21 mai 2024
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Mohand Tahar Yala : « Le peuple a trouvé les ressors pour vaincre sa division »

ENTRETIEN

Mohand Tahar Yala : « Le peuple a trouvé les ressors pour vaincre sa division »

Le général Mohand Tahar Yala reste un observateur averti. En 2014, il a retiré à la dernière minute sa candidature à la présidentielle.

Le Matin d’Algérie : Une année déjà depuis que le mouvement populaire s’est mis en marche pour s’opposer au 5ème mandat et revendiquer une rupture radicale avec le système. Quel bilan en faites-vous ?

Le général Mohand Tahar Yala : Oui,  depuis une année le mouvement populaire s’est mis en marche. Je disais l’an dernier au mois  de mars que « tous ceux qui sont animés par l’amour de ce grand pays et de cette grande nation aspirent à ce que soit maintenu ce formidable élan unitaire que nous n’avons  plus vu depuis le 3 juillet 1962. Ceux qui n’aiment pas l’Algérie feront tout pour briser cet élan. Surtout ceux qui souhaitent que l’Algérie garde un genou à terre »

Mais évidemment aussi, ceux qui entendaient conserver leur fonction et les avantages qui y sont liés et ceci quel que soit le prix à payer par le pays. Je disais aussi : «Le peuple avait trouvé les ressors pour vaincre sa division et son fatalisme. Il restait à ses élites de construire cet autre avenir porteur d’espoir d’une Algérie forte et prospère. »

Le peuple a en effet vaincu sa division et son fatalisme et a maintenu son élan unitaire national loin de toute idéologie, de haine et d’extrémisme et ceci durant toute l’année malgré les multiples tentatives de division

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Le mouvement populaire a réussi à s‘opposer au 5ème mandat parce que c’était une revendication simple et claire dans l’esprit de tous.

Toutefois celle qui consiste en la rupture est plutôt un rôle des élites qui devaient converger pour l’intérêt national et uniquement pour l’intérêt national. Si donc il y a un échec c’est à ce niveau qu’il faut le situer.

Si le peuple demande la rupture pour un nouveau projet de gouvernance, un tel projet qui est un véritable édifice stratégique ne peut pas se faire dans les marches populaires ni même dans une salle de conférence  mais par les élites patriotiques animées par la volonté de construire cette Algérie forte et prospère, de mettre le pays sur la voie de la justice et de la liberté,  du développement, par une stratégie de puissance en rapport avec les ressources humaines et  naturelles de notre pays, le plus grand d’Afrique.

Or dans l’esprit de beaucoup il y a une confusion entre d’une part le projet de gouvernance basé sur une doctrine nationale et une stratégie de puissance à long terme et  d’autre part les projets de sociétés basés sur une idéologie.  

Compte tenu de cela et pour éviter cet échec nous avions préconisé une transition politique sous le haut patronage d’une personnalité consensuelle pour conduire une rupture organisée et orientée vers des objectifs consensuels clairs et définis c’est-à-dire exécuter un programme d’actions précis. L’idée n’a malheureusement pas été retenue.

Le Matin d’Algérie : Que peut-on faire aujourd’hui ?

Mohand Tahar Yala : Il faut transformer ce mouvement national citoyen, le hirak, en un mouvement de citoyenneté nationale qui est un projet de gouvernance basé sur les dénominateurs communs de la Nation   

Le Matin d’Algérie : Après l’élection présidentielle du 12 décembre dernier  y a-t-il lieu de dire que le système a gagné la première bataille contre le mouvement  populaire en imposant sa feuille de route  par étape ?

Mohand Tahar Yala : Si bataille il y a, la bataille continue parce que le peuple est toujours mobilisé et uni  et je reste optimiste parce que d’abord  la révolution est toujours pacifique et aussi le pouvoir a fondamentalement changé depuis le 12 décembre dans le sens où  il semble être plus à l’écoute des revendications politiques du peuple. 

Donc la feuille de route du pouvoir n’est plus la même et il y a de fortes raisons de croire qu’elle se rapprochera au fur et à mesure des revendications du Hirak.  

Le Matin d’Algérie : Le PAD peut-il constituer une voie de sortie de crise ?

Mohand Tahar Yala : J’ai partiellement répondu à cette question en parlant de projet de gouvernance et de projets de société. Le PAD est construit sur la base d’un projet de société et d’une façon générale les projets de société opposent la société.

Par conséquent compte tenu de la situation de notre société et de l’histoire récente du pays si le PAD peut participer à la sortie de crise je ne pense pas qu’il puisse constituer la voie de sortie définitive de la crise.

Le Matin d’Algérie : Quelle lecture faites-vous de la question des détenus politiques et d’opinion :

Mohand Tahar Yala : Je suis pour la libération de tous les détenus d’opinion et des détenus politiques qui ont juste eu le tort d’exprimer leur opposition au pouvoir.

Je voudrais terminer en rappelant qu’il faut veiller à ne pas confondre le rejet de la dictature militaire et le rejet de sa propre armée ou de la sécurité nationale. Ce sont des brèches qui peuvent conduire à l’effritement de l’Etat et de la Nation  et à la perte de la souveraineté au bonheur des pays dominants. 

D’ailleurs les services de sécurité les plus omniprésents et les armées les plus fortes appartiennent à ces puissances proclamées « démocraties ».

Auteur
Kamel Lakhdar Chaouche

 




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