7 mai 2024
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Pourquoi le classement de Forbes est fallacieux et propagandiste (I)  

TRIBUNE

Pourquoi le classement de Forbes est fallacieux et propagandiste (I)  

Il était tout à fait logique que la majorité des médias crédibles en Algérie n’a pas été emballée par le dernier classement du magazine Forbes que la crise sanitaire due à la Covid-19 les a contraint d’harceler les entreprises du Middle East and North Africa (MENA) pour figurer dans leur top des CEO’s 2021 bien entendu contre un paiement sous diverses formes.

Il n’y a pas que Forbes mais CEO Today, magazine pour « CEO Africa Awards 2020 » aussi.  Pour le magazine Forbes, il a tapé très fort dans cette zone très riche en pétrole cette fois-ci CEO’s 2021 mais en visant plutôt des entreprises « familiales » Pourquoi ? Parce que selon ce magazine «plusieurs grandes entreprises familiales choisissent désormais des PDG extérieurs à la famille. Et les PDG d’entreprises publiques comme DIFC ou Dubai Airports sont responsables et responsables de la croissance de leurs entreprises, qui ont un impact sur les économies et l’importance stratégique de leurs pays.»

Dans ce classement avec des critères que nous détaillerons plus loin les géants pétroliers du MENA sont apparus et ne pouvaient pas l’être autrement de part leur importance dans cette zone du monde  en première ligne dont L’Arabie Saoudite, Les Emirats arabes unis (EAU), le Koweït, le Qatar et ils ont collé l’Algérie en cinquième place pour des raisons qu’on expliquera plus loin aussi. Il faut dire que l’Agence Presse service (APS) a su quelques jours après cette publication lui donner la mesure appropriée par un tout petit paragraphe en anglais de toute évidence adressé aux investisseurs étrangers mais en aucun cas au public algérien.(01)

Quant au quotidien national e Soir d’Algérie » dans sa livraison d’aujourd’hui le 10 mars 2021, il s’est étalé un plus «le Président-directeur général de Sonatrach Toufik Hakkar vient d’être « cité » par la célèbre revue Forbes au Top 5 des meilleurs dirigeants d’entreprises de la zone Afrique du Nord-Moyen-Orient..» (02)

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Or, ce magazine n’a pas mis en première ligne ce qualificatif ni le CEO mais l’entreprise elle-même «pour reconnaître les PDG qui dirigent les plus grandes entreprises apportant des contributions majeures aux économies du Moyen-Orient, nous avons créé notre premier classement des meilleurs PDG du Moyen-Orient 2021. »

Les critères arrêtés sont : la taille de l’entreprise qu’ils dirigent en termes de revenus, d’actifs et d’employés, l’impact du PDG et de l’entreprise sur leur industrie, leur communauté et leur pays,  la  croissance de l’entreprise et réalisations du PDG au cours de la dernière année, l’expérience du PDG dans son rôle actuel ainsi que son expérience globale, les réalisations personnelles du PDG, y compris les mandats d’administration et les initiatives sociales, honneurs et récompenses des gouvernements et des associations reconnues. Malheureusement, que ce soit pour le premier du top de classement ou  celui du cinquième, la situation n’est pas du tout réjouissante pour plusieurs raisons. 

1- Pour le royaume de l’Arabie saoudite

Depuis déjà la crise pétrolière avec son échec de vouloir s’attaquer aux producteurs de gaz de schiste et les revers qu’elle a essuyé  dans cette démarche, les études ont montrés que inonder le marché de brut n’arrangeait pas le déficit de soin budget et pensait déjà à la réduction de l’offre pour le soutien des prix du baril comme solution appropriée. Son comportement de 2019 de se venger sur la Russie qui refusait toute réduction était aussi plus passionnelle que réfléchie de l’aveu même du frère du jeune prince MBS lorsqu’il a pris le poste de ministre de l’énergie.

Dans une note émanant de  l’ambassade de France à Ryad  datée  du 08 juin 2020 (03), on annonçait  déjà un déficit du royaume wahhabite pour 2020 à deux chiffres. Il faut dire d’emblé, souligne cette note que le royaume de l’Arabie Saoudite contribue à plus de 50% au Produit Intérieur Brut (PIB) cumulé des pays limitrophes du Conseil de Coopération des Etats arabes du Golfe (CCEAG). Avec un PIB qui avoisine les 782 milliards de dollars en 2019, l’Arabie Saoudite est classée comme première économie du Moyen Orient et la 18e mondial.

Cependant, rappelle cette note, le royaume détient cette richesse principalement de son pétrole évaluée à 18% des réserves mondiales. Elle est aussi le premier exportateur et le second producteur de l’or noir dans le monde. Le secteur pétrolier, représente en Arabie Saoudite 31% du PIB et plus de 80% des recettes des exportations. La descente en enfer a commencé bien avant le Covid-19 puisque la croissance économique à fin 2019 n’était pas réjouissante avec +0,3% alors qu’elle a terminé l’année 2018 avec +2,4%.

