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Non M. Mokri, Kamel Daoud ne sera pas votre tête de turc !

M. Mokri lance une « fatwa politique » contre Kamel Daoud

Non M. Mokri, Kamel Daoud ne sera pas votre tête de turc !

Abderrazak Mokri, en digne héritier d’Al Banna et de Nahnah, se pavane, confus, entre la doctrine modérée des scieurs de poteaux et celle, plus radicale, des canons sciés.

M. Mokri dégaine, et veut nous imposer sa vision factice de l’islam. Il s’en est pris violemment à Kamel Daoud, parce que celui-ci a signifié à Erdogan, un islamiste doublé d’un dictateur, qu’il n’était qu’un « islamiste doublé d’un dictateur » et n’était, de ce fait, « pas le bienvenu en Algérie ».

Pas sûr, d’ailleurs, que M. Mokri ait saisi grand-chose au Zabor de Daoud, l’ignorance marchant souvent au pas avec l’aliénation, et empêchant certains cerveaux de comprendre le sens, ne serait-ce que d’un petit article. 

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Bref… Le chef des « Frères musulmans algériens », dont la bannière est un appel franc au djihad, traite Kamel Daoud de « Mamsoukh », l’accuse de traîtrise, de collaborationnisme avec le colonisateur, et dit qu’il « s’attaque à l’Islam et aux musulmans », et lance par là même une fatwa hijabisée qui risque de proliférer comme de la vermine, sous les barbes touffues des islamistes.

Mais est-ce vraiment surprenant, venant d’un disciple d’Al Banna, dont l’étendard incite et prépare à la mort ? 

Au fait, cette confrérie ne défend ni un pays, ni le frère du sang, ni la vie. Seulement un dieu violent, les frères des idéaux mortifères, et une éternelle guerre sainte. 

Ils l’ont souvent démontré, les « frères » à Mokri, que la confrérie passe avant la vraie fratrie,  le père spirituel devant le père biologique et l’Oumma avant la mère patrie. 

Chez ces gens-là, il y a les bons et les mauvais musulmans. Leurs émois sont sélectifs. Tout est noir ou blanc. Ils sont binaires. Manichéens. Il n’y pas longtemps, Mokri hurlait, sur sa page Facebook, sa colère de voir écrouer le présumé violeur, Tariq Ramadan, alors qu’en Algérie, il y a matière à s’égosiller. Il écrivait, sans attendre le verdict de la justice française, que « Tariq Ramadan homme digne et respectable, est lésé dans son droit de présomption d’innocence. Qu’il est emprisonné, alors que des politiciens véritablement violeurs sont libres et protégés », oubliant qu’en Algérie, de nombreux concitoyens moisissent en détention provisoire, sans que cela ne le fasse sourciller.

Mais, après tout, fallait-il attendre autre chose d’un islamiste que de pratiquer ce qu’il sait faire le mieux, c’est-à-dire l’invective et la menace. Il est dans son rôle, et l’on ne peut malheureusement faire d’un corbeau un rossignol qui gazouille. Par contre, on peut essayer de les éloigner, les oiseaux de malheur, qui ravagent les récoltes ou annoncent les famines. 
 
Tu ne marcheras jamais seul

Mais sachez, M. Mokri, que celui que vous attaquez, ne marchera pas seul. Pas cette fois-ci. Celui qui vous a fait bondir de la bergerie, qui vous démasque et oblige à hurler de douleur, pour votre chef de meute Erdogan, ne fera pas ventre dans vos obscures casemates.

Non M. Mokri, il ne sera pas votre dindon de la farce, ni votre tête de Turc. Vous ne lancerez pas votre Fatwa à fragmentation sur un compatriote, sans nous passer d’abord sur le corps. La douleur des années noires est encore trop vivace pour que l’on accepte de vous le livrer sans combattre. 

Sachez que vous ne représentez rien pour nous, excepté peut-être, le souvenir rêche d’un temps macabre, aussi sinistre que vos idéologies assassines, aussi sanglant que le sang caillé de ces femmes et enfants qui se demandent encore pourquoi ils furent étripés.

Vous n’êtes pas nous, vous ne pouvez l’être et ne le serez jamais. « Vous avez votre religion et nous avons la nôtre ». Vous ne parlez pas en notre nom, et vous n’avez pas le monopole de la foi. 
 
Tout nous oppose: vous défendez l’Oumma, on défend un concitoyen, un intellectuel, une voix libre. Vous protégez une bannière à sabre qui écroue un livre saint, nous on le libère avec d’autres livres, auteurs, et pensées magiques. Vous déployez vos obscurités, nous entretenons nos flammes. 

