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mardi 5 août 2025
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Mouvement dans le corps des magistrats : transfert énigmatique du juge Ali Hichour 

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Figure montante de la justice algérienne, le juge Ali Hichour, qui a instruit les affaires de corruption et de terrorisme les plus sensibles, a été muté à la Cour de Chlef. Officiellement ordinaire, cette décision, qu’il conteste, soulève des doutes sur l’indépendance et les équilibres internes du système judiciaire.

Selon les informations de Maghreb Émergent, le juge Ali Hichour, président de la première chambre criminelle et du tribunal criminel d’Alger, a été muté comme conseiller à la Cour de Chlef, à 200 km à l’ouest de la capitale.

Officiellement, il s’agit d’une mutation ordinaire dans le cadre d’un mouvement partiel de magistrats approuvé par le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune. Mais, politiquement et symboliquement, cette décision ressemble à une mise à l’écart.

Le magistrat a saisi le Conseil supérieur de la magistrature pour contester ce qu’il qualifie d’atteinte à son droit à la stabilité professionnelle. Plus de 80 autres juges ont introduit des recours similaires.

Un juge au cœur des affaires sensibles

Figure montante du corps judiciaire, Ali Hichour s’était imposé comme l’un des magistrats les plus en vue du pays. À Alger, il a dirigé les procès les plus emblématiques (*), notamment les grands dossiers de corruption (Saïd Bouteflika, affaires Sonatrach, scandale des « 701 kilos de cocaïne » dans laquelle Khaled Tebboune a été condamné). 

Cependant, en novembre 2022, il a marqué l’histoire judiciaire en prononçant 49 condamnations à mort dans l’affaire du lynchage de Djamel Bensmaïl. Un procès jugé expéditif par les avocats et les familles des prisonniers.

Une rétrogradation déguisée ?

Dans les usages, passer de la présidence d’une chambre criminelle à Alger à un simple poste de conseiller en province n’est pas perçu comme une promotion.

Pour les connaisseurs du système judiciaire, le déplacement d’un juge qui a instruit les affaires les plus sensibles vers un poste secondaire n’a jamais rien d’anodin.

Un discours officiel qui interroge

Le ministère de la Justice parle de « dynamiser le service public » et de « mobiliser les compétences ». Ces explications peinent à convaincre.

Pourquoi écarter un magistrat devenu symbole de rigueur judiciaire ? Hypothèses évoquées : sanction déguisée, recomposition interne du système ou rééquilibrage politique.

Si la mutation est confirmée, elle renforcera l’idée d’une justice fragilisée par les rapports de force politiques. Si elle est annulée, elle pourrait ouvrir un débat inédit sur l’indépendance réelle des magistrats.

Un parcours emblématique

2018-2019 : affaires Sonatrach et contrebande douanière.

2019-2020 : procès de Saïd Bouteflika et premières affaires de l’ère Tebboune.

2021 :Dossiers terroristes (réouverture du dossier Tiguentourine, poursuites contre d’anciens cadres de l’ex-FIS) et affaires liées aux violences du Hirak.

2021-2022 : affaire Djamel Ben Ismaïl (49 condamnations à mort).

2023-2024 : condamnation de Nassim Diafat et gestion des dossiers Sonatrach 2 et douanes.

2025 : supervision des appels dans les grands dossiers avant sa mutation contestée.

Samia Naït Iqbal

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