plus rompus au maniement des armes disent que le crépitement des balles d’un kalachnikov est difficilement discernable de celui émis par l’explosion d’un pétard, « el bouq », en l’occurrence !

Tout est dit, écrivait quelqu’un, Daesh est aux aguets pour frapper et la fête du Mawled pourrait lui fournir l’occasion. D’ailleurs c’est connu, les terroristes ont toujours attaqué lors des fêtes et des commémorations symboliques. C’est au deuxième jour de l’Aïd El Fitr, par exemple, que des soldats ont été attaqués dans la wilaya d’Ain Defla.

Outre ces scénarios terroristes, il y a aussi la petite délinquance qui profite des pétards pour faire diversion, et partant, commettre ses méfaits ; ainsi, il n’est pas rare d’entendre de fortes explosions à des heures tardives de la nuit, leurs auteurs, affirment les spécialistes de la criminalité, y recourent pour couvrir le bruit des casses de magasins et des voitures ou des rideaux qu’ils éventrent !

Bien sûr les forces de sécurité veillent au grain ; il n’empêche qu’on reste incrédules devant l’énormité des stocks explosifs qui sont exposés et écoulés partout dans le pays.

Les marchandises exposées par des « gros bras » atteignent jusqu’à 300 à 600 millions de centimes. Et ce n’est que la partie la plus visible de l’iceberg !

On parle aussi de 10 à 15 barons des pétards et autres jeux pyrotechniques ! Les vendeurs et les petites mains se comptent par milliers, ce qui a fait dire à Tahar Boulenouar, le SG de l’Union des Artisans et Commerçants Algériens « qu’il faut libérer cette activité de commerce des pétards au regard du manque à gagner de l’Etat ; les vendeurs, dit-il, brassent environ 300 % de bénéfices nets, alors que les importateurs se targuent de réaliser quelques 10 milliards de dinars voire plus dans cette activité » ! Une vraie martingale.

Le gouvernement, bien sûr, ne l’entend pas de cette oreille. Il envisage, d’ailleurs, de sanctionner sévèrement les contrevenants à l’interdiction d’importation des produits pyrotechniques et il a eu à le rappeler à l’occasion de l’établissement des lois de finance passées qui ont proposé de durcir les sanctions qui peuvent aller jusqu’à 5 ans d’emprisonnement pour les contrevenants.

Rappelons que l’importation de tels produits est punie aussi d’une amende égale à deux fois la valeur des marchandises confisquées et d’une peine d’emprisonnement de 6 mois à 5 ans, selon l’article 33 de ladite loi de finance.

Il faut rappeler aussi que l’importation des articles pour feux d’artifices, fusées de signalisation ou paragrêles et similaires, pétards et autres articles de pyrotechnie est passible des mêmes sanctions que l’importation des armes, munitions et explosifs.

Que reste-t-il alors aux pouvoirs publics, sinon d’intervenir et non pas se contenter, comme au ministère de la santé, de rendre public un communiqué pour dire que « l’usage des pétards représente un danger réel, que ce sont les enfants qui s’y adonnent  et que les aînés doivent faire attention aux plus jeunes ! 

L’activité consistant à vendre les pétards et autres produits pyrotechniques n’étant ni reconnue ni recensée par l’administration du Centre National du Registre du Commerce à en croire son directeur général, les plus sceptiques et autres anxiogènes parmi nous peuvent se tranquilliser dès lors, qu’en cas de dépassement, force restera à la loi !

Auteur
Cherif Ali

 




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