Samedi 23 décembre 2017
Noël Favrelière, mort d’un « Juste d’Algérie »
Sous-officier parachutiste de l’armée française, il déserta en 1956 pour rejoindre l’Armée de libération nationale.
Il a été condamné à mort deux fois pour avoir refusé de se battre à 22 ans et pour s’être enfui avec un prisonnier algérien : Noël Favrelière est décédé le 11 novembre à 83 ans, a annoncé sa famille mardi 19 décembre.
Né en 1934 à La Rochelle, profondément marqué par l’occupation allemande pendant la seconde guerre mondiale, il effectue son service militaire en Algérie avant le soulèvement du 1er Novembre 1954. Rappelé en 1956, comme des dizaines de milliers de jeunes Français, Noël retourne en Algérie, où il est témoin d’exactions, notamment celle d’une fillette. La guerre atteint des sommets de violences : bombardement de villages, tueries, tortures…
Choqué par le sort réservé aux Algériens, il écrira dans son livre Le Désert à l’aube (Editions de Minuit), réédité en 2000 : « Si j’étais Algérien, je serai fellagha. » Dans ce livre, l’ancien sous-officier parachutiste raconte son refus de laisser un prisonnier du FLN emmené à une « corvée de bois » (exécution) et sa fuite avec lui dans le désert.
Condamné deux fois à mort par contumace
Noël Favrelière se cache alors pendant dix mois et rejoint l’Armée de libération nationale (ALN), la branche militaire du FLN. Condamné deux fois à mort par contumace, il revient en France en 1966 à la suite d’un non-lieu, puis travaille comme attaché culturel du ministère des affaires étrangères à l’étranger.
En 2000, lorsque les généraux Massu et Aussaresses reconnaissent le recours à la torture pendant la guerre d’Algérie, Noël Favrelière signe avec onze autres « grands témoins » un appel, dans L’Humanité, à la condamnation de cette pratique pendant le conflit.
Son livre Le Désert à l’aube a servi de base au scénario du film Avoir vingt ans dans les Aurès (1972), de René Vautier. Noël Favrelière fait partie des « Justes d’Algérie » qui ont soutenu la lutte des Algériens pour l’indépendance.