Au Nigeria, 18 figures de la société civile ont publié ce 27 avril 2025 une lettre ouverte accusant le chef de l’État de vouloir instaurer « un parti unique ». En cause, des ralliements à l’All Progressives Congress (APC), au pouvoir, que les signataires lient à « la peur et des pressions » qu’exercerait le pouvoir pour forcer sénateurs, gouverneurs et députés de l’opposition à rejoindre le parti majoritaire.

Au Nigeria, inquiétudes après une vague de défections au sein du principal parti d’opposition nigérian, le Parti démocratique populaire (PDP). Le gouverneur de l’État de Delta, dans le sud du pays, vient d’abandonner son parti pour rejoindre l’APC, le parti majoritaire au pouvoir. La région voisine de Rivers est déjà contrôlée par un administrateur nommé par Abuja, depuis que le président Bola Tinubu y a décrété l’état d’urgence. Ce 27 avril 2025, 18 figures de la société civile ont publié une lettre ouverte accusant le chef de l’État de vouloir instaurer « un parti unique ».

Ils sont sénateurs, professeurs ou directeurs d’ONG : tous se disent « démocrates » et tous disent « assister avec inquiétudes à une entreprise systématique et calculée […] pour démanteler la démocratie » et faire du Nigeria « un État dirigé par un parti unique ».

Cette tribune a rencontré un certain écho au Nigeria et un porte-parole de la présidence leur a répondu dans un long communiqué. « La démocratie est forte et vivante. Ignorez les alarmistes », affirme ce conseiller de Bola Tinubu, qui dément toutes les accusations de « corruption, chantage et manipulations des institutions » pour faire plier l’opposition.

Le communiqué de la présidence estime que si autant de figures du PDP ont choisi de rejoindre l’APC, c’est tout simplement que ces personnes ont été « convaincues » par les réformes entreprises par le chef de l’État.

« Érosion du pluralisme »

Dans leur lettre ouverte, ils accusent le président Bola Tinubu d’utiliser « la peur et les pressions » pour forcer sénateurs, gouverneurs et députés de l’opposition à rejoindre le parti majoritaire. « Le schéma est clair », écrivent les signataires de cette tribune. « Une invitation des services anti-corruption […] suffit généralement à entrainer une capitulation politique », avec pour conséquence une « érosion du pluralisme » politique, assurent-ils.

Depuis son élection en 2023, Bola Tinubu est parvenu à retourner complètement le jeu politique local en reprenant peu à peu le contrôle d’Edo, de Rivers et de Delta, trois États du sud pétrolier. On savait le président retord et fin stratège. Mais le ralliement du gouverneur de l’État de Delta au parti majoritaire a stupéfait les Nigérians.

Le chef de l’État est non seulement parvenu à convaincre les leaders politiques de la région de quitter l’opposition pour rejoindre son parti, mais il a aussi obtenu le soutien de Oweizidei Thomas Ekpemupolo dit « Tompolo », l’ancien chef du Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger (Mend). Cet ex-chef de guerre, toujours très influent, s’est même dit favorable à une réélection de Bola Tinubu en 2027.

Cette victoire politique, le chef de l’État la doit en partie aux divisions du PDP. Lors de la présidentielle de 2023, la candidature de son chef historique, Atiku Abubakar, avait été très contestée en interne, notamment par certains gouverneurs du sud du Nigeria, qui estimaient que c’était l’un des leurs, et non pas un candidat originaire du nord du pays, qui devait se présenter.

Bola Tinubu a pu jouer sur ces divisions pour s’allier avec certains membres du PDP, ce qui lui a permis de reprendre progressivement la main dans les États d’Edo et de Delta. Dans celui de River, le président est passé en force en décrétant l’état d’urgence et en suspendant tous les élus locaux, au motif de ramener la stabilité politique dans la région.

Rfi

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