25 avril 2024
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Non M. Lamamra, le Droit du moment ne permet pas la violation de la constitution

POLEMIQUE

Non M. Lamamra, le Droit du moment ne permet pas la violation de la constitution

« On découvre l’erreur dans l’adversité… et on recourt alors aux oubliés des temps de paix’ »(Machiavel).

Le vice-Premier ministre Ramtane Lamamra, pour justifier toutes les décisions anticonstitutionnelles depuis le 22 février ‘’convoque’’ le Droit du moment. Pour quelqu’un qui est membre d’un gouvernement qui se veut légitime et légaliste, il faut rappeler que le Droit est le fruit de la loi. Si on prend une décision qui ne repose sur aucune loi, ça s’appelle une violation de la constitution.

A moins que le pays soit en révolution ou en guerre. A ce que l’on sache nous ne sommes ni en guerre ni en révolution qui justifierait une suppression ou une suspension de la constitution actuelle. Alors monsieur le ministre, point de langue de bois pour ne pas dire de mensonge quand bien même vous l’habillez de mots lisses qui sied à la politesse de la diplomatie. Monsieur le vice-premier devenu après l’orage printanier et populaire, abandonnez le langage diplomatique quand vous vous adressez à votre peuple. Parlez-lui de cette règle d’or de la noble politique enseignée par le Prince Machiavel. On ne répare pas des erreurs répétées à l’infini avec l’assurance de l’arrogance et de l’épée. Et quand on est acculé, on fait les yeux doux à ces oubliés des temps de paix jadis méprisés et réprimés. Quatre siècles plus tard, un autre Machiavel des Temps modernes poursuit la réflexion sur l’erreur politique.

C’est Lénine qui paraphrase et approfondit la maxime ‘’l’erreur est humaine’’. Certes avait-il écrit, mais l’intelligence consiste à ne pas répéter une erreur car on creuse alors le fossé de la tragédie. Voilà donc deux Princes de la haute politique qu’on devrait étudier à l’Ecole nationale d’administration (ENA) d’où vous sortez ainsi que Messieurs Ouyahia et Bedoui. C’est la vérité qu’il faut dire en ces temps de révolte enthousiasmants. Les petites ruses dont on a usé et abusé le système, ont perdu de leur efficience. Depuis longtemps, elles glissent sur la carapace d’acier du peuple, carapace qui a pour double nom, souveraineté inaliénable et droit à la démocratie.

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En écoutant le trio dont vous faites partie et chargé de gérer la transition, je n’ai pas retenu vos propos fleuris de bonnes intentions. Elles ne font pas oublier le lieu d’où le trio parle (hommes importants et chéris du système). Vos propos sont inaudibles depuis la conquête de l’espace politique par le peuple. Pour le dire autrement, ces propos n’ont aucune prise sur les contradictions qui meuvent la société.

En revanche, j’y ai vu derrière le statut du trio, un message symbolique véhiculé par deux grands diplomates et un ministre de l’intérieur. Une nomination de diplomates pour ‘’rassurer’’ les chancelleries. Mais des diplomates pour ‘’négocier’’ avec leur peuple, erreur de casting ! Car un diplomate négocie avec des pays étrangers. Son devoir et son habilité consistent à obtenir le maximum d’un partenaire sans étaler ses faiblesses ni l’arrogance de sa puissance. Voilà pour la carotte. Quant au premier ministre ex-ministre de l’Intérieur, le message est clair, on ne se refait pas du jour au lendemain. Le ministre de la police tenant le bâton de l’ordre est là pour refroidir les têtes brûlées.

Ainsi se cuisine la chakhchoukha de chez nous, ainsi s’exprime la psychologie d’un système épuisé. Arrêtons-nous sur ce système qui a cru ‘’posséder’’ ce peuple. Par mépris ou par ignorance, il l’a rangé dans la catégorie de ‘’ghachi’’ alors qu’il est chatouilleux de sa dignité et fier de son histoire.

Un peuple qui en a soupé de la misère sociale et affective mais aussi du charlatanisme élevé au stade suprême de la culture !!! Et voilà aujourd’hui que ce système court derrière ce peuple. Et le temps perdu non seulement ne s’attrape pas mais fait payer cher la facture à celui qui veut rivaliser avec lui. Le renoncement au 5e mandat est la première mensualité d’une partie de la dette. Et le soir même de ce renoncement, en pleine nuit, le peuple envoie un autre message, « votre promesse du jour cache comme toujours une ruse ouvrant la porte à une hibernation dans la morne saison alors que nous exigeons l’éclat de la lumière et des couleurs du printemps ».

Le système ne s’avoue pas vaincu, il tente une autre ruse. Attirer ‘’les oubliés de toujours’’ sur un champ de bataille qu’il choisit et dont les nécessaires mouvements manœuvriers seraient aux mains d’un fidèle trio. Il a oublié que le temps est un facteur décisif dans toute confrontation. Plus celle-ci perdure, plus les tenants du trône se fatiguent. Et a l’inverse, plus la contestation et la révolte s’amplifient du côté de ceux qui veulent respirer. Ce mouvement balancier que l’on constate depuis le 22 février est régulé par le temps qui s’impose aux protagonistes.

L’un courant et se démenant sous la contrainte d’un échéancier électoral. En face de lui, le bon vieux peuple, lui acquis à la vertu de la patience, celle de ceux qui laissent des traces dans l’Histoire. Comme l’image de Djamila Bouhired au milieu de la belle jeunesse dans les rues d’Algérie, capital Alger (1).

Ali Akika. Cinéaste.

(1)Poème émouvant de Anna Gréki née Collette Grégoire à Batna en 1931. Elle fut arrêtée en 1957 et torturée dans la sinistre villa Susini par les ‘’courageux’’ parachutistes de la bataille d’Alger. Elle meurt à Alger en 1966

Auteur
Ali Akika, cinéaste

 




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