27 juillet 2024
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Miku et Masahiko en voyage de Noces à El Harrach 

DIGRESSION

Miku et Masahiko en voyage de Noces à El Harrach 

Je commence par un passage du livre « Voyage en Orient »  d’Hermann Hesse pour orienter mes idées «Qui voyage au loin verra plus d’une fois des choses très éloignées de ce qu’il tenait pour vérité. S’il les raconte ensuite dans ses prairies natales, on se moquera de lui, le traitant de menteur, car la foule bornée refusera de croire, ce qu’elle n’aura pas vu de ses propres yeux ».

Même si la foule bornée refuse  de me croire je vais vous raconter. Puisque vous appartenez à  l’autre foule qui accepte le dialogue, je me permets de vous informer. Le hirak en tant que phénomène spontané  a démoli  le complexe de l’ancien colon, les courbettes de servilité et la peur  de l’ancien régime. 

L’Algérien est  connu  par droiture quand il donne un avis. J’ai entendu un fellah de la région des hauts-plateaux dire à son mulet  «Montre-moi la couleur  de tes pattes, je te dirais de quel foin tu t’engraisses». Un  jeune du Hirak  reprend les paroles de ce fellah et s’adresse aux candidats opportunistes qui veulent devenir présidents : «Montrez-nous la couleur de vos chaussettes nous vous dirons pour quel clan vous bossez »

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Allant de cette anecdote, je comprends pourquoi une partie du monde arabe vit dans l’instabilité depuis la démolition du mur de la honte qui divisait les Allemands. La démolition de ce mur a eu lieu  une année après le soulèvement des jeunes algériens le 5 Octobre 1988. Les jeunes de 1988 ont devancé les évènements.  Malheureusement  les dirigeants du parti unique de cette époque ne les avaient pas compris. Ces dirigeants à « pensée unique »  n’avaient aucune  vision du futur qui se dessinait. 

La « pensée unique » veut  que  l’argent mal propre installe une stabilité artificielle  dans mon cher pays.  Hélas ! Les solutions de  tapissage  des  vieux murs d’un système corrompu ont permis  à l’argent sale de glisser dans les poches de ceux qui les entretiennent. En langage de tailleur le repassage est déconseillé  quand le tissu est trop vieux.    

Quelque chose de drôle est en train de se produire dans mon cher pays. Chez nous l’opportunisme et la   monstruosité politique  sont  très à la mode ces jours-ci. Dans certaines circonstances  le vice devient un principe religieux par excellence.  Nos guignols sont en train de se transformer en politiques et nos politiques sont pris pour des  drôles de coco. Le métier de politicien  devient une suite sans fin de plaisanteries et d’erreurs.  La politique  ressemble de plus en plus à un concours de mensonges risibles  où les plus mythomanes  espèrent gagner.   

Face au hirak populaire, certains restes du système corrompu  vivent l’erreur d’une équation extravagante où  le «wait and see »   balance  le résiduel  du pouvoir de gangs. Ils encouragent l’opportunisme politique dans un combat clanique excessivement  barbare. Ils veulent remplacer un tyran éternel  par un vendu transitoire peu crédible, méconnu et rejeté  par son peuple. Toutes ces actions se confondent dans cette situation exceptionnelle dans l’histoire algérienne.

Entre l’indispensable et le non essentiel, les opportunistes de tout type se précipitent vers  la  nouvelle Babel qui cherche un locataire. Dans ce jeu, les fantômes politiques désignent un système, sélecte  un parti ou un gouvernement et orientent ses actions au grès de leurs intentions. Ces fantôme  rêvent et complotent  en tirant  des rafales de rumeurs. D’autres enchanteurs parasites cherchent un nouveau roi pour remplacer l’ancien roi. Les rois se confondent dans leurs esprits. Le choix d’un candidat devient alors impossible. Ils se heurtent contre le mur de l’impasse.  

Dans cette confusion politique la dictature concubine avec la démocratie pour  mettre  au monde une marionnette (Miku)  candidate. 

Ce faux mariage  me rappelle l’histoire d’un jeune japonais, Masahiko, qui a épousé  Miku, une chanteuse numérique, au Japon.  Masahiko et son « épouse-jouet » ont effectué un agréable voyage de noces. Le jeune Masahiko avoue qu’il n’a jamais trompé Miku et qu’il a  toujours été amoureux d’elle. Ce  jeune  a déboursé deux millions de yens (trente millions de centimes) pour organiser une cérémonie de mariage traditionnelle.  Aucun membre de la  famille de Masahiko ne se trouvait parmi les 40 invités. La chanteuse était présente sous la forme d’une peluche d’une dizaine de centimètres.  

Cette histoire peut être le model  d’un système politique imaginaire. La famille simule le peuple. Les quarante invités peuvent être pris comme  un type de gouvernement  exclu par son peuple. Chez nous Miku peut imager le chef du RND   et le chef du  FLN   reflète  Masahiko sous la gouvernance de la bande 

Depuis le 22 Février rien n’a été  fait pour satisfaire une  société jeune aux controverses de plus en plus complexes. Aucun débat politique séreux n’a pu  prendre place et s’adapter aux mentalités jeunes en plein effervescence dans la confusion politique. 
La réalité des jeunes du  hirak est claire. Pour ces jeunes, toute  politique qui  veut faire renaître de la cendre le régime de bande   s’écrase sous leurs  pieds  chaque vendredi et se désagrège le Mardi qui suit. Les   réformes  pour un nouveau régime  sont semées   dans le  sillon du hirak et  les jeunes attendent une bonne récolte cette année. 

