25 avril 2024
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Notre situation se complique

Analyse

Notre situation se complique

Au fur et à mesure que le temps passe, le régime tente de déplacer l’enjeu politique du Hirak sur un terrain périphérique qui n’a rien à voir avec l’enjeu central relatif au changement du système. Misant sur l’essoufflement du mouvement citoyen, il joue sur le facteur temps. Dans les petits calculs des décideurs, le peuple ne tiendra pas aussi longtemps et les divisions internes finiront par le détourner de son objectif. Toujours est-il vrai que l’absence de plate-forme de revendications commune brouille toute idée de consensus et fait planer le doute sur l’efficacité de la démarche de dissidence citoyenne sur le long terme. Ayant à son actif un capital non négligeable d’expériences en sabotage psychologique des mouvements démocratiques, le régime en place est sûr d’avoir le dernier mot à la fin, quoique le contexte actuel lui soit très difficile à contrôler. 

L’opération ‘mains propres’ lancée par l’État-major, en appui à un appareil de justice fragile, participe, sans l’ombre d’un doute, de cette tentative de réappropriation de la confiance du citoyen. Or, si ce dernier avait vu au départ dans l’incarcération d’anciens dirigeants corrompus, l’accomplissement d’une certaine justice, il n’en reste pas moins déçu de la suite réservée au cahier de charges qu’il a proposé : le nettoyage de la maison, comprendre le départ du système au grand complet. Malheureusement, notre crise rendue complexe par l’ossature institutionnelle, complètement défaite du pays, donne indirectement les pleins pouvoirs à la grande muette, au demeurant la seule institution qui reste debout, en Algérie, au lendemain de vingt ans de saccage systématique de toute culture d’Etat par le clan Bouteflika. 

Devenue la grande parlante après la chute de ce dernier, elle s’impose, maintenant, sur l’échiquier sans demander l’avis de personne. Avec qui négocier dans ce cas-là et comment ? Dilemme ! Perturbée, la communication officielle semble rythmée par les discours hebdomadaires de Gaïd Salah, transformé en chef d’orchestre d’un exécutif qui bat de l’aile, à cause de son impopularité et de son illégitimité. D’ores et déjà, une évidence se dessine à l’horizon : tant que le pouvoir continue à tergiverser et à ignorer le cri de la base populaire, la crise se compliquera et deviendra insolvable. Il va de soi que gérer une telle situation dans un contexte économique, pas du tout reluisant, est une gageure trop lourde à relever, aussi bien pour les Algériens que pour ceux qui tentent de lui servir de tutelle. 

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Kamal Guerroua

Auteur
Kamal Guerroua

 




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