26 C
Alger
samedi 12 juillet 2025
AccueilA la uneMohamed Ould Ghazouani ou la fatigue d'exister

Mohamed Ould Ghazouani ou la fatigue d’exister

Date :

Dans la même catégorie

Mali : un important convoi militaire a quitté Gao pour Kidal

Composée de plus de 70 véhicules, la colonne des...

Législation sécuritaire : des ONG alertent sur les dérives autoritaires en Algérie 

Les organisations signataires expriment leur vive préoccupation suite à l’adoption, ce...

Algérie : terre de Saint Augustin au Vatican et de Uqba en Algérie

Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, M....

Mustapha Boutadjine : collages de silence, portraits de lutte

Mustapha Boutadjine est l’un de ces artistes dont l’œuvre...
spot_imgspot_img
- Advertisement -

Ils avaient été conviés à dîner à la Maison-Blanche, mais ce n’était pas un banquet d’égal à égal. C’était une convocation diplomatique, une mise en scène d’autorité où cinq chefs d’État africains étaient alignés autour de Donald Trump comme naguère les gouverneurs indigènes autour du résident colonial.

L’Afrique, encore une fois, appelée à comparaître sous prétexte de dialogue. Tout, dans la disposition des corps, dans le tempo de la parole, dans l’ambiance du lieu, rappelait la verticalité d’un monde que l’on croyait révolu. Et soudain, la scène s’est resserrée sur un détail, presque banal, mais lourd de ce que l’Histoire ne cesse de répéter : l’humiliation en direct, crue, sèche, administrée avec le naturel de ceux qui ont toujours dominé.

Le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani prend la parole. Il ne demande rien de déraisonnable. Il ne réclame ni faveur ni privilège. Il cherche à exposer une idée, à parler, simplement, au nom de son pays.

Mais dès qu’il ouvre la bouche, quelque chose gêne. Sa voix hésite, trébuche, cherche ses mots dans un français approximatif. Il parle comme un élève mal préparé, baragouinant sa leçon devant un maître agacé.

Ce n’est pas une parole souveraine qui s’élève, c’est un murmure mal assuré, une parole déréglée qui ne semble pas croire à sa propre légitimité. Et c’est là que Donald Trump l’interrompt, d’un ton abrupt, comme on coupe court à une gêne : « Juste votre nom et votre pays, ce serait génial. » Pas un sourire. Pas une formule adoucie.

Rien que l’ordre sec d’un maître de maison à un invité de trop. Cette phrase n’est pas simplement rude, elle est hiérarchique. Elle renvoie Ghazouani non à sa fonction de chef d’État, mais à une présence encombrante qu’il faut réduire à l’essentiel. Nom. Pays. Silence. Le minimum tolérable dans une mise en scène impériale.

Et le plus terrible, le plus déchirant, ce n’est pas l’interruption, c’est ce qui suit. Mohamed Ould Ghazouani s’exécute. Il se tait. Il obéit. Pas un mot de protestation, pas une tentative de reprendre la parole, pas même une crispation dans le regard. Il rentre dans l’humiliation comme on rentre dans une habitude. Il s’efface comme s’il savait déjà qu’il n’avait rien à dire de plus.

Ce n’est pas un homme qu’on a fait taire, c’est un président qui a rendu sa voix sans lutte. Ce n’est pas un propos qui a été interrompu, c’est une mémoire, un peuple, une histoire, une dignité qui se sont effondrés sans résistance.

Ce silence n’était pas diplomatique. Il n’était pas stratégique. Il était structurel, intériorisé, postcolonial. C’était le silence d’un homme qui a appris à ne pas déranger. Le silence d’un représentant devenu gestionnaire. Le silence de ceux qui, à force de plier, ont oublié la verticalité de leur propre nation. Trump n’a rien inventé. Il a agi selon la vieille logique du centre impérial, il parle, il distribue la parole, il retire ce qu’il a concédé.

Mais ce qui sidère, ce qui accable, c’est cette soumission immédiate, presque naturelle, du président mauritanien. Il ne s’est pas défendu. Il n’a pas même tenté d’exister. Il a validé, par son mutisme, le statut humiliant qu’on lui imposait. Et ce silence ne s’arrête pas à sa personne, il retombe comme un couvercle sur tout un peuple, sur une nation entière qui, par cette scène, voit sa voix niée, sa mémoire blessée, son histoire écrasée par la continuité d’une domination à peine travestie.

On ne mesure pas la gravité d’un silence à son intensité sonore, mais à ce qu’il laisse piétiner derrière lui. Ghazouani ne s’est pas seulement tu. Il a collaboré avec son propre effacement.

Trump a humilié. Ghazouani a ratifié l’humiliation. Et c’est tout un continent, encore une fois, qu’on a sommé de n’être qu’un nom et un pays. Rien d’autre.

