22 novembre 2024
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Nekkaz appelle au dialogue et à la constitution d’un gouvernement de transition 

COMMENTAIRE

Nekkaz appelle au dialogue et à la constitution d’un gouvernement de transition 

C’est lors d’une conférence de presse « sauvage » comme il l’a qualifié, improvisée dans la rue, que Rachid Nekkaz lance un appel au dialogue. En effet, la conférence, initialement prévue  dans une salle à Rouiba (banlieue d’Alger), est empêchée par les éléments de la gendarmerie. 

Intervenant le même jour sur les plateaux de Radio M, dans l’émission Café Presse Politique (CPP) animé par Khaled Drarerni, Rachid Nekkaz expose sa proposition.

Il lance un appel au dialogue le 19 mars, fête de la victoire, pour alerter l’opinion publique et notamment celle du Hirak, afin de construire une plateforme juridique qu’il appelle le «Hirak juridique» constituée de femmes et d’hommes de loi, point de départ d’une discussion directe entre le Hirak, le chef de l’Etat et les représentants de l’Armée, en vue d’un transfert du pouvoir exécutif du chef de l’Etat vers un Gouvernement de transition de la République algérienne (GPTA par allusion au GPRA : Gouvernement Provisoire de la République algérienne) constitué également de juristes.

La mission de ce gouvernement, explique Rachid Nekkaz, s’étalera sur trois ans et demi, jusqu’en décembre 2024. Il devra s’atteler à bâtir des institutions solides qui garantissent les libertés publiques et privées. Il aura à  mettre en place une assemblée constituante et élaborer une nouvelle constitution. Dès que les conditions seront réunies, dès la fin 2024, les citoyens procéderont à l’élection de leurs représentants locaux, des députés et du Président le même jour, dit-il.

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Durant cette période ce gouvernement aura également pour charge de renégocier les contrats de gaz et de pétrole afin d’accroître les revenus en devises  d’environ 25% dans les cinq ans afin de subvenir aux besoins du pays et procéder à la relance de l’économie, ajoute-t-il.

Est-ce possible ? Il faut voir.

Précisant n’avoir pas abordé pour le moment les aspects juridiques avec les professionnels du droit, ou quelque autre parti que ce soit, en insistant sur le fait que cette initiative est personnelle, Rachid Nekkaz considère que nous sommes dans un «moment juridique et  non politique » et dès lors qu’il y aura la fondation d’un véritable Etat de droit, les politiques pourront présenter leurs programmes aux citoyens et le peuple algérien souverain choisira ses représentants.

Il est clair que l’idée de Nekkaz, est brute : elle devra être débattue, améliorée, mise au point, enrichie, obtenir un consensus etc… Il a réfléchi tout haut et lancé un appel à la réflexion !

Avec qui discuter ? Comment constituer un gouvernement de juristes, de technocrates de politiques ? … Ce sont des sujets à débats.  Mais il faut reconnaitre que devant le blocage provoqué par le déni de la réalité par le pouvoir d’une part et l’obstination du Hirak d’autre part, cette idée a le mérite d’avoir vu le jour et ne peut qu’inciter les différents acteurs à s’y attarder.

A peine cet appel lancé qu’il a provoqué l’ire de certains Youtubers et provoqué moult réactions des internautes. Certains lui ont dénié le droit de les représenter, d’autres l’ont qualifié de maillon faible ou crié à la trahison tandis que certains n’ont pas hésité à afficher leur scepticisme.

La nature prend le dessus : ego, leadership, ambitions personnelles prennent le pas sur l’intérêt général. 

Il est assez surprenant de s’apercevoir que ceux qui militent pour la démocratie, la liberté d’expression,  combattent l’autoritarisme et l’autocratie crient au blasphème et condamnent à chaque fois qu’une opinion différente de la leur est exprimée. 

Rachid Nekkaz, comme l’a si bien souligné notre confrère Kadi Ihsane présent sur le plateau, accepte de prendre la lourde responsabilité de promouvoir l’amorçage d’un dialogue entre le Hirak et le pouvoir.  Ce qui n’est pas à la portée de qui veut. Il rappelle, en outre,  que Nekkaz a souvent eu un coup d’avance, comme on dit aux échecs, sur la classe politique. Il est manifeste qu’on peine à débattre, à échanger dans la sérénité.

Passer d’un régime dit militaro-politique vers une démocratie n’est ni aisé ni rapide. Ce processus requiert du temps et de la patience. Ressasser à l’opinion publique que «récupérer  les clés des Tagarins» subitement, soudainement, tout à coup, maintenant tout de suite, n’est qu’utopie, naïveté politique. Dans le meilleur des cas, malhonnêteté et tartufferie dans l’autre.

De plus, si une telle situation venait à se présenter, une question cruciale se poserait : à qui remettre ce fameux trousseau de clés ? Point d’institutions, ni de classe politique représentative à l’heure actuelle. N’observe-t-on pas que depuis deux ans, la révolution populaire est traversée par des courants politiques, voire religieux, sans aucune feuille de route définie ?

Un autre aspect transparait dans cette proposition et rejoint sur un point celle de Mme Assoul : les législatives ne sont point à l’ordre du jour. Cependant depuis hier, le chef de l’Etat a battu en brèche cette idée. Il vient de fixer la date des législatives au 12 juin prochain.

C’est dire que la proposition de Mme Assoul et d’une grande partie de la révolution populaire va à l’encontre de la feuille de route du Président Tebboune qui ne cesse de recevoir les représentants des formations politiques dans une perspective électorale. Ce dernier a son agenda et il semble s’y tenir mordicus, quoi qu’en pense ou dise la rue…

Pendant ce temps la situation économique et sociale se détériore au fil des jours. L’économie est à l’arrêt. Le pays est dans un état intenable d’immobilisme.

Des centaines de milliers d’emplois ont été perdus. Des milliers d’entreprises ont cessé leurs activités. La commande publique s’est réduite comme une peau de chagrin. L’inflation a provoqué une flambée des prix de produits de première nécessité.

Le gouvernement est en dehors du coup. Les foyers peinent à subvenir aux plus élémentaires de leurs  besoins.  Telle est la triste réalité que peu de politiques évoquent.

Trouver une issue à cette crise devient très urgent. Toutes les pistes sont à considérer, même celle de M. Nekkaz !

Auteur
Djalal Larabi

 




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