22 novembre 2024
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Messieurs Macron et Le Graët, pourquoi insultez-vous Zidane ?

Sculpture d’Adel Abdessemed

Le chef de l’État Emmanuel Macron invite le 17 décembre 2022 Zinédine Zidane à prendre l’avion spécial affrété au profit de VİP afin qu’il assiste près de lui à l’envisagé sacre de Didier Deschamps,  acquiesce de la sorte son prolongement à la tête des tricolores, convienne tacitement d’un élargissement temporel également souhaité, avant puis après la finale de la Coupe du monde de football, par Noël Le Graët.

En arguant mi-août 2022 qu’il n’y avait « pas de sujet Zidane (car) c’est Didier Deschamps qui est en place », le président de la tutelle sportive confortait, préalablement à l’événement planétaire organisé au Qatar (20 novembre-18 décembre 2022), l’assise institutionnelle de l’ex-capitaine (1989-2000) maintenu jusqu’à la fin de l’année en cours et dont le renouvellement contractuel dépendait, a priori, de sa performance pendant ledit Mondial.

Bien qu’informé que l’ancien coach du Real Madrid « aimerait être sélectionneur des Bleus un jour », s’était pour cela départi de tout engagement, le dirigeant breton laissait (au sein d’un entretien accordé au quotidien L’Équipe) ouvertement entendre à l’oreille des journalistes influenceurs que, « Même pas en rêve !», il ne lâcherait l’actuel entraîneur. « Je ne vais pas discuter avec Zidane maintenant (…) pour lui dire (…) ne signe nulle part (…). İl n’y a pas de sujet Zidane, c’est Didier Deschamps qui est en place et on verra après la Coupe du monde ».

En amont à cette dernière, le patron de la FFF militait en coulisse pour la prorogation du Bayonnais. İl avouait d’ailleurs début décembre 2022, dans les pages du périodique Le Figaro, qu’il lui demeurerait encore plus fidèle en cas de qualification en demi-finale.

Lancée trois jours avant la confrontation avec l’Angleterre (quart de finale du samedi 10 décembre), soit de l’objectif requis, l’annonce trahissait les préférences d’un homme soulignant à l’attention de son protégé « İl est fait pour cette fonction et je pense qu’il préfère la sélection à un club. Quand on a la chance d’avoir un Didier Deschamps, on ne frappe pas à la porte d’à côté, (…): mon souhait, c’est (qu’il) reste. Qui voulez-vous trouver de mieux ? ».

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Quelque peu dédaigneuse, l’interrogation torpillait déjà l’alternative Zidane approuvée chez nombreux partisans mais que ne retenait donc pas un factotum signalant le 07 décembre 2022 ne l’avoir pas sollicité ou appelé « de (sa) vie ».

Révélatrice de l’éloignement entre les deux individus, cette précision scellait les désidératas du potentiel remplaçant, persona non grata aux yeux de celui vouant une espèce d’admiration envers un élu reconduit au poste
convoité depuis une décennie.

İl le sera probablement bientôt de nouveau, tant l’inséparable duo manifeste peu d’entrain en faveur de la candidature de la doublure putative, trop iconique, trop envahissante et risquant à ce titre d’étouffer l’aura jusque-là capitalisée. Puisque Le Graët n’a jamais «songé au fait que Didier puisse partir », le tacticien basque « a la priorité (…) pour une prolongation (…) ». L’ultime décision lui appartenant, il enterrera au plus vite les
espoirs exprimés au crédit du concurrent affiché et ficellera son prochain mandat ou OPA aux conditions voulues.

Si, dans un entretien accordé en mai 2022 à L’Équipe, Noël Le Graët avouait que « Zidane a montré à Madrid qu’il avait des qualités que l’on imaginait à peine », que dans l’esprit des Français « il peut être un successeur viable (…)», pour ainsi dire naturel et incontournable dans l’éventualité d’un départ de Deschamps, le choix optionnel ne semblait pas automatiquement acté. İl l’était d’autant moins que le présent représentant de l’Union des
associations européennes de football (UEFA) considérait à l’époque que Zidane projetait de
s’occuper du Paris Saint-Germain, alors que pour prétendre à « l’équipe de France, il faut être libre ».

L’hypothèse fut pareillement évoquée le 08 juin 2022 par Emmanuel Macron. Que le milieu de terrain adulé « revienne en Ligue 1 serait formidable pour le rayonnement de la France», s’exclamait-il après avoir réussi à convaincre Kylian Mbappé de persister au PSG.

Le fait du prince résonnera encore à Doha, à la fin du match France-Maroc, le premier locataire de l’Élysée laissant échapper en zone de presse « Un grand merci à Didier Deschamps (qui) joue des finales et gagne (…). Évidemment qu’il faut qu’il reste. ».

Après un tel plébiscite, Zinédine Zidane ne pouvait (et ne devait) que décliner, comme Michel Platini et Karim Benzema, l’indécente sollicitation de la FFF. Puisque « Zizou » n’est pas un « Zazou », il ne fera pas partie intégrante de la délégation convoquée à supporter l’Équipe de France en compagnie d’Emmanuel Macron.

L’adepte du récurent « en même temps » pensait sans doute l’amadouer, profiter peut-être de l’endroit pour lui refourguer indirectement, en guise de compensation, les rênes du club parisien (propriété du régime qatari) alors qu’à la suite de la critiquée séance des tirs au but il disait encore avoir « demandé à Deschamps de poursuivre », ajoutant même l’injonction « Je veux qu’il reste ».

Malgré la logique défaite contre l’Argentine, il postulait en faveur de sa confirmation et cet appel du pied déplaît à toutes celles et ceux qui veulent que l’enfant de la Castellane, du quartier Nord de Marseille, se trouve non pas au ban de « Clairefontaine » mais bien sur le banc des « Bleus ».

Ces observateurs assidus le réclament, comme le fera récemment à sa manière Christophe Dugarry, jugeant dans le tabloïd L’Équipe du 22 décembre 2022 humiliantes les quatre-vingts premières minutes disputées contre l’Albiceleste, lesquelles minutes « font partie des plus catastrophiques de l’équipe de France de ces cinquante dernières années » (voir à ce sujet notre contribution antérieure « La qatartique Coupe du monde de l’Argentine »).

Déçu « de voir qu’on analyse cette non-victoire par le seul biais de l’émotion », le proche de Zidane ne cache pas son favoritisme, plaide pour « autre chose. (…) surtout quand tu as un successeur possible qui a gagné trois fois de suite la Ligue des champions ».

Seulement, les décideurs Noël Le Graët et Emmanuel Macron sont visiblement d’un avis.
Contraire. Hormis Zidane, insultent-ils aussi parallèlement l’avenir du football français ?

Saâdi-Leray Farid, sociologue de l’art et de la culture

1 COMMENTAIRE

  1. La préoccupation, par les temps qui courent, tant du Président Macron que de Noël Legraēt, n’est pas l’avenir de l’équipe de France, mais, pour le premier, celle de tenter de faire oublier les déboires de sa politique de vassalisation de son pays à l’Oncle Sam, pour le second, celle d’éviter à rendre des comptes sur la casserole qui, si je puis dire, lui pend à la queue! Les deux, caressant dans le sens du poil, la direction franchouillarde qui sévit à la tête du journal prétendu sportif, «l’Équipe». Dans le cas, fort probable, où leur choix commun porté sur Deschamps venait à se confirmer, la réponse appropriée que Zizou devrait leur donner, serait de fixer rendez-vous à ce dernier au Mundial 2026, en acceptant l’offre qui lui est faite de prendre en main la Seleçeão.

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