24 avril 2024
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Monsieur le Président Bouteflika…

TRIBUNE

Monsieur le Président Bouteflika…

D’aussi loin que peuvent remonter mes souvenirs, vous avez été là. Je m’appelle Razine, et je suis né au crépuscule de l’automne 1994, et hormis quelques photographies d’un certain grand homme politique bassement assassiné par le système qui ornaient notre salon, je ne me souviens que de vous.

Bien que mes mots soient personnifiés et qu’ils découlent de mon vécu propre, de ma mémoire et de mon histoire, je porte néanmoins en moi le ressenti de toute une génération ; le sentiment d’être figé dans la médiocrité et la risibilité de soi.

L’impression d’avoir toujours été bloqué dans le même cycle infiniment redondant, celui de n’espérer à aucun changement, aucune transition. Un enchaînement en spirale d’échecs socio-économiques traînant la nation dans une lente déchéance.

Au final, le seul accomplissement du système aura été de faire de l’absurdité une normalité, de nous faire accepter l’impensable, de rire de ce qui est humiliant en se disant que c’est juste risible…

Vous avez toujours été là, et si vous n’aviez causé que la mort lente de la pensée (Pensée unique obligatoire, au passage…) nous ne vous en aurions pas autant voulu. Non, ce n’est pas le pire qui est arrivé à l’Algérie au cours de votre règne long de deux décennies, ce n’est qu’une bribe de la dégénérescence qui nous a frappés… Vous avez créé la Haine.

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La haine de soi. La Haine de nous, la haine de l’«autre » qui dans la définition d’une patrie n’est autre que «nous ». Vous ne voyez toujours pas de quoi je parle… ? L’Algérien a fini par se détester lui-même. Les dix dernières années ont été marquées par la critique de toute entreprise, toute institution, toute initiative, toute idée Algérienne. « Cha3b khamadj », « Cha3b machi fahem » « Cha3b mekhlou3 » « Cha3b machi mrabbi » « Cha3b bared guelb » et j’en passe tellement, mais tellement. Nous avons perdu foi en nous, nous avons indiscutablement fini par perdre toute confiance en notre potentiel, nous avons oublié nos valeurs, nous nous sommes accrochés par dépit aux futilités sociétales et avons mis au placard le concept de l’accomplissement personnel.

En voyant néanmoins ma patrie se soulever derrière la même idée et sous l’impulsion d’un seul et même mécontentement, et le tout d’une manière si innocente et civilisée telle qu’il n’a jamais été vu à même dans les pays les plus développés… J’ai saisi. J’ai compris que vous nous avez tellement mentis, qu’on a fini par y croire.

Et je ne vous pardonnerai jamais, mais je tiens à préciser un élément essentiel ; je tiens à mettre au clair l’objet exact de notre colère, de notre révolte, de notre démarche.

Vous n’êtes qu’un symbole.

En mettant au sol les cadres confectionnés à votre image, en piétinant votre visage, en écrasant votre effigie, vous vous douterez que nous autres – VALEUREUX ALGERIENS – connus pour notre compassion et notre empathie envers les personnes âgées et malades, ce n’est pas par cruauté. En temps normal, nous aurions tenu les bras de votre charrette, et nous aurions fait vos  courses pour la semaine avec le plus grand des plaisirs. Si nous vous insultons et vous dénigrons avec tant de hargne, c’est justement parce que vous êtes un symbole. Mais lequel ?

Vous n’êtes rien d’autre que l’égérie d’un système corrompu, incompétent et indigne qui tient les règnes depuis 1962, depuis le jour où l’Algérie a fièrement levé son drapeau haut dans le ciel, donnant l’illusion au peuple  d’une souveraineté et d’un renouveau. Et à partir de cela, le message est ouvert à toute personne ayant injustement détourné un denier du peuple, ou ayant misérablement fait passé une loi pour ses intérêts.

C’est contre tout ce système que les Algériens se lèvent aujourd’hui. Il n’est plus question de Abdelaziz Bouteflika, victime de trois AVC et très certainement cliniquement incapable de prendre des décisions par lui-même. Il est sujet de toute une organisation, de tout un lobby, de toute une entité.

En ce jour, le peuple algérien refuse catégoriquement toute personne ayant trempé d’une manière ou d’une autre dans cette idéologie mafieuse et médiocre, tournée vers les intérêts d’une minorité. Nous ne voulons pas d’un Ouyahia punitif et rabaissant envers la population qui est avant tout victime d’une économie et d’une politique violée, nous ne voulons pas d’un coup d’Etat de Gaïd, nous ne voulons pas d’un Saïd vice-président. Nous ne voulons pas d’un candidat de dernière minute sorti comme par magie de votre manche, nous voulons un renouveau.

Nous marcherons pacifiquement, nous lèverons nos voix et nous exprimerons notre mécontentement infiniment et à jamais jusqu’à ce que la vermine n’ait plus sa place dans la haute sphère décisionnelle de la nation.

Gardez à l’esprit qu’en ce mois de Février, pour X & Y raisons, la plèbe Algérienne dont vous vous êtes injustement joué pendant plus d’un demi-siècle a ouvert les yeux et ne se fera plus jamais berner par les mêmes scénarios deux fois de suite. Nous verrons toutes vos manigances, et nous gagnerons cette bataille à l’usure quel qu’en soit le prix.

En cette fin de l’hiver de l’an 2019, le glas de la médiocrité algérienne instaurée par des misérables a indubitablement sonné. Nos élites remplaceront les corrompus de la justice, les pourris qui prétendent faire la loi et l’ordre, les incompétents qui prennent des décisions sur lesquels se jouent nos avenirs et nos opportunités au sein de ce monde.

Que le gouvernement naisse  du peuple, ou que le peuple soit la conséquence d’un gouvernement… AUJOURD’HUI, la plèbe veut aller de l’avant, et nous gagnerons cette guerre d’usure jusqu’à donner un avenir florissant à notre nation à en faire des envieux partout autour du globe.

Puissiez-vous trouver la rédemption, et puissions-nous trouver la force de vaincre.

Razine, un jeune Algérien de 24 ans …

Auteur
Razine

 




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