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Médecins, physiciens, pharmaciens… ces esclaves de luxe !

Cahiers
Image par olga volkovitskaia de Pixabay

« C’est à prendre ou à laisser ! » C’est la formule que n’osent jamais exprimer ceux qui vous recrutent en France ou ailleurs. Mais ils n’en pensent pas moins.

Que vous soyez bardé de diplômes ou doté d’une expérience à faire envier Pasteur ou Einstein, quand vous êtes originaire d’un pays sous-développé, vous n’avez pas d’autre choix que d’accepter des conditions de recrutement drastiques qui sous-évaluent vos diplômes et vos compétences.

De ce fait, à vos débuts, on ne vous donne pas d’autre alternative que d’accepter d’être rémunéré beaucoup moins que vos collègues locaux et de bosser beaucoup plus en tant que vacataire « permanent ».

Pour se tirer d’affaire, une seule solution s’offre à vous : mettre vos diplômes étrangers dans le placard et vous atteler à décrocher des équivalents. C’est dur, très dur, de mener combat sur deux fronts, celui de pratiquer son métier à temps plein et celui de reprendre ses études pour se mettre « au niveau » de ses collègues « supérieurs ». Mais c’est ainsi, et ça a toujours été ainsi.

Médecins étrangers menacés de perdre leur poste en France

Je vais vous raconter une anecdote dont j’ai été le témoin direct :

Cela se passe dans un laboratoire de physique, dans les années 1990. Deux Algériens, tout juste débarqués en France, à la suite de l’horreur islamiste, sont recrutés en tant que vacataires dans un laboratoire prestigieux. Acharnés et passionnés, ils bossent si dur qu’ils ne tardent pas à faire partie des piliers de l’équipe de recherches qui les a recrutés. Ils signent des publications à n’en plus finir. À tel point qu’un labo concurrent s’est fendu d’une formule qui en dit long : « Si le laboratoire du professeur X est si bien côté, c’est grâce aux Algériens ». Ce que Professeur X réfute, évidemment ! Être redevables à des Nord-Africains, vous n’y pensez pas ! Tout de même !

Un jour, un jeune Canadien débarque pour un contrat de deux ans. Tout le monde est content. Jusqu’à la presse locale qui lui dresse des lauriers en termes clairs : « Le laboratoire du Professeur X vient d’être renforcé par un chercheur canadien !»

Résultat des courses : en deux ans de contrat, zéro publication !

À elle seule, cette anecdote démontre la mésestime chronique que portent les pays développés à toute matière grise qui provient de leurs anciennes colonies.

Au-delà de ces 1200 Algériens qui avaient défrayé les chroniques, il suffit de se balader dans les couloirs des hôpitaux français pour réaliser que le secteur de la santé fonctionne essentiellement grâce aux personnels africains. Qu’ils viennent du Sud ou du Nord, les médecins, les infirmières, et les femmes de ménages étrangers abondent dans les cabinets et les couloirs de la plupart des cliniques.

Il n’y a pas que le secteur de la santé qui est concerné. Les branches scientifiques le sont aussi. Il serait d’ailleurs intéressant d’établir des statistiques précises. Mais qui voudrait admettre des chiffres qui démonteraient que de nombreux secteurs ont pour colonne vertébrale des étrangers et que sans eux, la France serait carrément paralysée ?

Il ne faut pas se voiler la face, la fin de l’esclavage intellectuel n’est pas pour demain, encore moins pour aujourd’hui !

Kacem Madani

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