En 2019, le PIB du secteur pétrolier a reculé à -3,6% contre +3,3% pour celui hors hydrocarbures. L’année 2020 qui a débuté dès mars avec une très forte réduction des prix du baril d’abord par une contraction de la demande plombée par la crise sanitaire ensuite accentuée à travers la fameuse  guerre des prix enclenchée par le royaume wahhabite contre la Russie qui encore une fois avait refusé une réduction de l’offre de pétrole sur le marché.

Dans ses perspectives économiques mondiales actualisées début juin 2020, la banque mondiale prévoyait pour l’Arabie Saoudite, une récession de – 3,8% et une prévision de rebond pour 2021 de +2,5. Rappelons que la prévision du Fonds monétaire International (FMI) de deux mois avant était moins  sévère à  – 2,4%  pour l’année 2020. Dans le cadre des mesures préventives pour contrecarrer  les méfaits  du Covid-19 sur l’économie saoudienne, ce pays a dégagé 48 milliards de dollars pour la stabilisation du système financier, assurer la finances des petites et moyennes entreprises en difficultés et surtout à protéger la liquidités des entreprises à cause des méventes et l’absence de plans de charge en général.

Elle a pris en plus des mesures de restrictions budgétaires et ceci est inédit dans le royaume qui a toujours veiller au partage d’une partie même si certains analystes l’appellent « miettes » de la rente pour la partager aux citoyens apaiser leur colère et réguler le climat social surtout ces dernières années durant lesquelles les contestations n’ont pas pu être parfois maitrisées. Ces dernières touchent de plein fouet la poche des citoyens : une réduction de plus de 10% des dépenses prévues dans le budget soit près de 27 milliards de dollars, triplement de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) qui est passée depuis le premier juillet dernier de 5 à 15% faisant flamber les prix.

Elle a aussi supprimé depuis le premier juin l’allocation habituelle du coût de la vie évaluée à 267 milliards de dollars et qui est versé aux 1,5 millions de fonctionnaires. Sans compter d’autres mesures de nature douanière mais restent tout de même à caractère inflationniste. Voilà donc pourquoi la liquidation du stock du brut dont elle dispose actuellement pour satisfaire toute demande supplémentaire ou complémentaire de ses clients ne l’aidera nullement à réduire le déficit budgétaire pour 2020 attendu à près  de 113 milliards de dollars.

2- Pour l’Algérie, ce classement est humiliant même 

Premièrement, ce magazine s’est planté sur l’année de prise de fonction de Tawfiq Hakkar qui n’a pas travaillé un jour en 2019 car il a  été nommé en février 2020. Or, tous les indicateurs sont arrêtés à fin 2019 avec effectivement 33 milliards de recettes alors que la période 2020 s’est terminée avec des recettes encore discutables de 20 milliards de dollars, soit l’année la plus mauvaise qu’a connu Sonatrach depuis le contre-choc pétrolier mi-1980. 

Si on considère l’Irak et la Libye comme perturbés par la guerre qui se déroule chez eux, notre classement devient le dernier des pays producteurs de pétrole de la zone MENA ce qui ne donne pas matière à s’enorgueillir mais plutôt tenter d’en faire mieux aurait été la solution la plus approprié pour les Algériens ; et peu importe ce que pensent les autres.

Il est fort probable que l’année 2021 qui a appâté le magazine et qui n’arrête pas de le répéter sur les 40 milliards de dollars d’investissements, débutera cette année de référence pour ce magazine par un endettement qui avoisine les 2 milliards de dollars pour financer une quinzaine de projets structurants en amont et qui n’ont pu être réalisés en 2020  en dépit de leur importance vitale  pour le maintien de la production.

Quant à la croissance comme indicateur de poids dans ce classement, la dernière analyse de conjoncture de l’Office national des statistiques (ONS) relève une réduction d’activité du secteur des hydrocarbures au premier trimestre 2020 de près de 13,4% lorsque la crise sanitaire n’avait pas encore une ampleur généralisée en Algérie, on peut légitimement s’interroger sur celle des trois trimestres d’après  ? Il faut souligner aussi une autre raison de ce non-emballement de ce classement du moins pour l’Algérie car une année après l’installation d’Abdelmoumen Ould Kaddour, le magazine Jeune Afrique le classe parmi les 50 Africains les plus influents, aujourd’hui l’Algérie a lancé un mandat d’arrêt international pour le dossier de l’achat d’une raffinerie sicilienne douteux. Donc autant continuer à garder son sang-froid et ne pas s’emballer avec classements intentionnels à but lucratifs. A suivre                                  

Rabah Reghis

Renvois

(01)-https://www.aps.dz/en/economy/38378-sonatrach-hekkar-ranks-fifth-best-chief-executive-officer-in-middle-east

(02)-https://www.lesoirdalgerie.com/periscoop/toufik-hakkar-au-top-5-de-la-revue-forbes-57592

(03)-https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2020/06/08/impact-du-covid-19-sur-l-economie-saoudienne

(04)-https://www.jeuneafrique.com/mag/553606/economie/les-50-africains-les-plus-influents-27-abdelmoumen-ould-kaddour/?fbclid=IwAR1dg6NCUlfSSeR56yJYx-9_jQ0MHw1waWOQX6I-qYNIJJmWKFdk82EVLUw

 

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