Nous ne nous tairons plus : nous, qui aimons un pays, pas un califat, qui vénérons un drapeau, pas un Sultan, qui défendons une terre et pas un espace virtuel fait de dogmes et d’apôtres assassins. Votre doctrine mortifère nous a tant coûté en étoiles, les monstres avant vous les ont traquées, arrachées, fauchées et décrochées de notre ciel dépecé.

Nous ne nous tairons plus, vous nous avez tant enterrés : pour une parole, un poème, une pièce de théâtre, ou une chanson. Nous ne baisserons plus les yeux, vous n’égorgerez plus nos verbes, et notre sang ne vous servira plus d’encre pour écrire d’autres listes à tuer.

Liberté de la presse : un éternel combat à gagner contre l’islamisme et contre l’oubli 

« Si tu parles, tu meurs. Si tu te tais, tu meurs. Alors, dis et meurs. », nous expliquait Tahar Djaout, quelque temps avant son lâche assassinat. Ses paroles, résonnent encore dans nos têtes comme un hymne au courage, un perpétuel avertissement. Les attaques de Mokri contre Kamel Daoud, nous rappellent toujours à notre devoir de soutien sans réserve à un confrère au courage qui n’est plus à démontrer.  

Omar Belhouchet, directeur d’El Watan, qui fut lui-même la cible des terroristes, expliquait que les attentats qui visaient les journalistes avaient «… commencé par une fatwa par un soi-disant imam en décembre 90, qui a décrété que les journalistes devaient être tués ». « Elle a été relayée par beaucoup de mosquées d’Algérie, qui, à l’époque, étaient gérées par le FIS ; c’était un signal politique, on considérait que la presse était contre les islamistes. » , racontait-il dans un débat télévisé de l’époque.

Feu Rachid Mimouni expliquait, pour sa part, que les terroristes islamistes, voulaient éradiquer l’intelligentsia du pays, que leur projet était de le vider de sa matière grise. « C’est la première fois dans l’histoire qu’on voit un mouvement terroriste se proposer d’éradiquer toute l’intelligentsia d’un pays, comme s’il s’agissait d’une mauvaise herbe ou d’une maladie. Le projet consiste à décerveler le pays. » , soutenait-il. 

Hassan Zerrouky, journaliste au Matin, qui a vécu la terreur de l’islamisme, se souvient que, malgré tout, le courage et la solidarité entre journalistes ont été salutaires. « Chaque enterrement se transformait en manifestation contre le terrorisme islamiste, comme ce fut le cas pour Tahar Djaout (Ruptures), Said Mekbel (Le Matin), Abderahmani (El Moudjahid), Rachida Hamadi (TV), Naima Hamouda (Le Matin, 28 ans)… », témoignait-il.

C’est, forts de nos martyrs et de nos convictions, que nous vous disons que nous n’encaisserons pas vos sournoises menaces en silence, M. Mokri. À cause de vos semblables, l’Algérie a reculé de mille ans. Elle a été lobotomisée, saignée, tribalisée, talibanisée, clochardisée, larbinisée.

À cause de vos idéaux des milliers d’Algériens ont été tués, exilés, gâchés, perdus et dévorés. Et c’est pour cela que l’on vous dit que vous ne nous faites pas peur, que l’on protégera nos espoirs, comme vous continuez à défendre vos démons.

Un Kamel en cache un autre

Kamel, ce prénom doit vous faire frémir, comme tremblaient les sultans d’antan devant le nom d’Atatürk. Il vous rappelle de mauvais souvenirs et votre indigence intellectuelle. Il vous donne la nausée, vous retourne les tripes. C’est le souvenir d’une défaite encore indigeste. D’une offense historique indélébile. 

Notre Kamel vous rappelle un autre Kemal, un autre laïc, un esprit trop libre et trop grand pour vos étroites entreprises. Ses arguments vous incommodent, vous mettent face à vos insuffisances, car loin du populisme dont vous êtes passé maître, ils font dans l’interpellation et l’éveil des consciences. Celles qui vous rejetteront à la première lueur de la raison.

Et c’est à cause de votre impuissance à lui répondre par les arguments que vous l’insultez en vous excusant auprès de votre Calife. Et l’histoire marquera, qu’au nom de cette confrérie funeste, vous vous êtes acharné contre un compatriote. 

Qui est donc le traître et qui est le collabo ? Celui qui défend un territoire ou celui qui le livre à une idéologie qui a fait 200 000 morts. Celui qui rêve « d’une nation forte, libre, puissante, médiane et heureuse de ses racines et de ses récoltes. », ou celui qui ne rêve que de mourir pour sa doctrine ? Qui est « Mamsoukh » (changé en cochon et en singe dans le Coran) et qui est né monstre ? Celui qui a « besoin d’amis et d’alliés aux mains qui ne soient pas tachées de sang », ou celui qui souhaite la bienvenue à un tyran ? Dans quel monde nous vivons ? Dans quel pays ?

Auteur
Hebib Khalil

 




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