26 avril 2024
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Mouloud Hamrouche : une déclaration de trop

DECRYPTAGE

Mouloud Hamrouche : une déclaration de trop

La déclaration de l’ancien premier ministre de Chadli Bendjedid a lancé un pavé dans la mare du moins du côté des manifestants qui ont cité son nom.

Son caractère bref, froid et qui se termine par « dont acte » pourrait être compris comme une démarcation nette du «Hirak» Elle jette ainsi une suspicion sur sa sincérité, légitimité et  surtout sa spontanéité. Cette déclaration, tombe mal car elle épouserait la thèse des tenants du pouvoir qui l’imputent à une manipulation de la jeunesse Algérienne par «une main étrangère» pour justement discréditer son caractère spontané pour exprimer leur ras-le-bol  de ce «mal vivre» dans leur propre pays.

Notre modèle de l’élite politique n’a à aucun moment exprimé sa satisfaction de l’honneur qu’à fait ce «Hirak» pour citer son nom ou éventuellement reconnaître à l’opinion publique sa légitimité de ses revendications comme s’il était tenu par un « devoir de réserve » d’un militaire qui ne veut pas attirer la foudre de Gaïd Salah qui à un moment donné devait menacer les anciens de l’armée pour ne pas manifester d’une manière ou d’une autre leur sentiment sur cette échéance électorale notamment le cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika.

Pourtant à aucun moment «les déclarations d’acteurs politiques, de sites d’information, de réseaux sociaux et des articles de journaux» qu’il identifie dans sa déclaration n’ont parlé d’un accord ou d’un entretien que Mouloud Hamrouche a donné pour mener une transition ou se porter candidat à une échéance quelconque.

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Son nom a émergé «spontanément» parmi la réserve des élites politiques et plus honorable pour lui «novembristes» et cela devrait le glorifier pour adopter une attitude plus souple pour au moins encourager cette jeunesse sur cette voie que leurs aînés ont suivi pour libérer le pays du joug colonial.

Encore une fois, il n’est pas le seul qui a été cité dans les réseaux sociaux mais d’autres pour la plupart fils ou filles de Chahids ou Moudjahidine ou Moudjahidates comme : Bouchachi, Mokrane Aït Larbi, Ali Benflis, Djamila Bouhired, Drif et bien d’autres. Ce n’est certainement pas Mouloud Hamrouche en valeur absolue dont parle le «Hirak» mais d’un actif positif pour ce qu’il a fait, ce qu’il pense ou ce qu’il pourrait encore donner comme fût son père et nombreux membres de sa famille à l’époque de la révolution.

La génération facebook de la période Bouteflikienne l’a connu à travers ce que leurs aînés ont dit de lui «un réformateur hors pair» et surtout sa dernière contribution qui n’a pas été bien comprise par le bas en se référant bien entendu aux commentaires qui s’en sont suivis.

En dépit de la volonté de certains éditorialistes de la presse nationale pour la réorienter sous forme d’une attaque contre le régime en place, la tribune n’a pas eu l’écho escompté de la part de quelqu’un très apprécié par l’opinion publique.

En effet, l’ancien premier ministre n’a «épinglé» ni Bouteflika ni ses prédécesseurs et encore moins l’establishment. Il s’est épinglé lui-même par un langage «hyper-intello» qui a brouillé son message parabolique difficile à décrypter par le citoyen lambda mais peut être compris 5 sur 5 par le haut, auquel cas, a quoi cela aura servi ? Pourtant, c’est de sa méthodologie d’approche que la génération facebook s’est intéressée.

Elle a été excellente parce qu’elle s’appuie sur le passé pour mieux analyser le présent et appréhender le futur. Fils de chahid, membre de la famille révolutionnaire, issu lui-même du système, il a réussi par cette contribution à mettre une ligne rouge entre l’avant et après l’indépendance de l’Algérie.

Les jeunes d’aujourd’hui comprendront s’ils se posent la question sur l’opportunité de la révolution algérienne de 1954 que  la société algérienne fut une des plus dépossédées du monde : la colonisation de peuplement avait expulsé une partie de la paysannerie de sa terre et condamnait, par son existence même, les chômeurs ruraux à ne pas trouver d’emploi dans le secteur agricole. La majorité des postes de cadres moyens ainsi que des fonctions administratives subalternes étaient dévolus aux Européens.

Enfin l’identité algérienne elle-même était niée, le pays ayant un statut départemental tandis que l’arabe n’était pas enseigné dans les écoles. Le succès de l’insurrection du 1er novembre 1954 trouve-là ses sources.

Tous les mouvements nationalistes fussent ils petits-bourgeois, n’avaient d’autre programme que l’indépendance, d’autre idéologie que l’anticolonialisme. Donc le million et demi de martyrs morts pour la patrie n’ont pas été vainement.

Maintenant sa description de  l’été 1962 pourrait être comprise comme l’incapacité des dirigeants qui sont venus après de comprendre ce qu’ils feraient de cette indépendance et donc ont tous échoué malgré que «l’homme du 19 juin ait repris ce combat là où il s’était arrêté, le souffle révolutionnaire reprenait ses droits. Beaucoup y avaient cru et s’étaient engagés», il s’est arrêté là pour ne pas citer la période du feu Chadli Bendjedid dont il était le premier ministre durant laquelle, il y a eu la réorientation de l’économie national qui a rendu vains les efforts de deux décennies.

Notre ami Hamrouche ne devrait surtout pas se tromper de cible et rater un tournant de l’histoire algérienne ne serait- ce  pour aider ceux qui sont morts pour elle de se reposer tranquillement dans leurs tombes.

Auteur
Rabah Reghis

 




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