22 novembre 2024
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« On m’a coupé la publicité pour me punir pour mes positions politiques »

Hadda Hazem (directrice d’El Fajr)

« On m’a coupé la publicité pour me punir pour mes positions politiques »

Hadda Hazem, directrice et fondatrice d’El Fajr, entamera dès demain lundi une grève de la faim pour sauver son journal. C’est la première fois dans l’histoire de la presse indépendante qu’une responsable de journal en arrive à cette action pour préserver les emplois de ses salariés. C’est une femme déterminée qui s’apprête à mener un combat inédit pour sauver son entreprise et faire accepter les règles commerciales pour le marché publicitaire. Car comme il est rappelé si justement par la directrice d’El Fajr, les dés sont pipés en la matière. Et en filigrane, Hadda Hazem va mener en réalité le combat de toute cette presse qui souffre du contrôle vertical de la manne publicitaire par une seule agence (l’ANEP) dont le seul objectif est de répondre à l’agenda et au desiderata du pouvoir.

Le Matin d’Algérie : Vous entamez lundi une grève de la faim comme ultime moyen pour vous faire entendre.

Hadda Hazem : J’aurais aimé que les appels soient entendus. Car je ne suis pas suicidaire, je veux sauver El Fajr, je veux que les pressions que nous subissons cessent. On m’a coupé la publicité pour me punir suite à une déclaration que j’ai faite sur France 24 où j’ai demandé où se trouvait le centre du pouvoir en Algérie. Depuis rien, plus aucun annonceur ne veut mettre sa pub chez nous. Déjà en 2004, on m’a coupé aussi l’accès à la pub de l’ANEP pour mes positions politiques, mais à l’époque il n’y avait encore des entreprises privées qui nous proposaient leur pub, mais maintenant même celles-là ne le font plus par prudence. Quand on démarche une entreprise, elle nous pose la question sur nos relations avec l’ANEP, et dès qu’on répond qu’elles sont mauvaises on refuse de nous fournir de la pub. Les entreprises ont peur de déplaire au pouvoir.

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Où en est El Fajr ?

Le journal a une soixantaine de salariés. Nous avons dû faire de drastiques économies pour tenir. Vu qu’on n’a plus de publicité, on a fait le choix douloureux de limiter le tirage à 5000 exemplaires, alors qu’on était à 30 000 il y a quelque temps. On nous a asphyxié parce qu’on dit ce que nous pensons.

Le marché de la publicité demeure un levier de pression sur les journaux qui ne rentrent pas dans les rangs.

Oui, il y a des journaux qui reçoivent de la pub alors qu’ils ne font pas un véritable travail d’information. Grand bien leur fasse. Contrairement à nous. Nous réclamons simplement l’ouverture du marché de la publicité, que les autorités lèvent la main mise sur la manne publicitaire et laissent aux annonceurs la liberté de choisir là où ils veulent passer leur publicité, à ce moment-là si El Fajr ne tient pas j’accepterai le verdict du marché. Mais là ce n’est pas le cas. J’ai créé mon journal parce que je crois à la nécessité d’informer nos concitoyens. Je crois à la liberté d’entreprendre et de donner l’information.

Il y a quelques mois Ouyahia a déclaré que celui qui veut faire une grève de la faim qu’il le fasse. Pour autant vous allez mener une grève de la faim.

Oui je mènerai au siège de mon journal une grève de la faim. Pour ce qui est d’Ahmed Ouyahia, il ne dit que ce qu’on lui demande de dire, il n’a pas d’épaisseur politique. Rappelons-nous. Il a dénoncé le terrorisme du temps de Liamine Zeroual et maintenant il s’assoit avec Madani Mezrag.

Avez-vous reçu le soutien du reste de la presse ?

Oui, j’ai le soutien de nombreux titres de la presse qui se trouvent aussi dans une situation délicate avec la distribution clientéliste de la publicité. Nous ne réclamons qu’une chose : que des règles commerciales transparents soient appliquées pour le marché publicitaire.

Auteur
Hamid Arab

 




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