Cherfaoui Mohamed Rachid

Dans la même catégorie

Mali : un important convoi militaire a quitté Gao pour Kidal

Composée de plus de 70 véhicules, la colonne des...

Législation sécuritaire : des ONG alertent sur les dérives autoritaires en Algérie 

Les organisations signataires expriment leur vive préoccupation suite à l’adoption, ce...

Algérie : terre de Saint Augustin au Vatican et de Uqba en Algérie

Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, M....

Mustapha Boutadjine : collages de silence, portraits de lutte

Mustapha Boutadjine est l’un de ces artistes dont l’œuvre...

Dernières actualités

spot_img

6 Commentaires

  1. Ce que l’on constate de ces rendez -vous a la Maison Blanche, c’est que c’est toujours un mélange de «reality show» et de procès stalinien pour les guests !
    Le 1er qui a eu à faire avec Trump, c’est Trudeau et la volonté de Trump de faire du Canada le 51 ème état des USA ! Il voulait ensuite annexer le Groenland (un territoire autonome du Danemark ! Ensuite, Zelinsky a été souvent attaque ….
    Lors du sommet de l’Otan, les 24 et 25 juin à La Haye,
    Terrifiés à l’idée que l’irrascible président américain puisse partir en claquant la porte, comme il l’avait fait le 16 juin lors du G7 au Canada, les chefs d’État et de gouvernement européens se sont mis en quatre pour que Trump puisse présenter le sommet à ses électeurs comme un succès de sa politique !

    En résumé, il faut prendre en compte l’opinion de Tony Schwarz, le porte plume de The Art of the Deal, signé par Donald Trump en 1987,. Il affirme en 2016, qu’il aurait dû l’intituler # Le sociopathe # !

    Les Etats Unis ont à leur tête un # Sociopathe # qui casse le cadre diplomatique pour humilier ses invites !

    • Un Socio qui a bien fini par faire comprendre aux Anglais, les Frenchies, et toute la smala qu’ils ont interet a se defendre et arreter ce comportement de « malins » et preparez-vous a vous battre. Quand aux Russes voici ce que le Poutine a enttendu de ses propres oreilles apres une remarque sur le bombardement des sites nucleaires des Mullahs: « …faut que les discussion sur l’Ukraine avancent vers la fin, avant qu’elles n’elles ne derapent et finissent dans le bombardement a outrance de Moscow… » – L’expression exacte: « … before those pilotes bombe the shit out of Moscow. »

      Quand au Canada, trop de socialo-communistes qui contamineraient la Democratie. Les Canadiens c’est comme les Al-Khortiens, marie’s au vieux Charlie mais couchent avec tout le monde. Ils sont ciwilise’s ! »

  2. Ni le ton ni la consideration temoigne’e aux autres ne ressemble a celle du Mauritanien. Il a commence’ par le long discours. On lui a demande’ de se presenter et on lui a meme donne’ la 1ere place. Trump cherchait a planter le decors, c.a.d. reconnaitre tous ses invite’s, et le bazidan mauritanien c’est mis a bouffer(le temps) comme un affame’ ou plutot quelqu’un sans eguard envers les autres. Quelle difference avec le President du Liberia, avec un ton, vocubulaire et suscint comme le Trump(de son dire) n’enttend pas souvent… meme dans autour de lui c.a.d. son bureau. Vous n’allez tout de meme pas mettre les 5 Hommes dans le meme sac ! S’il l’avait laisse’ continuer, vous auriez enttendu tout le discours sur la Balestine… Comme s’il ne savait pas d’eux ce qu’eux-meme ne sauront peut-etre JAMAIS !

    Quand a esperer un dialogue d’egaux, vous delirez ! Trump aussi represente au nom d’un continent, de pas moins de 50 Etats ! Une representation qu’il a arrache’ legitimement. Il parle au nom de 350 Millions d’Hommes et Femmes Libres libres, incluant ceux qui lui ont perce’ un trou dans l’oreille ! Il ne parle pas au nom d’un betail.

  3. « alignés autour de Donald Trump comme naguère les gouverneurs indigènes autour du résident colonial…Le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani prend la parole…Ce n’est pas une parole souveraine qui s’élève, c’est un murmure mal assuré, une parole déréglée qui ne semble pas croire à sa propre légitimité… »! Rappelons-nous le sieur 5% de légitimité celui que tout le monde IRONIQUE se plait à dire qu’il incarne ( à juste titre) le parfait planton d’APC au garde à vous face au secrétaire d’état US Antony BLINKEN la voix tremblante (l’élève face au maitre) il avait égrainé quelques réalisations et entre autre la capacité de l’Algérie à dessaler plus d’1 milliard de m3 d’eau de mer… Donc tous ces pseudos chefs d’états africains ne sont en realité que des boites en cartons vides qui raisonnent à l’appel du maitre absolu le G7

  4. Au fait , la Mauritanie combien de divisions ? Donc ,selon notre professeur à l’intrite de je ne sais quelle medersa qui manifestement souffre de priapisme intellectuel et qui pas plus tard qu’il n’y pas longtemps nous vantait la virilité des Iraniens face à la débâcle, Le Président Mauritanien aurait dû parler à Trump, qui lui a fait l’honneur de le recevoir au Bureau oval, avec sa bite. Comme si Trump avait la bite… tude d’être cérémonieux avec d’autres présidents.

