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lundi 18 août 2025
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Nâel Barghouthi : «Dans les prisons israéliennes, un film d’horreur que même Hollywood ne saurait produire»

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À 67 ans, Nâel Barghouthi, doyen des prisonniers palestiniens libéré en février 2025 après plus de quatre décennies derrière les barreaux, incarne à lui seul la mémoire vivante de la lutte palestinienne.

Dans un entretien exclusif accordé à Al-Araby Al-Jadeed, il revient sur ses nouvelles conditions d’exil en Turquie, les sévices endurés par ses camarades toujours détenus, et l’avenir de la résistance. Son récit bouleversant lève le voile sur un univers de torture et d’humiliation qu’il compare à « un film d’horreur que même Hollywood ne saurait produire ».

Une liberté sous condition : l’exil en Turquie

Barghouthi n’a pas retrouvé sa terre natale, mais a été transféré en Turquie dans le cadre d’un accord international d’échange de prisonniers. « Je ne suis pas en visite, mais en résidence forcée pour deux ans », explique-t-il. Un séjour qu’il espère écourté si les conditions politiques le permettent. L’accueil populaire turc, dit-il, est chaleureux, mais l’exil demeure un arrachement. Pire encore, il n’a toujours pas pu retrouver son épouse, Iman Nafeh. Bien qu’elle dispose d’un visa turc, Israël l’empêche de quitter la Cisjordanie. « C’est une arme de chantage, une façon d’exercer une pression psychologique supplémentaire sur les prisonniers et leurs familles », dénonce-t-il.

Le quotidien de l’horreur

Barghouthi décrit sans détour les conditions de détention actuelles : coups, gaz lacrymogènes, chiens dressés, privation de nourriture, tortures médicales. « Les prisonniers perdent jusqu’à 30 kilos. Le jeûne forcé est planifié par des médecins et des nutritionnistes », affirme-t-il. Selon lui, les autorités carcérales ont même pratiqué des expérimentations médicales et laissé mourir des détenus par manque de soins, avec plus de 75 morts recensés officiellement, sans compter les disparus. « Si l’on voulait filmer ces scènes, le résultat dépasserait tout ce que le cinéma d’horreur peut produire », ajoute-t-il.

Les femmes et les mineurs ne sont pas épargnés. « On humilie, on déshabille, on menace de viol. Même des enfants de moins de 15 ans subissent ces violences comme si c’étaient des criminels », rapporte-t-il.

L’arme psychologique

Outre la torture physique, la stratégie israélienne vise à briser les prisonniers moralement. Interdiction des prières collectives, privation d’hygiène et de vêtements, isolement prolongé, privation de visites familiales et d’informations sur le monde extérieur : tout est pensé pour miner la volonté. « Des psychologues supervisent ce dispositif, dans l’espoir que l’ex-détenu, une fois libre, condamne sa propre lutte. Mais cela ne fonctionne pas. La conscience des prisonniers est plus forte que les barreaux », insiste Barghouthi.

Ben Gvir, la haine incarnée

L’entretien revient longuement sur l’irruption, filmée, du ministre israélien de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir dans la cellule de Marwan Barghouthi, autre figure emblématique de la lutte palestinienne. Pour Nâel Barghouthi, la scène est symptomatique. « Ce ministre est un homme haineux, obsédé par tout ce qui est palestinien, même ceux qui n’ont pas pris les armes. Ce qu’il a fait à Marwan est un message : ni les leaders du Fatah, ni l’Autorité palestinienne ne sont à l’abri de la torture. »

Selon lui, Ben Gvir a remplacé les rares surveillants respectant un minimum de légalité par des hommes proches des milices, appliquant une politique de « mafia d’État ». « Ils ne sont plus un gouvernement, mais une bande criminelle », tranche-t-il.

Une conscience intacte

Malgré les souffrances, le doyen des prisonniers affirme que la détermination reste inébranlable. « Pas une seule fois, le peuple palestinien derrière les barreaux n’a douté de la justesse de sa cause », assure-t-il. L’« opération Déluge d’al-Aqsa » du 7 octobre 2023 est perçue par les détenus comme un tournant : « Pour la première fois, la résistance détenait plus de 250 soldats et officiers israéliens. Cela a ouvert une perspective réelle de libération. »

La prison comme école de résistance

Pour Barghouthi, la « mouvement des prisonniers » constitue l’un des piliers de la lutte nationale. « Dans les geôles, nous avons construit une véritable organisation interne : structures administratives, culturelles, éducatives. Chaque grève de la faim, chaque mobilisation a fini par peser dans le rapport de force avec l’occupant », rappelle-t-il.

Aujourd’hui encore, il affirme que malgré l’extrême brutalité du régime carcéral israélien, « le moral reste celui de combattants. Ce que l’ennemi ne comprend pas, c’est que la prison a forgé un Palestinien encore plus attaché à sa cause ».

Un combat universel

Enfin, l’ancien détenu met en garde : « L’occupation ne vise pas seulement le peuple palestinien. Elle s’inscrit dans un projet impérialiste plus vaste, qui veut soumettre la région, de la Syrie à l’Iran, en passant par l’Égypte et la Turquie. » Dans ce contexte, dit-il, la résistance palestinienne n’est pas seulement nationale mais universelle : « Elle est le premier rempart contre ce projet, pour les Arabes, les musulmans et même pour l’humanité. »

L’entretien de Nâel Barghouthi révèle la brutalité d’un système carcéral qui cherche à anéantir les prisonniers palestiniens, mais met aussi en lumière une réalité que l’occupant n’a jamais pu briser : la conviction intime que leur lutte est juste et que la Palestine doit retrouver sa liberté.

Synthèse Djamal Guettala

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