Le 18 novembre 2025, depuis le ministère des Affaires étrangères à Alger, Ahmed Attaf a de nouveau tenté de présenter l’Algérie comme un acteur diplomatique responsable et un médiateur incontournable dans le dossier du Sahara occidental. Renversant.
Pourtant, cette posture volontairement vertueuse apparaît en profond décalage avec la réalité : un pays ayant rompu ses relations avec le Maroc et tenant un discours ouvertement hostile à Rabat peut-il sérieusement prétendre jouer les arbitres neutres ? La diplomatie versus Tebboune-Attaf ne recule devant aucun cynisme et ne craint surtout pas le ridicule. Maintenant que les Etats-Unis ont pris en main le dossier du Sahara occidental, l’Algérie qui abrite les bases des combattants du Polisario se découvre une mission de médiatrice.
Ahmed Attaf a réaffirmé la volonté du gouvernement d’accompagner une médiation entre le Maroc et le Front Polisario sous l’égide de l’ONU. Mais tout le monde le sait, cette « disponibilité » s’inscrit dans un contexte où l’Algérie soutient ouvertement l’une des parties tout en rejetant tout dialogue avec l’autre.
La même Algérie n’a-t-elle pas créé une crise diplomatique avec la France suite au soutien d’Emmanuel Macron au plan marocain pour le Sahara occidental ? N’a-t-elle pas rappelé son ambassadeur à Madrid pour les mêmes raisons avant de se raviser. Disons-le franchement, il est difficile, dans ces conditions, de crédibiliser un rôle de médiateur, a fortiori lorsque les relations diplomatiques sont inexistantes.
Qu’importe ! Le ministre des Affaires étrangères algérien a longuement salué la résolution 2797 du Conseil de sécurité, renouvelant le mandat de la MINURSO. Il a présenté ce renouvellement comme une victoire pour le Front Polisario, rappelant que la mission onusienne vise, entre autres, à préparer un référendum incluant l’option de l’indépendance. Cette lecture, alignée sur la position du Polisario, illustre une fois de plus l’absence d’équilibre algérien dans ce dossier — équilibre pourtant indispensable pour qu’un pays se pose en médiateur crédible.
Selon Attaf, la résolution préserverait les « garanties » d’un règlement juste, notamment l’autodétermination. Mais en insistant sur les avancées supposées du Polisario et en rejetant implicitement la proposition marocaine d’autonomie, Alger renforce l’impression d’un rôle partisan plutôt que celui d’un acteur neutre.
Concernant le Sahel, Ahmed Attaf a insisté sur la dégradation sécuritaire au Mali et sur la nécessité d’un dialogue national loin des « ingérences étrangères ». Ici encore, l’Algérie se présente en donneuse de leçons diplomatiques alors qu’elle peine à éviter une logique d’ingérence sélective, notamment lorsqu’il s’agit du Sahara occidental.
Enfin, évoquant la fin de la mission de l’Algérie au Conseil de sécurité, Attaf a tenté de dresser le portrait flatteur d’un pays fidèle à ses principes et engagé pour la paix régionale. Se pouvait-il autrement ? Or, la dissonance entre ce discours et sa diplomatie à l’influence quasi-nulle en Afrique et ailleurs, ne laisse aucun doute. Mieux encore, comment revendiquer la promotion du dialogue tout en refusant toute relation avec un voisin central pour la stabilité du Maghreb ? Ou en ouvrant une crise avec le Mali ?
Au final, si l’Algérie officielle cherche à se présenter comme un acteur responsable et influent, ses contradictions et sa diplomatie sans envergure affaiblissent considérablement sa crédibilité.
Yacine K.

