29 mars 2024
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Mouloud Hamrouche, une énigme algérienne !

DECRYPTAGE

Mouloud Hamrouche, une énigme algérienne !

L’Algérie est parmi les rares pays au monde où un ancien haut fonctionnaire occupe un espace médiatique aussi important après chaque article de presse publié ! Pourquoi ? Je crois que le personnage qu’il incarne fascine plus qu’autre chose. Il intéresse notamment la classe politique et les journalistes.

Le peuple ne croit plus en ces hommes du Système, anciens comme nouveaux. La jeunesse ne le connaît pas. Certains pensent même qu’il était membre fondateur du FLN ; pour dire à quel point il mérite, tout comme le FLN, une place au musée d’El Moudjahid.

Il faut rappeler, quand-même, qu’il ait été, de septembre 1989 à juin 1991, Chef du gouvernement. Il fut également le chef du protocole sous le dictateur Houari Boumediène. D’ailleurs, il n’a pas pu s’en empêcher de lui rendre hommage dans sa dernière contribution !

Cela dit, est-ce qu’il a fait de grandes choses pour l’Algérie ? Objectivement, c’est difficile à dire. Au fait, les versions disent la chose et son contraire… Pour l’histoire, il a essayé de changer le dilemme dans lequel était ancré le Système. Mais il n’avait aucun pouvoir, même s’il en avait l’illusion avant de se rendre compte devant des militaires, qui ne juraient que par la Violence. En schématisant, c’était comme si tu demandes à un homme aveugle et sourd de surveiller ton bétail ! La suite, on la connaît !

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Après 1991, il a fait quoi ? Une question légitime que se posent les Algériens. Est-ce qu’il a publié des livres afin de partager son savoir et son expérience ? Donne-t-il des cours à nos étudiants ? Il a occupé d’autres responsabilités pour faire rayonner la culture algérienne ? Au fait, il y a plusieurs fonctions qui permettent de travailler pour le bien de l’Algérie sans pour autant être politique du premier rang !

Mais dans le cas de Hamrouche, pas la moindre trace ! En effet, sur Google, les résultats de la requête « Mouloud Hamrouche » se limitent à deux portraits limités et de nombreux articles dans plusieurs journaux… J’ai appris (à vérifier tout de même !) que depuis sa démission, il vit sur le dos de l’État, dans l’une des résidence d’État. Parasitaire comme rôle, effet !

Cependant, il a l’outrecuidance de nous faire signe à chaque élection présidentielle, pour partager son avis ! Comme à chaque sortie, cela n’apporte rien. Il utilise un langage savant qui ne parle pas aux petites gens. Des concepts fourre-tout qui restent toujours abstraits. Mais notre « élite », à défaut de produire des idées, les interprète selon ses désirs…

A chacune de ses sorties journalistiques, les éditorialistes nous expliquaient : «il voulait nous dire qu’il serait le candidat si et si… » En fait, il lui suffit de publier un seul article et on trouve après des centaines d’articles qui essaient de lire entre les lignes. On parle même des non-dits de M. Hamrouche. Il arrive même qu’on lui reproche de ne pas dire ce qu’il aurait dû dire ! De deux choses l’une : ou ils nous prennent pour des imbéciles incapables de comprendre sans leurs aides ; ou ils n’ont pas d’analyses qui leurs sont propres.

A propos, à qui s’adresse M. Hamrouche dans ses exercices intellectuels ? Au gouvernement peut-être, car il essaie plutôt d’impressionner ses lecteurs et non pas de les éclairer. Mais le lecteur lambda a surtout l’impression qu’il parlait d’un autre pays que l’Algérie. Les habitués de la philosophie politique savent que c’est de la théorie, voire de l’introduction à la science politique.

Mouloud Hamrouche parle surtout aux partis d’opposition. D’ailleurs, ces partis n’ont d’opposition que le nom. Ils ne proposent rien en terme d’idées et de projets de société. Ils attendent l’action du Pouvoir pour en déduire leur contre action. Ils sont sur la défensive, voire défaitistes.

Quand on écoute le discours des uns et des autres, on comprend cette méfiance du peuple. On ressent un vide abyssal où la rhétorique prime sur le concret et le réel. J’ai déjà analysé l’apport des partis politiques en Algérie où j’ai démontré, j’espère avoir réussi, qu’ils sont inutiles, voire nocifs.

Cela dit, M. Hamrouche est juste le symptôme. S’il utilise souvent ce procédé, c’est parce qu’il sait bien qu’il y a du vide en face. Les politiciens, du moins ce qu’on voit en ce moment, n’ont pas le temps ou les capacités pour développer leurs propres analyses. A cet effet, il vient leur dire quoi penser ou dans quel sens serait judicieux de penser.

Par ailleurs, il faut rappeler que la majorité des Algériens ne s’intéresse pas à ses analyses et ceux qui lui prêtent attention lisent ses tribunes comme des propositions de services pour le Pouvoir. Mais ce dernier lui fait la sourde oreille, parce qu’il est plus intelligent que les autres serviteurs, disponibles et moins exigeants.

Force est de constater qu’il n’a pas encore compris que son temps est révolu. Il attend quoi à 75 ans ? Revenir pour devenir Président de l’Algérie ?  S’il pense qu’il est le mieux placé pour être le Président de l’Algérie, alors c’est grave !

C’est le moment, en effet, de passer le flambeau aux autres, comme la génération post-libération et pourquoi pas celle d’après le règne de Boumediène, qui se trouve plus en adéquation avec l’économie de la Connaissance. Il comprend quoi à l’Information, le Big Data ?

Au regard de sa formation et de ses expériences, ses champs d’analyses sont plutôt les champs de Hassi Messaoud et Hassi R’mel. Mais l’Algérie du XXIème siècle a besoin d’une personne en phase avec les nouvelles technologies et des données pour suivre la marche du monde. Les puits du gaz et du pétrole s’épuisent, mais jamais ceux de la Connaissance.

Pour finir, je voulais vous signaler, pour l’anecdote, que la recherche sur Google de Mouloud Hamrouche donne aussi quelques noms associés comme : Ghozali, Benflis, Benbitour ou Belkhadem. A vrai dire, j’espère que le lecteur a compris que cette analyse vaut également pour les autres politiciens, qui sont dans le même schéma.

A chaque élection présidentielle ils viennent nous parler de l’Algérie et son avenir, mais c’est toujours le peuple qui souffre au final.

Auteur
Nabil de S’Biha

 




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