    Ah, cher Cherfaoui Mohamed Rachid, toujours prompt à nous servir de grandes fresques moralisatrices où l’Afrique est réduite à une mise en scène tragique, un théâtre de l’humiliation récurrente, avec président humilié, peuple effacé, et méchant impérialiste blanc aux cheveux jaunes comme grand méchant loup.
    Mais allons bon, que s’est-il donc passé ? Un dîner à la Maison-Blanche, cinq chefs d’État africains alignés autour de Donald Trump – et là, catastrophe civilisationnelle : le président mauritanien bafouille un peu, tente de faire un laïus, et se fait interrompre sèchement. Et c’est tout ? Oui, mais dans la bouche du chroniqueur, c’est Hiroshima, c’est Othello, c’est Fanon qui pleure dans sa tombe pendant que Sartre se retourne dans la sienne.

    Alors reprenons. Trump, sans façon, familier à l’excès peut-être , coupe la parole ? Incroyable. Quel choc ! Sauf que… c’est son style. Trump interrompt tout le monde : les journalistes, Angela Merkel, Joe Biden, parfois même lui-même. Il est une caricature d’irrévérence crasse. Le président mauritanien n’a pas été traité plus mal que les autres – il a juste été traité… comme tout le monde. Le problème ici, ce n’est pas le comportement de Trump. C’est le fantasme narratif plaqué dessus.

    Parce que voilà le cœur du drame selon Cherfaoui : le silence du président n’était pas diplomatique, il était structurel, ontologique, postcolonial. Rien que ça. Il n’aurait pas simplement respecté un cadre protocolaire ou un temps de parole mal géré. Non, il aurait collaboré à son propre effacement. Mazette ! Quelle lourdeur conceptuelle pour une scène si banale.
    Et c’est là qu’on atteint le sommet de l’absurde : on exige du président mauritanien non pas qu’il parle utilement, ni qu’il représente dignement son pays – non, mais qu’il résiste, qu’il s’insurge, qu’il plante là Trump avec une tirade hugolienne, peut-être même torse nu sur la table façon Che Guevara. Sinon ? C’est qu’il s’incline, qu’il trahit, qu’il devient « gestionnaire » et non pas « souverain ». On dirait presque que l’auteur rêvait que le président mauritanien sorte sa bite, pour paraphraser une lubie récente de notre professeur de virilité géopolitique.
    Car oui, il faut en parler de cette obsession. On nous parle sans cesse de dignité, de verticalité, de mémoire, mais en creux, ce qui est exigé, c’est une virilité. Celle des Iraniens que Cherfaoui vantait hier, ou celle, fantasmée, des chefs d’État africains qui devraient sabrer verbalement les Occidentaux pour prouver leur souveraineté. Comme si c’était là le summum de la stratégie diplomatique : des couilles et du verbe haut.
    Mais enfin, soyons sérieux deux secondes. Un chef d’État africain qui veut convaincre Trump, ce n’est pas en alignant les poncifs ou en jouant les narrateurs postcoloniaux qu’il y arrivera. C’est en allant droit au but. Or, Ghazouani a cru pouvoir prendre son temps – erreur tactique. Trump l’a interrompu – comme il interrompt tout le monde. Point. Pas de quoi en faire un drame historique.
    Et cette envolée finale, alors ? « Ce n’est pas un homme qu’on a fait taire, c’est une mémoire, un peuple, une histoire, une dignité »… Que d’effets pour une anecdote ! Voilà un chroniqueur qui confond la littérature avec le compte rendu diplomatique, et la dignité avec le pathos.
    Au fond, le vrai problème ici, ce n’est pas Trump. Ce n’est pas Ghazouani non plus. C’est cette fâcheuse tendance à transformer chaque scène médiatique un peu rude en allégorie tragique de la domination occidentale éternelle. Une sorte de réflexe de victimisation automatisée où tout devient symptôme, stigmate, structure. Mais parfois, une claque n’est qu’une claque, un manque de répartie n’est qu’un manque de répartie, et un silence n’est qu’un moment raté de communication, pas un enterrement civilisationnel.

    • Imaginez-vous tabtoz dans le groupe !!!Chez poutine, il avait peur meme de respirer. Chez Meloni, il y avait Macron alors c’est moins dangereux… Meme le nez fait la courbette…

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici