Pour ceux qui ne connaissent pas le Musée d’Art Moderne d’Oran (MAMO), la visite est fortement déconseillée surtout en ces derniers temps là-où l’évènementiel artistique est en faible progression.
Parler de musée ou de galerie d’art dans une ville comme Oran reviendrait à évoquer un secteur en déshérence, voire en parfaite dislocation. Non pas évidemment pour le manque d’organisations d’expositions limitées que connaît depuis des années cet édifice de conservation de biens culturels, et ni à cause de la pandémie du Covid-19 qui a gelé toute activité culturelle depuis le début de l’année 2020 jusqu’à 2021. Du moins pas seulement. Le problème est structurel. Donc plus profond.
Certes, cette fermeture récemment imposée voire voulue vient conclure une situation assez catastrophique menaçant de faire plonger le monde de l’art en particulier et de la culture en général dans une situation désastreuse et nos artistes dans la déprime. Le plus grand problème auquel est confronté le secteur est l’absence, voire la mise à l’écart autoritaire d’une élite de bonne volonté aux affaires culturelles, et l’instauration de la médiocrité dans le milieu de la gestion culturelle.
Donc, parler de Musée d’Art Moderne en état de mort clinique ou de galeries d’arts en voie de disparition dans une ville hôte d’un événement grandiose du bassin méditerranéen reviendrait à mettre en lumière un secteur soumis à une totale abondance.
Les artistes créateurs qui prennent différentes initiatives pour contribuer à faire la promotion de leur ville sont largués et méprisés par ceux qui dirigent le secteur de la culture.
Par ailleurs, il n’y a pas que cet édifice de quatre étages dit MAMO qui est visé dans la ligne de mire des critiques, il existe aussi d’autres endroits d’échanges artistiques et d’exposition. Il s’agit tout d’abord d’une petite minorité de galeries d’art fondée par des artistes volontaires dont certaines viennent de plier bagages. A commencer par la galerie espace Lotus située auparavant à la rue Ramier dont nul n’entend parler actuellement.
C’est le cas aussi de la galerie Elfa de la rue Lamartine où plusieurs artistes de renommée issus de toute une génération se manifestèrent dans l’espoir de s’octroyer ce petit espace pour exposer leurs toiles. Ce qui reste en fait comme seuls refuges d’accueil pour artistes et leurs œuvres, notons la petite galerie Art’Weka sise au début de la rue Mirauchaux tantôt ouverte et tantôt fermée et qui a connu entre les années 1990 et le début de l’an 2000 un grand nombre d’exposants et d’expositions, un endroit qui sombre actuellement dans le silence.
Avec son programme artistique multidisciplinaire, le nouveau Centre d’Art « El Yasmine » dont le siège est situé au niveau du quartier Seddikia (ex-Courbet) reste le seul endroit de distraction culturelle issu de diverses activités dédiées à la recherche culturelle et artistique. Sans oublier les deux fameux organismes européens d’échanges culturels accrédités à Oran à faire savoir l’Institut Français et l’Institut espagnol Cervantès dotés de gigantesques galeries d’expositions abritant de manière récurrente et permanente des expos de peintures, des salons de livres et des ateliers artistiques avec un programme culturel trimestriel archicomble.
Notons qu’il n’y a pas que le ministère de tutelle pour gérer ce genre de problématiques, il y a toute une autorité voire toute une hiérarchie qui doit s’organiser car la faille vient de là. Lorsqu’on compare avec les deux pays voisins, il y a lieu de souligner les deux évènements grandioses de Carthage et de Marrakech, sachant que l’Algérie n’a pratiquement ni festival digne de leur stature et ni encore ceux qui le gèrent comme le festival international du film arabe d’Oran, un évènement raté et classé aux oubliettes.
On est tous conscients que pour certains décideurs successifs la culture n’est pas leur fort comme c’est le cas du Musée d’Art Moderne d’Oran (MAMO) fermé depuis l’été 2021. Nulle représentant des autorités compétentes n’a bougé le petit doigt pour trouver solution à cette situation qualifiée de plus sensible à gérer.
Et dire qu’Oran va abriter le plus grand évènement sportif international du bassin méditerranéen.
Que dira-t-on aux curieuses et curieux touristes fans et amoureux des galeries ? Quels scoops couvrira la presse accréditée ?
Nour El Yakine Ferhaoui
Artiste, reporter et caricaturiste
écrivain et conseiller culturel