Dans ce paysage en plein dynamique, la classe politique de l‘ère de fakhamatouhou est inapte de s’adapter au nouveau rythme. Elle  a échoué dans tous les domaines. Plus de mensonges valables. Cette classe politique doit disparaitre si elle ne veut pas être ridiculisée dans le labyrinthe  du hirak le  jour de l’élection présidentielle.  

Le désir d’attirer les voix des jeunes a conduit  des  candidats inconnus et non crédibles  à varier les solutions plates et les présenter comme de nouvelles versions de l’ancien régime.  Cette méthode archaïque les  pousse vers  la démagogie et le  mensonge. C’est trop tard ! La  séduction  d’un peuple en révolution n’est plus possible.  

Presque tous les candidats de l’ancien régime  (FLN et RND)  ont changé de costume. Ils jouent le rôle d’imam dans  des lieux    où  les pieux ne savent plus à quel dieu demander clémence après la disparition du président cadre. Un dieu en prison et autre en fuite dans une auberge espagnole. Les histoires que j’expose sont des réflexions proches de la réalité. 

Le chez nous est en Afrique. Écoutez ! Je vous raconte comment on célèbre la  gouvernance   en  Afrique.  Dans ce continent  chaque tambour appelle les grands danseurs de sa tribu pour animer la cérémonie d’installation du conseil des sages qui gouvernent. Généralement, les tribus ne divulguent jamais les manières nécessaires à la cadence des coups de tamtams qui satisfeont les occidentaux, invités d’honneur ou contrôleurs des urnes. à cet évènement. Nos candidats se préparent et chacun prétend représenter le hirak. Le patron du cirque n’est plus en fonction  mais le  cirque Amar n’a pas terminé sa tournée en Algérie. Et le même spectacle continue.   
Le manque de sérieux est coutume chez nous.  Un  des candidats à la présidence était  contractuel secrétaire de bureau  à notre embrassade de Tunis. Il était à la recherche d’une opportunité pour améliorer son train de vie. L’occasion est venue. Il veut être président pour satisfaire les demandes du hirak.  La vie politique de ce candidat ressemble  au  trou de bennier tunisien dont il a  l’habitude de le manger dans son maigre petit déjeuner. 

Un autre candidat  Muki à la Mounfalouti,  en balade politique  au Burkina-Faso, étale ses idées et démontre  ses compétences à la présidence. Ne maitrisant pas le français,  il se trouve dans  obligation d’être accompagné d’un traducteur de l’embrassade pour véhiculer ses  idées de président. Cet ex-ministre est à la tête d’un pari politique responsable de la faillite. Une fois de plus, le manque de sérieux couvre les candidats acceptés par Chourfi.  Cette fois-ci je ne dirais pas  quel cirque  Je dirais avec amertume pauvre Algérie !

Un autre drôle de Masahiko  gérant d’une supérette à Blida croit que la présidence  est magasin de choux chinois. N’ayant pas réussi, il ferme sa  supérette et décide d’être candidat pour nous gouverner. Il propose son expertise pour sauver le pays en important des choux chinois pour apaiser la colère du hirak. Cette fois-ci,  je dirais : quelle faillite !  

Un autre touriste prend  la présidence pour une agence de voyage où les billets se vendent en vrac pour les amis. Cette  personne précise que son objectif est « de rompre avec la tyrannie et la corruption et de rétablir la confiance entre le peuple et les institutions de l’État ». Quelle blague ! Il croit que le peuple est atteint d’Alzheimer. Il a oublié son parcours politique. Le hirak se rappelle bien de  son parcours politique. Ce touriste était  membre du CNT en 1994. Il fut  nommé à ce poste  par  le  grand tyran en fuite. Cette fois-ci je dirais  Dieu protège l’Algérie des vagabonds invités au mariage de Miku et Masahiko !    . 

En conclusion: l’Algérie est un pays extraordinaire avec ses jeunes  qui crient une Algérie nouvelle.  Les jeunes sont conscients et savent  qu’on ne devient pas président de la République en ayant  un  passé corrompu. Bien que  les voies qui mènent vers une vraie démocratie soient parfois tortueuses et jalonnées d’obstacles,  les jeunes algériens sont  déterminés. Ils veulent  arriver à leur but pacifiquement.  La leçon de violence du premier soulèvement de 1988 est bien apprise. Souhaitons qu’après le passage du compacteur hirak la visibilité du chemin vers le Palais d’El Mouradia  sera claire. Unisson pour le bien du pays et barrons la route aux candidats  peluches  et pour  garantir une vie digne et paisible à nos enfants dans une Algérie clame et moderne. 
 

Auteur
Dr Omar Chaalal

 




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